MONTRÉAL - En retirant son appui au projet de villes-soeurs entre St. Petersburg et Montréal, le Baseball majeur a donné un dur coup aux aspirations de Stephen Bronfman et son groupe, qui souhaitaient ramener la MLB dans la métropole montréalaise.

En fait, à court terme, il sonne le glas du projet.

« On croyait tellement en ce plan de villes-soeurs avec Tampa, on n'a pas vraiment de plan B, a dit le président du Groupe Baseball Montréal au cours d'une visioconférence, jeudi après-midi.

« Il faut laisser retomber la poussière. On a fait tellement un bon travail. On a été écouté par beaucoup de gens. Mais j'habite ici et j'ai un téléphone et un courriel. Je ne m'en vais nulle part, on ne sait jamais. On a mis beaucoup d'efforts et de passion dans ce projet-là. Je suis un peu fatigué: ça a été très bouleversant dans les dernières 72 heures. »

Bronfman a ajouté qu'il s'était complètement investi dans ce projet et qu'aucun autre scénario n'a été évoqué avec le Baseball majeur.

« Ce chapitre est clos »

« Stuart (Sternberg, l'actionnaire majoritaire des Rays) est convaincu - et moi aussi - que ce projet avait beaucoup d'allure. Ce n'est pas chaque ville qui a 12 millions d'habitants où 35 000 personnes peuvent aller au baseball chaque 81 matchs. Je ne veux pas dire que ça ne peut pas arriver (une expansion ou une relocalisation), mais c'est beaucoup de matchs.

« J'ai vécu ça avec mon père, au mois d'avril et au mois de mai, quand le Canadien est en séries, et qu'il n'y a personne, a-t-il poursuivi. C'était tellement un nouveau concept. Peut-être que c'était juste trop pour les gars du comité (exécutif de la MLB). C'est difficile à digérer, car ils ont dit oui tellement de fois, mais à la fin, ils ont dit non. On a travaillé pendant des années. M. Sternberg a mis tellement d'argent là-dedans, c'est dur un peu de voir tout ce travail tomber comme ça.

« On a fait beaucoup de travail. On a beaucoup de données: on a un marché qui est amateur de baseball. Je suis un amateur de notre ville, je ne me suis pas lancé (dans une expansion ou une relocalisation), mais je suis un peu déçu présentement. »

Bronfman a perçu cette décision du Baseball majeur, qui n'a pas donné d'explication au groupe, de "gifle au visage", rejoignant ainsi Sternberg, qui a parlé, plus tôt, d'une décision « démoralisante. »

Bronfman a aussi déploré le fait de ne pas avoir pu présenter le projet au Comité exécutif de la MLB.

« Stuart est sur le Comité exécutif: c'est lui qui a présenté le projet et c'est son équipe. Je crois que ça a été dur pour lui aussi.»

Sternberg a admis se sentir trahi par ses partenaires.

« C'est une façon de le dire, a indiqué le proprio des Rays lors d'une visioconférence tenue plus tôt en après-midi. Je comprends comment le comité fonctionne: j'y siège depuis quelques années. Il fonctionne de façon particulière et des décisions s'y prennent pour diverses raisons. Parfois pour de bonnes raisons, parfois moins bonnes, mais toujours avec de bonnes intentions pour le baseball.

« Au départ, ça a soulevé plusieurs questions. Nous avons discuté avec plusieurs personnes pour leur expliquer. Ces gens avaient compris que c'était bon pour le sport. Récemment, leur opinion a changé et nous ne savons pas trop pourquoi. Au bout du compte, je crois que la MLB n'était pas prête à aller de l'avant avec ce projet. »

Bronfman ne sait pas non plus ce qu'il adviendra de sa vision du développement pour le secteur Bridge-Wellington du bassin Peel.

« C'était un projet communautaire, c'est clair. C'était un projet grandiose, qui comprenait aussi une portion sportive. Je ne suis pas un développeur immobilier, je ne suis pas Ivanoé-Cambridge. Je ne sais pas ce qui va arriver. Nous avions une vision, que j'aimerais vraiment partager un jour. Les Québécois, les Montréalais doivent savoir. J'ai dit dans le passé que ces images me faisaient monter les larmes aux yeux. J'aimerais les partager, car elles étaient fortes", a dit Bronfman, visiblement ému.

« Les gens de Montréal étaient encore plus dévastés que moi »

« J'ai pu voir les plans du stade (de Montréal): nous avons travaillé avec eux, avait fait valoir Sternberg. Il faudra voir si ça peut être construit pour une saison complète, mais c'est un stade qui était prévu pour accueillir des événements - toutes sortes d'événements - à longueur d'année. Il devait servir au grand public, un peu comme nous voulions faire ici, dans la région de Tampa. Je sais que ce qu'ils ont en plans aurait eu une grande valeur communautaire. »

Bronfman devait présenter son projet dans les semaines à venir.

Réactions

Le président de la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain, Michel Leblanc, a réagi par communiqué.

« La décision de la Ligue majeure de baseball de rejeter le concept de villes-s?urs est décevante compte tenu de la qualité de la proposition élaborée par Stephen Bronfman et son groupe, en plus des signaux encourageants qu'ils avaient reçus depuis 18 mois. Nous comprenons que cette décision entraîne l'abandon à court terme du projet du retour du Baseball majeur à Montréal. Je ne peux qu'applaudir l'engagement de leaders d'affaires et le développement de projets ambitieux susceptibles de renforcer le statut de Montréal comme métropole nord-américaine de premier plan. La Chambre continuera d'appuyer ces initiatives porteuses pour notre économie. »

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a aussi soutenu Bronfman et son groupe sur ses réseaux sociaux.

« Montréal est une ville de baseball et le retour des Expos aurait été emballant, a-t-elle écrit sur Twitter. Je salue les efforts du Groupe baseball Montréal et la passion de M. Bronfman pour sa ville. Ce n'est que partie remise! »

Retour à la case départ pour les Rays

En décembre 2020, Sternberg avait mentionné que ce projet de villes-s?urs était "l'unique option" envisagée par l'organisation pour garder la MLB à long terme dans la région de Tampa/St. Petersburg. Il doit maintenant revoir sa position.

« Nous allons explorer les options dans la région de la baie de Tampa. J'ai dit depuis que j'ai acquis l'équipe que mon objectif était de la garder dans la région pour les générations à venir. Nous avons tenté de bâtir un stade à St. Pete; nous avons aussi tenté d'en bâtir un à Tampa. Nous croyions que cette approche (les villes-soeurs) était la meilleure, celle qui assurerait que ça fonctionnerait. Nous allons voir quel appui nous recevrons des partisans cette saison; ça nous donnera l'information dont nous avons besoin pour aller de l'avant. »

Sternberg est revenu à quelques reprises sur l'appui des partisans, qu'il juge de toute évidence insuffisant, surtout après trois saisons de plus de 100 victoires et une participation à la Série mondiale au cours des dernières années.

« Je n'aimerais rien de plus que les gens nous donnent leur appui et que nous restions ici pour au moins les 30 prochaines années. Mais il semble que ce site (le Tropicana Field) soit l'une des causes de ce manque d'appui, du moins, c'est la croyance. Alors nous allons chercher un nouveau site. Il ne faut jamais dire jamais, mais nous allons continuer de travailler dans ce marché et nous allons faire du mieux que nous pouvons pour continuer de mettre un produit gagnant sur le terrain. Je suis persuadé que ce marché est prêt à nous encourager. »

Il n'y a pour l'instant aucun appui, privé ou public, pour la construction d'un stade en Floride, où les Rays ont un bail avec le Tropicana Field jusqu'à la conclusion de 2027. Sternberg indique que les discussions avec la ville de Tampa sont avancées, mais qu'elles ont toujours eu lieu dans le cadre d'une garde partagée avec Montréal.

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