PRÉDICTIONS DES EXPERTS

LOS ANGELES, États-Unis - « Battle for L.A. » : digne d'un blockbuster hollywoodien avec son casting de superstars, LeBron James/Anthony Davis d'un côté, Kawhi Leonard/Paul George de l'autre, l'affiche Lakers-Clippers accouche enfin d'une rivalité basket à Los Angeles sur fond de quête de titre NBA.

« Le gagnant? Ce sera le Staples Center » : habile, LeBron James s'est bien gardé de discourir sur la suprématie remise en jeu dans la Cité des Anges, à présent que les deux équipes sont considérablement renforcées.

La NBA ne s'y est pas trompée en programmant l'affiche mardi soir en ouverture de la saison, juste après le premier match réservé, tradition oblige, au champion en titre, les Raptors de Toronto contre les Pelicans de La Nouvelle-Orléans.

Depuis plusieurs jours, toute la ville ne parle que de ça. De débats enflammés en bandes annonces ronflantes, les médias font monter la température, les consultants y vont de leurs pronostics, des enseignes sportives s'emparent de l'évènement.

Car tout oppose ces deux franchises. Le palmarès : 16 titres NBA en 31 finales pour les Lakers, vierge pour les Clippers qui n'ont jamais dépassé les demi-finales de l'Association Ouest. L'ancienneté : les Lakers se sont établis à Los Angeles en 1960, les Clippers en 1984.

Et évidemment les légendes, toujours en violet et jaune : Jerry West, Wilt Chamberlain, Kareem Abdul-Jabbar, Magic Johnson, Shaquille O'Neal, Kobe Bryant... Certains ont écrit les plus belles pages du club, d'autres ont même changé le jeu, tous ont façonné l'image « showtime » des Lakers.

Deux vrais « Angelinos »

La saison passée, LeBron James a échoué à ramener les Lakers en séries. Avec Davis à ses côtés, cela ne devrait pas se reproduire et ils pourraient y recroiser des Clippers ambitieux, forts de deux ailiers étoiles qui se trouvent être de vrais « Angelinos ».

Avant d'être sacré avec San Antonio (2014) et Toronto (2019), Kawhi Leonard a grandi à Moreno Valley, une ville du grand Los Angeles gangrenée par les guerres de gangs. Le basket a été son échappatoire, sa psychothérapie même, lorsqu'en 2008 son père fut assassiné à Compton. 

Paul George est originaire de Palmdale, banlieue nord. Un environnement plus paisible où, dès ses dix ans, le basket l'occupe quotidiennement pendant que sa mère se remet d'une crise cardiaque. Il rêve de devenir Kobe Bryant, mais il aime ces Clippers qui mouillent le maillot.

Le retour de ces deux enfants du pays permet aux Clippers de renvoyer une image d'authenticité, véhiculée par le slogan « L.A. Our Way » (« L.A. à notre façon »), à l'opposé du clinquant incarné par le club d'en face (8 km séparent leurs centres d'entraînement). Autre argument pour attirer des fans : entre 50 et 200 billets à dix dollars seront vendus à chaque match aux spectateurs habillés en bleu et rouge.

Sur les photos officielles enfin, Leonard, numéro 2, pose quasiment toujours à gauche de George, numéro 13. « 213 », comme l'indicatif téléphonique de Los Angeles.

Cela n'a toutefois pas empêché Kawhi de se faire récemment huer, à un match des Rams de Los Angeles.

« Ils vont se haïr »

« Parce qu'il n’est pas venu jouer pour nous! Pas parce qu'il joue pour les Clippers. On a le sentiment de s'être faits avoir, il était supposé jouer pour nous », a éclairé le rappeur californien Snoop Dogg, grand fan des Lakers, chez Fox Sports.

Le basket se jouant d'abord dans la rue, un panneau publicitaire des Clippers, griffé d'un « welcome home » entre ses deux stars, a été vandalisé avec des tags violets et jaunes. L'an passé, une fresque avec LeBron James connut pareil sort à Venice Beach.

Même David Stern, l'ancien patron policé de la NBA, a affirmé dans l'émission The Undefeated que cette bataille « était inévitable ». « Ils vont se haïr, ça va être une grande rivalité. »

« C'est ce qui pouvait arriver de mieux à L.A., a estimé Kareem Abdul-Jabbar. Les Clippers gagnent en crédibilité avec une équipe compétitive. On va voir comment les Lakers se comportent. Ça va être palpitant. »

Les acteurs du jeu, eux, prennent soin de s'ignorer. 

Pour Rob Pelinka, directeur général des Lakers, leur plus gros rival « est celui qu'ils verront dans le miroir ». Traduction : eux-mêmes. Paul George rappelle qu'il « faut respecter les 28 autres équipes de la Ligue ».

Trois autres duels auront lieu en saison régulière, avant d'éventuelles retrouvailles en séries.

Mais pas en finale. Davis l'a bien compris : « les Clippers ont une forte équipe, mais pour nous ce qui se joue dépasse cette rivalité. Les battre ne nous fera pas champions. Or c'est cela l'objectif ».