Plus que jamais, le projet de ramener le baseball majeur à Montréal apparaît réaliste, d’autant plus si l’on se fie aux résultats de l'étude de faisabilité dévoilés lors de la conférence de Projet Baseball Montréal, menée par le président et fondateur du Projet et ancien joueur des Expos Warren Cromartie.

Selon les différents sondages menés auprès de la firme Léger Marketing, pas moins de 70 % des Québécois sont en faveur du retour d’une équipe professionnelle dans la métropole, tandis que ce pourcentage grimpe à 81 %  dans la communauté d’affaires. Cependant, 11 % de la population s’oppose à un retour s’il faut piger dans les fonds publics .On estime par ailleurs qu’un match des Expos attirerait entre 27 000 et 31 000 spectateurs par rencontre, match pour lequel les amateurs sont prêts à payer environ 50 $, ce qui est comparable à la tendance observée ailleurs dans la MLB. 

« Les chiffres sont plus élevés que ce qu’on avait anticipé », a admis Michel Leblanc, le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. 

Cela étant dit, trouver un ou des investisseurs prêts à se lancer dans une telle aventure reste l'un des plus grands défis. À ce sujet, M. Cromartie y est allé d'un cri du coeur : « Nous cherchons un partenaire qui voudrait faire partie de l’histoire. Être un héros ».

Construction à financement hybride

Pour Baseball Montréal, qui constate une forte demande de billets de saison, le projet se veut donc rentable. En ce qui concerne le coût d’acquisition d’une équipe, qui se ferait par le biais du transfert d’une équipe existante à Montréal, il est de 525 millions de dollars. L'acquisition de l'équipe se ferait uniquement avec des fonds privés. Le coût de construction d’un nouveau stade s’évalue quant à lui à 500 millions de dollars étant donné que l’utilisation du Stade olympique actuel tel quel n’est pas envisageable. L'État contribuerait à hauteur de 67 % de ce montant, tandis que la balance viendrait du privé, faisant ainsi de l’État le propriétaire du stade et son terrain, et du privé, le gestionnaire des activités du stade, dont il assumerait tous les coûts et risques.

Sports 30 en prol. : Vers un retour des Expos

Selon le cabinet d'audits financiers Ernst & Young, les gouvernements impliqués récupéreraient leur mise en huit ans et engrangeraient des profits de 1,2 milliard $ sur 30 ans, soit la durée moyenne d'un bail dans ce genre de partenariat. Ses estimations reposent sur les revenus de TVQ sur les activités tenues au stade (18 millions $ annuellement), les taxes en période d'exploitation (26 millions $) et les impôts sur le revenu des joueurs montréalais (10 millions $), soit 54 millions $ annuellement. C'est sans compter l'impôt sur le revenu payé par les joueurs adverses, qui ne peut être estimé à ce moment-ci.

La firme souligne également qu'à compter de 2014, les équipes profitant du système de partage de revenus toucheront 110 millions $ par saison avant d'avoir vendu un seul billet : une moyenne de 20 millions $ en partage de revenus, 15 millions $ de la vente de marchandises et des revenus de nouveaux médias, de 35 à 40 millions $ en droits de télévision nationaux et de 40 à 60 millions $ en droits de télévision régionaux.

Un stade à ciel ouvert

L’objectif est de ramener une équipe compétitive dotée d’une masse salariale d’environ 75 millions $ qui évoluerait idéalement dans l’Association Américaine (Blue Jays, Yankees, Red Sox, Rays, Orioles) dans un nouveau stade de 36 000 places à toit ouvert situé à proximité immédiate du centre-ville, ce qui contribuerait du même souffle à la revitalisation urbaine. L’argent de cette masse salariale pourrait provenir directement de multiples sources de revenus de la Ligue majeure de baseball, comme les contrats de télévision nationaux ou encore la taxe de luxe.

« Je suis convaincu que ça marcherait »

Grâce au système de partage des revenus, « le modèle financier du baseball majeur amène des revenus plus élevés qu’à l’époque », précise Leblanc.

« Il ne semble pas exister de marchés miracles qui participeraient positivement au partage des revenus, a-t-il souligné. Il y a des équipes qui reçoivent des sommes très élevées en partage de revenus. De substituer l'une de ces équipes par une équipe qui recevrait un montant moindre est intéressant pour le baseball majeur. »

Baseball Montréal rejette donc du revers de la main l'option de construire un stade avec toit rétractable et cite entre autres l’exemple positif des Twins du Minnesota qui évoluent à ciel ouvert au Target Field et où les conditions sont comparables à Montréal. On estime par ailleurs à trois ans le temps de construction du stade, mais le premier coup de pelle ne serait donné que si et seulement si une entente de relocalisation d’une équipe est dûment signée. 

Plusieurs sites sont considérés, et chacun de ceux-ci serait accessible en transport en commun :

-          Le terrain adjacent à l’autoroute Bonaventure

-          Le bassin Wellington, dans le quartier Griffintown

-          Secteur de l’hôpital de Montréal pour enfants, face à l’ancien Forum (coin Atwater/Ste-Catherine)

-          L’Hippodrome de Montréal

-          Site de l’actuel Stade olympique

Évidemment, malgré l’engouement évident que le projet suscite, il reste énormément de travail à accomplir. Baseball Montréal a d’ailleurs énoncé les prochaines étapes de son plan : trouver des « champions », soit de gros investisseurs pour appuyer le projet parmi les contributeurs financiers et la communauté d’affaires; faciliter l’émergence de leaders qui peuvent devenir des investisseurs au sein du projet; analyser les sites potentiels pour accueillir une équipe; identifier les sources de financement, parmi les fonds d’investissement, les gouvernements et les amateurs notamment et, enfin, identifier les équipes susceptibles d’être déménagées afin de s’entretenir avec elles, puis avec la MLB elle-même.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, compte suivre de très près la suite de ce dossier.

« Je vois d'un bon oeil les résultats de cette étude, mais je pense aussi qu'il est prématuré de parler de deniers publics. Je crois que Montréal est une ville de baseball, une ville des Majeures. Je vais rencontrer au cours des prochains jours des gens d'affaires: après tout, les deux tiers des sommes impliquées doivent provenir du privé.

« Je suis un pro-baseball et je suis en faveur du retour des Expos, ce qui fait que je vais regarder le dossier avec beaucoup d'intérêt. Le maire de Montréal va s'en mêler. »

Au final, suivant un processus réaliste, on estime que le projet pourrait aboutir d'ici 2020.

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