À peine une semaine après la victoire des Nationals de Washington en Série mondiale, ça brasse déjà au sujet des joueurs autonomes.

Le grand chef de l’Association des joueurs, Tony Clark, n’a pas apprécié les commentaires du directeur général des Braves, le Montréalais Alex Anthopoulos, qui a mentionné qu’il avait fait ses devoirs et qu’il a une meilleure idée de ce que les équipes vont faire au sujet des possibles transactions et mises sous contrat de joueurs autonomes. 

Tony Clark est sur la défensive depuis la signature du contrat de travail (qu’il a entériné) il y a deux ans puisque le marché des joueurs autonomes a complètement basculé, surtout lors des deux derniers hivers. Le mot collusion refait donc surface et en entendant les propos d’Anthopoulos, Tony Clark tente par tous les moyens de prouver cette collusion parmi les équipes du baseball majeur.

Malgré tous ses efforts, il ne semble jamais être en mesure de le faire et ce ne sont pas les propos du DG des Braves qui prouvera quoi que ce soit.

Mais pourquoi l’Association des joueurs est-elle à ce point découragée de la situation actuelle?

Parce qu’elle ne peut tout simplement plus protéger les joueurs de 30 ans et plus à la recherche d’un contrat important en termes d’argent et de durée. À ce que je sache, Bryce Harper et Manny Machado ont fait sauter la banque l’an dernier, donc difficile de parler de collusion. Toutefois, plusieurs autres joueurs devraient faire plus, comme Mike Moustakas qui devrait faire beaucoup plus que 7 M$, lui qui a fait 8 M$ à sa dernière année de contrat avec les Royals de Kansas City en 2017.

Que s’est-il passé?

Un bref retour dans le passé nous rappellera que la plupart des joueurs se pointaient dans le baseball majeur à l’âge de 23 ou 24 ans après avoir effectué le passage obligé dans les ligues mineures. Si le joueur était repêché d’un « high school », il pouvait passer cinq ou six ans dans les rangs mineurs. Si le joueur arrivait des universités, c’est environ trois ans passés dans les filiales de l’équipe avant le grand saut. Autrement dit, après six ans dans la MLB, le joueur avait enfin sa liberté, comme aujourd’hui d’ailleurs.

Les équipes mettaient sous contrat ces joueurs de 30 ou 31 ans à coup de millions sur plusieurs saisons. Pensez à Albert Pujols qui, à l’âge de 31 ans, a signé une entente de 10 ans avec les Angels pour 240 M$. En termes de rendement, ce fut et encore parmi les pires contrats octroyés. Mais ça vendait des billets et ça servait aussi à prouver aux partenaires, commanditaires et diffuseurs que l’équipe était sérieuse dans sa démarche de mettre une équipe gagnante sur le terrain, ce qui avait beaucoup de valeur.

Revenons au baseball d’aujourd’hui alors que les joueurs arrivent dans les majeures beaucoup plus tôt. Juan Soto est un bel exemple et il n’est plus l’exception. La raison pour laquelle Harper et Machado ont eu cet argent est le fait qu’ils sont arrivés très jeunes et donc ont obtenu leur autonomie à 25 ans! Les risques de mettre un joueur sous contrat pour 10 ans lorsqu’il a 25 ans sont pas mal moins élevés qu’à 31 ans.

Le problème est que les équipes ont le contrôle total lors des trois premières années de contrat du jeune joueur dans les majeures et ensuite, il devient admissible à l’arbitrage pour les trois années suivantes, d’où les six ans avant l’autonomie.

Si l’on suit le marché, il devient assez évident que les équipes ne veulent plus offrir ce gros contrat aux joueurs de 30 ans et plus, et contrôlent les trois premières années alors que le joueur offre possiblement un rendement supérieur à la moyenne sur le terrain. Je comprends très bien l’Association des joueurs de se plaindre de la situation. Mais pourquoi en sommes-nous là, le contrat de travail n’est âgé que de deux ans?

Je ne connais pas tous les détails précis de cette entente, mais un des aspects importants est le département de statistiques avancées des équipes. Les données sont assez évidentes sur papier, le rendement des joueurs passés la trentaine diminue suffisamment au point où le risque de lui offrir un contrat à long terme est trop risqué. Par contre, on est prêt à lui consentir beaucoup d’argent, mais à court terme.

Prenons Josh Donaldson comme exemple. Il a signé une entente d’un an avec les Braves pour 23 M$. Les blessures n’ont pas aidé sa cause, mais maintenant qu’il a prouvé qu’il peut produire à 33 ans, il devrait se voir offrir un contrat de plusieurs millions, mais je doute que l’on dépasse les deux ans dans son cas.

Revenons aux statistiques avancées. Les données sont importantes, certes, mais elles ne disent pas tout. Les joueurs qui ont passé la trentaine devront maintenant prouver continuellement leur condition physique et leur capacité à produire sur une base régulière pour quelques années encore. Le défi sera de taille puisque les statistiques prouvent le contraire. Et à voir les équipes se fier sur ces fameuses statistiques aujourd’hui, ça risque de prendre un certain temps avant de leur faire changer d’idée.

Que se passera-t-il cet hiver?

Plusieurs excellents joueurs seront libres. Les plus convoités seront Gerrit Cole, Anthony Rendon, Stephen Strasburg et Madison Bumgarner. Dans le cas de Strasburg, il laisse 100 M$ sur la table pour les quatre prochaines années, mais il a décidé d’utiliser la clause dans son contrat et de devenir joueur autonome dès cette année.

On pourrait spéculer sur l’endroit où ces joueurs vont se retrouver, mais la question que l’Association veut savoir est : pour combien d’années ces joueurs vont signer une entente? On sait que le salaire sera énorme.

Voici ce que j’en pense dans le tableau ici-bas :

Nom

Âge

Durée du contrat

Gerrit Cole

29

7 ans

Anthony Rendon

29

7 ans

Stephen Strasburg

31

5 ans

Madison Bumgarder

30

6 ans

Josh Donaldson

33

2 ans

 

Selon moi (et selon les statistiques avancées), les équipes ont mis la barre à environ 36 ans pour un rendement justifiant un contrat à long terme de plusieurs millions. Les prochains mois nous le dirons. Avec ce constat, l’Association des joueurs devra négocier une entente avec les propriétaires pour débloquer les trois premières années du joueur.¸

Juan Soto a fait 578 000 $ cette année et n’est pas admissible à l’arbitrage pour deux autres saisons. Ronald Acuna Jr a fait 545 000 $ et 560 000 $ lors de ses deux premières saisons, mais a signé une entente de plusieurs saisons qui lui permettra de faire des gains de 90 M$ jusqu’à l’âge de 29 ans. Ce n’est pas mauvais du tout, mais le plus haut total durant une saison sera de 17 M$. Les Braves auront le meilleur d’Acuna Jr pour moins de 100 M$ sur une période de 10 ans. C’est un excellent « deal ».

Il reste deux ans à la convention collective actuelle et malgré la tension en ce moment, il y a de la place pour s’entendre. Les équipes veulent dépenser et les joueurs veulent avoir leur part du gâteau. Le changement ici est que les proprios veulent dépenser, mais pour du rendement maintenant, et non pas pour du rendement déjà donné. 

À suivre lors des prochains mois.

Une chose est certaine, il n’y a plus de saison « morte » au baseball.