L’attaque des Cardinals de St Louis en arrache depuis le coup d’envoi de la présente saison et pour espérer redresser la situation, il est de plus en plus probable que l’organisation fasse appel à Oscar Taveras, un Dominicain qui a passé son adolescence dans le système de Baseball Québec.

Répertorié comme le troisième plus bel espoir par le magazine Baseball America, Taveras devrait obtenir sa première opportunité dans les majeures sous peu, si l’on se fie aux présomptions des experts suivant les activités du baseball majeur. Il faut dire que le jeune voltigeur connaît actuellement beaucoup de bons moments avec les Redbirds de Memphis (la filiale des Cards au niveau AAA) et qu’il mériterait un rappel avec le grand club. Surtout qu’en contrepartie, les deux voltigeurs qui se partagent le boulot dans le champ centre chez les Cards – Jon Jay et Peter Bourjos – ne répondent pas aux attentes. 

Oscar TaverasAujourd’hui âgé de 22 ans, Taveras a connu du succès à tous les niveaux où il est passé, ce qui laisse croire que son arrivée pourrait fournir l’étincelle souhaitée par la troupe de Mike Matheny, qui niche au 26e rang de la MLB avec seulement 89 points marqués en 26 matchs.

L’histoire de Taveras est d’autant plus intéressante qu’il est en quelque sorte un produit du baseball québécois. En effet, le jeune prodige est déménagé à Montréal en compagnie de son père alors qu’il était âgé de 12 ans et il y est demeuré pendant près de quatre ans, soit assez longtemps pour assimiler la langue française. Durant son passage dans la métropole, il fréquentait l’école Édouard-Montpetit où il faisait partie du programme Sports-études. Taveras est par la suite retourné dans son pays natal afin d’éviter le processus de repêchage du baseball majeur; il a ainsi pu signer un premier contrat avec les Cards quelques mois seulement après avoir célébré son 16e anniversaire de naissance.

Selon les dires de ceux qui l’ont côtoyé lors de son passage dans la Belle Province, c’était une évidence qu’Oscar Taveras serait promis à un brillant avenir.

« Il possédait les cinq talents propres au baseball, et malgré qu’il n’était que d’âge bantam, il surpassait tout le monde dans l’équipe », admet Claude Roy, qui a dirigé Taveras avec les Marquis de Montréal dans le réseau de développement midget AAA. « Avec de telles habiletés au-delà de la moyenne, c’était perceptible qu’il allait se rendre loin. »

« Dès que je l’ai vu jouer, j’ai su que c’était un joueur spécial », raconte pour sa part Sylvain Saindon, directeur technique du réseau de développement midget AAA. « Il était encore frêle, mais il était clair qu’il annonçait de belles choses. »

Saindon est celui qui a eu à trancher pour que le jeune Oscar Taveras joigne le réseau midget AAA, qui comprenait les meilleurs joueurs âgés entre 16 et 18 ans de la province.

« Je devais m’assurer de voir si ce jeune de 15 ans pouvait passer au niveau supérieur », se souvient l’actuel directeur technique, excellence et développement des entraîneurs à Baseball Québec. « Lorsque je l’ai vu frapper avec puissance des deux côtés du marbre, que j’ai vu la vitesse de ses mains, que je l’ai vu lancer des balles de feu, je n’ai pas hésité une seule seconde. Il était hors de question que je lui fasse perdre son temps dans le bantam. »

Oscar TaverasÀ l’image de Vlad

Outre le fait qu’il soit gaucher, Taveras a été comparé à Vladimir Guerrero tout au long de son développement. Bien entendu, les deux joueurs partagent une origine commune, ce qui facilite les ressemblances, mais ce n’est pas tout : le style de Taveras s’apparente étrangement à celui de l’ancien voltigeur des Expos.

« Ce n’est pas exagéré de faire une telle comparaison », lance Sylvain Saindon, admettant toutefois qu’il n’avait pas vu jouer l’espoir des Cards depuis un certain temps. « Pour lui, il n’existait pas de balles trop hautes ou trop basses; il frappait tout, avec puissance et à tous les champs. »

Saindon se rappelle de la première fois qu’il a observé Taveras dans la cage des frappeurs. En bon entraîneur, il reconnaît avoir voulu corriger la position au bâton du jeune homme, puisqu’il frappait les pieds ouverts. Il s’est ravisé sur-le-champ.

« Il vargeait littéralement dans la balle », décrit celui qui est impliqué au sein de la structure du baseball amateur québécois depuis 1987. « En le voyant tourner le tronc de la sorte, on s’est dit qu’on n'allait rien changer au final. »

Même son entraîneur au niveau midget, Claude Roy, avait reçu l’ordre de le laisser se développer par lui-même. On ne répare pas quelque chose qui n’est pas brisé. « Dans le jargon du baseball, on dit : "He’ll figure it out"», rigole Saindon.

De toute évidence, la réputation d’Oscar Taveras reste à faire dans les majeures, mais selon Claude Roy, il ne faudrait pas s’inquiéter de l’attitude qu’adoptera son ancien protégé une fois rendu dans l’uniforme des Cards de St Louis.

« Oscar était déterminé à se rendre au plus haut niveau. Mais avant tout, il aimait le baseball et ça se manifestait dans sa façon de jouer. C’était un passionné », insiste Roy ajoutant au passage qu’il s’était toujours très bien intégré et qu’il était un gars très populaire dans l’équipe. « Tout le monde l’aimait et c’était réciproque. »

« Ce jeune homme qui était réceptif à toutes les directives, je m’en souviendrai comme un fier compétiteur. »