Le match de samedi entre Louisville et Notre Dame nous a fait réaliser à quel point le monde du basketball sera en deuil lorsque l'association Big East, telle que nous la connaissons, disparaîtra.

Vous êtes-vous déjà dit « bon, je regarde ce film jusqu’à la prochaine pause » avant de finalement vous coucher 1 heure plus tard, à la fin de celui-ci? C’est un peu ce qui m’est arrivé samedi soir, alors que je me suis dit « je quitte le travail après ce match ». Je suis finalement resté rivé devant mon écran pendant plus d’une heure. La raison? La rencontre la plus excitante de la saison dans la NCAA (et ce n’est pas peu dire cette année) mettant aux prises les Cardinals de Louisville et le Fighting Irish de Notre Dame.

Avec moins d’une minute à faire et l’Irish en déficit de 8 points, Jerian Grant a transporté l’équipe sur son dos, en inscrivant 12 points pour ultimement forcer la tenue d’une période supplémentaire ou, devrais-je dire, la première de cinq périodes de prolongation. Autant de périodes de prolongation lors desquelles Russ Smith a tenté de jouer les héros pour Louisville et autant de périodes de prolongation lors desquelles quelques héros obscurs se sont levés pour Notre Dame, dont Garrick Sherman, qui a inscrit 17 points alors qu’il n’a pas joué une seule seconde en temps réglementaire. Ultimement, le Fighting Irish l’a emporté 104-101 et, comme l’avaient fait les étudiants de l’Université Wisconsin plus tôt dans la journée (après une victoire contre Michigan), ceux de Notre Dame ont inondé le parquet; un des moments qui rendent le basketball universitaire si unique.

Si ce match magique nous a rappelé l’adage « ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini », il nous a aussi cruellement rappelé que le Big East est présentement sur le respirateur artificiel. En fait, si le match de samedi avait été joué en 2014, on aurait eu droit à une confrontation entre deux formations de l’ACC (Atlantic Coast Conference).

Le Big East sur le respirateur artificiel


On est bien loin de l’année 1985, lors de laquelle trois équipes du Big East ont atteint le Final Four ou de 2011, alors que cette même conférence a vu 11 de ses équipes être invitées au March Madness. À l’heure actuelle, on se demande carrément si le Big East n’est pas voué à disparaître.

Les Universités Virginia Tech et Miami ont été les premières à quitter le navire en 2004. Puis, Boston College (2005), Temple (2005) et West Virginia (2012) ont fait de même. En 2013, ce sera au tour des Universités Syracuse et Pittsburgh de délaisser l'association Big East (pour rejoindre l’ACC). Ils seront suivis l’année suivante par Louisville (ACC) et Notre Dame (ACC). Puis, en 2015, on assistera au départ de Rutgers ainsi que du groupe des sept universités catholiques, soit Providence, DePaul, Marquette, Georgetown, St. John’s, Villanova et Seton Hall. Bref, entre 2004 et 2015, pas moins de 17 universités auront quitté le Big East, ce qui laissera l’Université Connecticut comme seul membre fondateur restant.

Le nerf de la guerre, vous vous en doutez bien, est l’argent. Si le Big East est une puissance en basketball, on ne peut pas dire que ce soit la même chose au football et, malheureusement, c’est le football qui génère le plus de revenus (surtout en ce qui a trait aux droits de diffusion). En partant pour l’ACC, Louisville, Notre Dame, Syracuse et Pittsburgh feront plus d’argent en raison des droits de diffusion du football, mais ils contribueront également à former la meilleure association de basketball de la NCAA. Pensez-y un instant : Duke, North Carolina, North Carolina State, Syracuse, Louisville, Notre Dame, Pittsburgh dans une même conférence.

En ce qui a trait aux sept universités catholiques, il faut savoir qu’elles n'étaient membres du Big East qu'au basketball. Elles se retrouvaient coincées dans une association où les décisions sont prises en fonction du football et non du basketball. Pour remplacer les équipes comme Syracuse ou Louisville, les dirigeants du Big East sont partis à la recherche de bonnes universités en football, et pas nécessairement en basketball.

Le bloc des sept risque de former sa propre association avant la saison 2015-2016. Comme cette nouvelle association comportera au moins sept membres qui jouent ensemble depuis au moins 5 ans, la NCAA leur donnera une place garantie (automatic bid) au March Madness.

Avec tous ces changements, le tournoi du Big East, disputé chaque année au Madison Square Garden, n’aura plus la même saveur. Cette association, qui aura produit les Dwyane Wade (Marquette), Carmelo Anthony (Syracuse) ou Patrick Ewing (Georgetown) de ce monde, ne sera bientôt qu’un souvenir dont on oubliera l’existence dans quelques années.

Nos prochains rendez-vous à RDS2

Mardi 12 février (19 h) – Kentucky c. Florida (Peter Yannopoulos à la demie)
Après une défaite surprenante contre les Razorbacks d’Arkansas la semaine dernière, les Gators de l’Université Florida (19-3 / 9-1 SEC) tenteront de conserver l’exclusivité du premier rang de l'association SEC alors qu’ils recevront la visite des Wildcats de Kentucky (17-6 / 8-2 SEC), une jeune équipe bourrée de talent qui tente encore de répondre aux attentes élevées qu’on avait placées en elle avant le début de la saison.

Mardi 12 février (21 h) – Michigan c. Michigan State (Peter Yannopoulos à la demie)

Les Wolverines de l’Université Michigan (21-3 / 8-3 Big Ten) affronteront une 3e équipe classée dans le top 10 d’Associated Press alors qu’ils affronteront les Spartans de Michigan State (20-4 / 9-2 Big Ten).

La troupe de John Beilein tentera de rebondir après avoir perdu deux de ses trois derniers matchs, dont celui de samedi, en prolongation, contre l’Université Wisconsin.

Mercredi 13 février (19 h) – Syracuse c. UConn (reportage sur Olivier Hanlan à la demie)
Compte tenu du départ de Syracuse pour l’ACC l’an prochain, il pourrait bien s’agir du dernier match entre Syracuse (20-3 / 8-2 Big East) et UConn (16-6 / 6-4 Big East) avant quelques années. L’Orange pourra miser sur le retour de James Southerland, qui disputera un 2e match après avoir été suspendu en raison de problèmes scolaires. Parlant de problèmes scolaires, les Huskies n’ont pas levé le pied cette saison, même s’ils ne seront pas en mesure de participer au March Madness, ni au tournoi du Big East, en raison d’une suspension d’un an imposée par la NCAA.

Mercredi 13 février (21 h) – North Carolina c. Duke (reportage sur Laurent Rivard et Patrick Steeves à la demie).
Une autre page d’histoire de cette légendaire rivalité s’écrira mercredi alors que les Tar Heels de North Carolina (16-7 / 6-4 ACC) se rendront au Cameron Indoor Stadium pour y affronter les Blue Devils de Duke (21-2 / 8-2 ACC). Les Blue Devils pourraient bien pointer au 1er rang du classement d’Associated Press dans quelques heures. Si tel est le cas, il faut savoir que l’équipe de coach K a subi la défaite dans deux de ses trois derniers matchs en tant que numéro 1 (c. NC State / c. Miami).