Comme ça, Roger Clemens veut qu'il y ait une casquette des Yankees de New York sur sa plaque au Temple de la renommée du baseball?

Au moins il n'a pas déclaré qu'il voulait une casquette de Nike, une casquette du Katy (Texas) Golf & Country Club ou une casquette où serait inscrit "Espace à louer" (traduction libre de "This Space Available").

Nous savons que les gens du Temple de la renommée apprécient l'implication de Clemens dans le dossier. Et nous savons que son employeur favori, George Steinbrenner, l'apprécie encore plus. Mais si Clemens pense qu'il pourra faire les choses comme il le souhaite, on lui dit bonne chance.

"Nous sommes un musée sur l'histoire du baseball", avait déclaré le mois dernier le vice-président des communications du temple, Jeff Idelson. "Pour nous, le logo de l'équipe sur la casquette est important car il s'agit d'un repère historique. Nous voulons que le logo soit emblématique de l'endroit où ce joueur a laissé une marque indélébile".

Alors, où Roger Clemens a laissé une marque indélébile? Désolé les amis. Toronto et Austin ne sont pas dans le coup. Nous connaissons tous la réponse à cette question. Et même Clemens connaît indubitablement la réponse.

La réponse n'est pas celle qu'il souhaite, car il a accompli ses plus grands exploits dans une ville de la Nouvelle-Angleterre où il ne se rend pas souvent.

Certes, nous sommes tous d'accord pour dire que Clemens a laissé sa marque dans l'uniforme blanc et bleu. Il a remporté un Cy Young et deux fois la Série mondiale dans le Bronx. Et il portait l'uniforme des Yankees quand il a joint le club des 300 victoires et 4000 retraits au bâton la semaine dernière.

Mais est-ce vraiment à New York qu'il a connu ses moments de gloire? Soyez sérieux, SVP.

À Boston, Clemens est le meneur pour les victoires (à égalité avec Cy Young), les manches lancées, les retraits au bâton, les blanchissages, les départs et le nombre de matchs avec plus de dix retraits au bâton. Il a mené les Red Sox pour les victoires huit fois, alors que le grand Ted Williams avait mené pour les points produits à six reprises.

D'un autre côté, il a mené les Yankees pour les victoires à une reprise, moins de fois que ne l'avait fait Fritz Peterson. Il vient au 33e rang de l'histoire de l'équipe pour les victoires, derrière les Jack Warhop, Tiny Bonham et George Pipgras.

Vrai que Clemens est seulement le deuxième lanceur à atteindre le plateau des 300 victoires comme un Yankee. Mais l'autre était Phil Niekro... et nous ne sommes pas obligés de rappeler qu'il n'est pas entré au Temple avec un 'NY" sur sa casquette. Si les mots magiques sont bel et bien "marque indélébile", il serait difficile de concevoir comment Clemens ne devrait pas porter la lettre "B".

"Nous ne voulons pas prendre une décision qui n'aura aucun sens dans 50 ans. Si nous prenons la mauvaise décision, ce serait comme si vous vous promeniez dans le temple aujourd'hui et que vous voyiez Ty Cobb avec une casquette des A's de Philadelphie... ou Babe Ruth avec une casquette des Dodgers de Brooklyn!", pense Idelson.

Que signifie au juste la "bonne décision"? Si l'histoire est un guide, Clemens ne voudra certes pas lire son bouquin d'histoire.

Quinze franchises du baseball majeur sont représentées par le lanceur le plus victorieux de leur histoire au Temple de la renommée. Seulement deux joueurs ne portent pas la casquette de cette équipe. Le premier est Eddie Plank (Athletics) qui porte un couvre-chef sans logo. L'autre, par une remarquable coïncidence, est le lanceur qui a remporté autant de victoires dans l'uniforme des Red Sox que Clemens... Cy Young.

Nous sommes sûrs que plusieurs personnes entre Pawtucket et Orono sont amers de voir que Young porte la casquette des Naps de Cleveland au lieu de celle des Red Sox. Mais sa situation est différente de celle de Clemens parce que Young a remporté plus de victoires avec les Naps (241) qu'avec les Sox (191). Rien de personnel contre les partisans des Sox... que des mathématiques.

Au moins, le Panthéon du baseball est toujours prêt à "écouter les doléances d'un joueur", ajoute Idelson. Alors si Clemens connaît un bon orateur, nous lui suggérons de l'engager.

Le Temple de la renommée considère également l'endroit où un joueur a remporté ses trophées, la contribution qu'il a apportée à l'équipe et ce qu'il a fait dans les séries. Considérant ces critères, on peut affirmer que les deux villes seront considérées.

Évidemment, les partisans de l'une des deux villes seront déçus, mais ce n'est pas comme si les équipes qui ne se retrouvent pas sur la plaque sont ignorés. Don Sutton a lancé pour cinq équipes et elles y sont toutes. La plaque d'Eddie Murray mentionne ses années de gloire avec les Mets... et même ses 160 présences au bâton (pas très glorieuses d'ailleurs) avec les Angels.

"Je suis prêt à faire un test. Je vous donne une liste de dix joueurs et je vous gage que vous n'êtes même pas capable de me dire le logo de leur casquette", d'ajouter Idelson.

Faites le test à la maison. Voici quelques membres du temple : Hoyt Wilhelm, Lefty Grove, Rod Carew, ou même Nolan Ryan. Qui sait? Et qui s'en soucie réellement?

Naturellement, peut-être que Clemens est différent, car il a tellement été impliqué dans la rivalité Red Sox-Yankees. Voilà peut-être pourquoi c'est tellement important pour lui, important pour tous les résidents de la Nouvelle-Angleterre qui souffrent d'un complexe d'infériorité face aux Yankees. Mais y a-t-il vraiment des résidents de New York qui sont offusqués du fait que Gary Carter porte une casquette des Expos au lieu de celle des Mets? Nous n'en avons pas rencontré beaucoup.