François Legault a servi une balle rapide en plein coeur du marbre à Stephen Bronfman en se disant ouvert à une participation financière du gouvernement québécois au projet de ramener le Baseball majeur à Montréal.

Le premier ministre a indiqué au cours d'un point de presse mardi qu'il était en faveur d'un prêt, qui pourrait éventuellement être transformé en subvention, un « prêt pardonnable », si les revenus fiscaux engendrés par la venue de cette entreprise sont plus importants que le montant versé par l'État.

« Je fais le parallèle avec ce dont on a beaucoup parlé depuis quelques semaines: les prêts pardonnables à certaines entreprises. Une entreprise qui amènerait une équipe de baseball, c'est aussi une entreprise », a d'abord évoqué M. Legault.

« Quand on dit qu'une partie du prêt est pardonnable, c'est que dans le fond, nous sommes prêts à offrir une subvention inférieure aux revenus additionnels entrés au gouvernement du Québec », a-t-il poursuivi.

Bronfman : un partenariat plutôt qu'une aide directe

«Si demain il y avait une équipe à Montréal, il y aurait des joueurs qui paieraient des impôts au Québec. Des impôts qu'on n'aurait pas si on n'avait pas d'équipe. [...] Ce dont il faut s'assurer, c'est que le Québec va recevoir plus d'entrées fiscales réelles que le montant d'aide qui serait donné à une entreprise, incluant une équipe de baseball. C'est dans ce sens-là qu'on a une ouverture auprès de ce projet », a ajouté le premier ministre du Québec.

M. Legault a souligné la qualité des gens d'affaires impliqués dans le Groupe Baseball Montréal, mené par Bronfman.

« Quand on fait un prêt, d'abord on s'assure que la compagnie est en bonne santé financière. [...] Il y a plusieurs gens d'affaires bien connus qui sont derrière ce projet, pas seulement M. Bronfman », a-t-il rappelé.

Première demande

François Legault a été questionné à ce sujet 24 heures après la modification de l'inscription du Groupe Baseball Montréal au Registre des lobbyistes du Québec. La nouvelle inscription fait mention pour la première fois d'une demande de participation financière du gouvernement québécois dans ce dossier.

« Depuis l'an dernier, le Groupe Baseball Montréal a beaucoup progressé pour développer le projet de villes soeurs, conjointement avec les Rays de Tampa Bay, incluant la conception d'un nouveau complexe sportif et communautaire sur le site du bassin Wellington  », a déclaré le groupe dans une déclaration transmise par courriel lundi.

« Nous voulons échanger, au cours des prochains mois, avec le gouvernement du Québec, sur les impacts économiques de notre projet et sur la forme que pourrait prendre une contribution financière pour la construction du complexe sportif et communautaire », a-t-il poursuivi.

Pour l'instant, le groupe n'a pas demandé d'aide financière au gouvernement fédéral, pas plus qu'à la Ville de Montréal. Il a toutefois ajouté deux lobbyistes à sa liste : William Jegher, d'EY, ainsi que Richard Epstein, de BCF Avocats, qui se joignent à Bronfman et Pierre Boivin, président de Claridge, la firme d'investissements de la famille Bronfman.

Le Groupe Baseball Montréal comprend également Alain Bouchard (Couche-Tard), Stéphan Crétier (Garda World), Éric Boyko (Stingray) et Mitch Garber (Investir au Canada).

Bronfman et ses associés espèrent installer leur nouveau stade doté d'un complexe communautaire dans Griffintown, sur des terrains qui appartiennent à la Société immobilière du Canada, une société de la Couronne. Le groupe a formé un partenariat avec le développeur immobilier Devimco pour l'achat et le développement de ces terrains.

Le PQ ferme la porte

Le ton du chef de la Coalition avenir Québec était bien différent de celui de Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois, qui refuse que des fonds publics servent à venir en aide au sport professionnel.

« Je suis un fan fini de baseball, j'adore ça. Mais bien sincèrement, je ne vois pas comment on peut financer avec des fonds publics un stade alors que nos infirmières, nos enseignantes et nos travailleurs du secteur publique n'ont toujours pas de convention collective et qu'il manque des dizaines de milliers de places en garderies, a-t-il réagi. Il y a des problèmes criants qui font en sorte que je ne défendrai pas ce projet. [...] Il y a un ordre de priorités à respecter si on veut garder le respect de la population, qui souffre de la crise. »

Pourtant, en 2012, alors que le PQ formait le parti d'opposition à l'Assemblée nationale, le parti avait milité en faveur du financement public du Centre Vidéotron de Québec, dont quelque 200 des 400 millions $ nécessaires à sa construction avaient été fournis par l'État.

« Sous mon égide, il y a un ordre de priorités, a précisé St-Pierre Plamondon. Quand des familles souffrent en raison du sous-financement des services publics, ma priorité sera d'abord d'assurer que nos familles et nos aînés seront protégés. »

Des propos sensiblement les mêmes, bien qu'un peu plus nuancés, du côté du Parti libéral.

« (En début de conférence de presse), je vous parlais de tous les enjeux qu'on a par rapport à la santé, à la violence conjugale, l'éducation, a indiqué sa cheffe, Dominique Anglade. On a énormément de priorités dans les prochains mois, les prochaines années au Québec; énormément d'enjeux en matière de santé, d'accompagnement de notre population. Alors, ça me paraît difficile de voir comment concilier ça avec le stade, mais je n'ai pas vu les chiffres.»

« Étant donné le contexte (de pandémie), ça me paraît difficile [...] de penser que c'est là que l'argent des contribuables devrait aller. »

Avec la participation de Patrice Bergeron, du bureau de Québec.