Le baseball est voué à l'échec sur la côte ouest de la Floride.

Bien sûr, cette région aura toujours des camps d'entraînement, sans oublier de superbes plages et des spéciaux pour les lève-tôt. Mais les Rays de Tampa Bay deviendront les Expos de Montréal 2.0 dans un avenir pas si lointain.

Si jamais ça ne devait pas fonctionner, la MLB pourrait aussi compter sur Portland, Charlotte et Nashville, voire même Las Vegas, la ville du péché autrefois honnie par toutes les ligues qui veulent maintenant s'y installer.

Les Rays sont officiellement devenus un canard boiteux quand le Baseball majeur a indiqué qu'IL permettait au club d'explorer la possibilité de partager son calendrier avec Montréal. Un développement détonnant, mais pas tellement surprenant qui se veut assurément le précurseur au déménagement de cette concession qui éprouve des ennuis depuis longtemps.

Il reste encore beaucoup de travail à faire par contre.

Un bail embêtant au Tropicana Field jusqu'en 2027. L'absence d'un nouveau stade à Montréal. Sans parler du problème plus immédiat que représenterait le fait de jouer des matchs locaux dans deux villes séparées par plus de 2440 km. Une chose est certaine: il n'y aura plus d'équipe dans la région de Tampa Bay dans 10 ans. Et tout porte à croire que ce sera bien avant cela.

Au nord de la frontière, où les Expos ont évolué de 1969 à 2004 avant de devenir les Nationals de Washington, on a été étourdi par cette nouvelle. Montréal compte toujours sur une base de partisans dévoués et mérite un meilleur sort cette fois-ci. Une nouvelle version des Expos aura une bonne chance de connaître du succès à long terme, dans les bonnes circonstances. Notamment des propriétaires aux poches profondes et un nouveau stade.

Ces deux prérequis sont sur le point d'être réglés.

Stephen Bronfman, le fils du propriétaire original des Expos, Charles Bronfman, est le fer-de-lance d'un groupe désireux de ramener le baseball à Montréal. Il semble qu'il soit suffisamment avancé dans son projet pour la MLB accepte d'explorer cette expérience à deux villes pour régler les problèmes économiques des Rays.

« Je pense que nous sommes prêts, a-t-il déclaré aux journalistes présents pour les matchs préparatoires des Blue Jays de Toronto au Stade olympique, en mars. C'est dans l'air. »

Bronfman tente maintenant de se porter acquéreur d'un terrain au centre-ville de Montréal pour y construire un stade. Bien qu'il prêche constamment la patience, se rappelant sûrement toutes les tentatives des Expos de remplacer le Stade olympique, il est évident qu'une voie a été tracée pour le retour du baseball.

Les Expos, il ne faut pas l'oublier, ont attiré 1 million de spectateurs à leurs six premières saisons au parc Jarry. Après être déménagés au Stade olympique en 1977, ils ont attiré plus de 2 millions de spectateurs et étaient l'une des équipes les plus populaires de la Nationale pendant la majeure partie des années 1980.

« C'était une destination de choix, a déclaré Steve Rogers, qui a participé à cinq matchs des étoiles dans l'uniforme des Expos. Je n'ai aucun doute que les Montréalais accueilleraient chaleureusement une équipe des Majeures. »

Mais la situation a changé après la vente de l'équipe par Bronfman, en 1990. Tandis que les nouveaux stades à l'allure rétro ont poussé un peu partout, le Stade olympique est devenu vieillot. Les Expos ont commencé à se débarrasser de leurs vedettes, ce qui a provoqué un détachement de sa base de partisans. Puis, Jeffrey Loria a mis la main sur l'équipe, scellant son destin.

À la fin, les Expos étaient la propriété du Baseball majeur, qui voulait démanteler l'équipe. Quand le démantèlement a été empêché, les Expos ont disputé une partie de leurs dernières campagnes à Porto-Rico. Bien que cette expérience ait imposé de très longs séjours à l'étranger aux joueurs, la MLB est prête à tenter de nouveau cette expérience à deux villes.

Ça ne peut être une solution à long terme, évidemment. Ce qui signifie donc qu'il s'agit d'une étape intérimaire à une relocalisation complète des Rays.

Avec les assistances en baisse, les propriétaires d'équipes aimeraient profiter de la manne qu'apporterait une expansion pour passer à 32 clubs. Mais le commissaire Rob Manfred a été clair: il faut régler les problèmes de stades à Oakland et Tampa Bay d'abord.

Les Athletics semblent sur la bonne voie en dévoilant des plans de stade qu'ils souhaitent inaugurer en 2023. Bien que plusieurs propositions pour remplacer l'Oakland Coliseum ont échoué, la MLB paraît plus intéressée à sauver le baseball dans la baie de San Francisco. Surtout après les départs d'Oakland des Warriors de la NBA et des Raiders de la NFL.

Les Rays ont aussi proposé plusieurs stades, dont un petit stade couvert translucide dans le quartier Ybor City de Tampa. Ce projet a avorté en décembre. Il semble que la MLB en a assez.

Ils ont aussi défié la logique économique en demeurant compétitifs. Ils ont même changé la façon dont le sport est joué, avec des innovations comme leurs ouvreurs. Malgré tout, l'équipe vient constamment au bas du classement au chapitre des assistances.

Si on peut trouver une façon de se défaire du bail au Tropicana Field (lire: combien de millions ça coûtera) et finaliser un plan de stade à Montréal, cela paverait la voie à une expansion. Portland semble avoir une longueur d'avance, alors que Charlotte et Nashville ont été mentionnées. Il ne faut pas oublier Las Vegas.

Comme s'il se tenait devant une machine à sous aguichante, le Baseball majeur voit des signes de dollars dans toutes ces villes. Cela signifie que les Rays doivent partir.