MONTRÉAL – Ross Grimsley était l’un des personnages les plus « colorés » du Baseball majeur à son époque. Toujours aussi volubile et vif d’esprit à 69 ans, l’ancien lanceur gaucher préfère maintenant ne pas trop replonger dans son passé plutôt intrigant.

 

Pour vous donner un aperçu rapide, Grimsley aurait été en communication avec une sorcière, il a porté des lentilles turquoise si bien qu’il était surnommé « crazy eyes » par des joueurs, il était réfractaire aux règles strictes des Reds de Cincinnati par rapport à la longueur des cheveux et de la barbe et il a été soupçonné d’enduire la balle d’une substance illégale qu’il dissimulait dans ses cheveux.

 

« Beaucoup de choses ont été amplifiées, si j’avais fait les trois quarts de ce qui a été écrit, je serais mort ! », a-t-il rigolé sans vouloir s’aventurer sur ce sentier.  

 

«  Même que je suis marié depuis 47 ans, ma femme m’aurait quitté il y a déjà bien longtemps et plusieurs fois. Oui, j’ai eu des histoires bien amusantes, mais plusieurs récits ont pris des proportions exagérées. Ne croyez pas tout ce que vous lisez. Fake News ! », a lancé Grimsley en utilisant, en riant, la formule préférée de Donald Trump.

 

Grimsley n’a jamais admis avoir triché, mais il a reconnu au collègue Alain Usereau – pour la rédaction de son livre sur les Expos - qu’il avait utilisé des trucs à sa disposition comme des frappeurs pouvaient le faire. 

 

Sauf que la carrière de Grimsley ne se limite pas à ces traits particuliers. Il faut savoir que le grand gaucher détient, encore aujourd’hui, une marque très prestigieuse de l’histoire des Expos. L’homme de 69 ans demeure le seul lanceur de l’organisation montréalaise à avoir réussi une saison de 20 victoires.

 

« C’est incroyable qu’aucun autre lanceur n’y soit arrivé. Je veux dire avec tous les bons lanceurs qui sont passés par ici comme Pedro Martinez, Dennis Martinez et Steve Rogers. En fait, l’année durant laquelle j’ai gagné les 20 matchs (en 1978), Steve s’était blessé et il aurait pu terminer l’année avec plus de 20 victoires tout comme moi. Je lui en parlais d’ailleurs dimanche soir, c’était bien agréable comme soirée », a raconté Grimsley.

 

Lors de cette saison de 1978, sa première avec les Expos, Grimsley avait terminé le calendrier avec un dossier de 20-11.

 

Malheureusement pour lui et les Expos – qui avaient investi une grosse somme en lui – le tout s’est détérioré bien rapidement. Dès la saison suivante, sa moyenne de points alloués a grimpé de 3,05 à 5,35 et il a dû se contenter de 10 victoires et 9 défaites.

 

Sa relation avec le gérant Dick Williams s’est détériorée au point qu’il n’a pas été envoyé sur le monticule pendant 28 jours. On lui a rapporté que ça ne devait pas être facile comme épreuve tout en lui parlant du fait qu’il avait exigé une transaction comme le rapporte cet article du 4 juin 1980 du quotidien Le Soleil.Grimsley

 

« Je n’ai pas demandé une transaction, ils sont venus pour me voir en me disant qu’ils voulaient m’échanger », a réagi Grimsley.

 

« C’était difficile, il ne voulait pas me faire jouer. Ensuite, une occasion s'est présentée avec Cleveland, mais j’avais une clause selon laquelle les Expos ne pouvaient pas m’échanger. Je ne voulais pas aller à Cleveland. Ce n’était rien contre les joueurs ou les partisans, mais l’équipe n’était tout simplement pas très compétitive. Ensuite, je me suis dit que c’était ça ou ne pas lancer ici donc j’ai accepté », a poursuivi celui qui n’a fait que compléter la saison 1980 avec les Indians.

 

L’artilleur originaire du Kansas aurait voulu s’accrocher un peu plus longtemps, mais sa carrière s’est arrêtée à onze saisons. Son arsenal était peu orthodoxe à l’image de sa personnalité. Son lancer le plus célèbre demeure son changement de vitesse qu’il pouvait lancer lentement, très lentement et encore plus lentement. Certains de ses tirs ont été chronométrés à peine plus vite que 40 milles à l’heure.

 

Si la perte de contrôle de sa balle rapide a mené à la fin de sa carrière, Grimsley a connu une suite intéressante en tant qu’entraîneur dans les mineures pendant 31 ans dont les 16 dernières années au sein de l’organisation des Giants.

 

Maintenant, il collabore à une émission de radio en lien avec les parties des Orioles de Baltimore, l’organisation avec laquelle il a joué le plus longtemps et la ville où il habite désormais. D’ailleurs, si jamais les Expos étaient ressuscités, il n’est pas impossible qu’ils joignent la division des Orioles avec les Yankees, les Red Sox et les Blue Jays. Cette perspective ne l’effraie pas du tout.

 

« Les Orioles ont perdu 115 matchs la saison dernière! Ils étaient vraiment mauvais l’an passé et ce sera encore la même chose cette année. C’était prévu, ils vont se rebâtir avec des choix au repêchage », a-t-il commenté.  Ross Grimsley

 

En attendant que ce scénario se concrétise, Grimsley a adoré son passage à Montréal, son deuxième séjour dans la métropole en quelques années. Avant cela, il n’avait pas posé le pied au Québec pendant plus de 30 ans.

 

« C’est la raison principale pour laquelle on est ici : pour en faire la promotion et servir d’ambassadeurs en quelque sorte », a convenu l’ancien numéro 48.

 

Grimsley est lié à Montréal depuis bien plus longtemps que cela puisque son père a joué pour les Royaux. De plus, il venait jouer au Parc Jarry quand il portait l’uniforme des Reds lors des premières années de sa carrière.

 

Il n’est pas resté longtemps avec les Reds puisqu’il était loin de cadrer dans cette organisation qui était l’une des plus strictes du Baseball majeur. Il s’est senti bien plus à l’aise par la suite avec les Orioles et les Expos.

 

« C’est génial de porter de nouveau cet uniforme. J’ai de bien beaux souvenirs ici, ma famille a adoré Montréal. Je suis content de revoir le Stade olympique qui est synonyme de plusieurs beaux moments », a conclu Grimsley.