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RÉSULTATS

Jamal Murray, obstiné, forcené et graine de champion

Jamal Murray Jamal Murray - PC
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A Denver, il y a non pas une, mais deux pépites pour guider les Nuggets à un possible premier titre NBA, tant Jamal Murray, parfait complément de l'incontournable Nikola Jokic, excelle, revenu plus fort encore, deux ans après une grave blessure à un genou.

Mercredi, lors de la victoire (109-94) obtenue à Miami, l'arrière canadien est entré dans l'histoire de la ligue avec le pivot serbe, en devenant le premier duo à réussir, non seulement chacun un triplé dans un match d'une finale, mais aussi en l'agrémentant d'au moins 30 points marqués, chose jamais vue jusque-là, que ce soit en saison régulière ou en séries.

Quand on scrute les performances stratosphériques de Jokic, il semble rester bien peu de places au soleil pour ses coéquipiers. Pourtant Murray, déjà irrésistible avec ses 32,5 points de moyenne, pour balayer les Lakers en finale de conférence Ouest, est bien plus qu'un lieutenant, aux yeux du double joueur par excellence: « il joue de façon phénoménale. C'est un véritable leader, l'énergie dont il fait preuve est incroyable et nous ne faisons que le suivre ».

Le récital à 34 points, 10 passes, 10 rebonds, du joueur âgé de 26 ans, pour aider les Nuggets à mener 2 à 1 dans la série les opposant au Heat, fut de surcroît une réponse immédiate à sa performance en dedans, lors de la défaite concédée trois jours plus tôt dans le Colorado.

Un total de 555 jours sans jouer

« Je suis vraiment fier de Jamal, car j'ai vu au cours des 48 dernières heures à quel point il avait pris pour lui » ce revers, a dit son entraîneur Michael Malone.

Et d'ajouter: « Ce n'était pas seulement lui le responsable, c'était moi et nous tous. Mais c'est ce que font les champions. C'est ce que font les guerriers: ils ripostent. Oublions les statistiques une seconde. J'ai ressenti son énergie, et il était là à pleinement vivre l'instant. Jamal, c'est un gars qui s'épanouit et excelle dans les grandes occasions. Rien ne lui fait peur. »

En sept ans, le coach a appris à bien connaître son joueur, arrivé à Denver un an après lui et Jokic, en 2016 juste après avoir été repêché en 7e position. Il l'a vu grandir, l'a fait progresser, l'a réprimandé - « tu te sous-estimes si tu penses que tu n'es qu'un shooteur » -, l'a consolé aussi quand sa carrière fut remise en cause par une rupture des ligaments croisés au printemps 2021.

Murray, dont le talent éclata au grand jour l'été précédent, dans la bulle anti-Covid d'Orlando où les Nuggets réussirent à déjouer les pronostics en séries, éliminant Utah et les Clippers après avoir pourtant été menés 3-1, avant de chuter face aux Lakers de LeBron James futurs champions, dut attendre 555 jours pour redevenir un basketteur.

Kung-fu et méditation

« Je me souviens d'avoir été dans le bus avec lui ce soir-là. Il avait les larmes aux yeux, je l'ai serré dans mes bras et lui ai dit: +Mon, gars, nous sommes avec toi, nous t'aimons, nous allons t'aider. Et non seulement tu vas surmonter tout ça, mais tu vas revenir plus fort+ », raconta récemment  Malone.

Il n'en fallut pas plus pour que Murray, craignant alors que les Nuggets l'échangeraient avec un autre joueur, se relève de ce coup dur et fasse montre d'un mental d'acier, hérité de ses entraînements à la dure sous la coupe de son père Roger Murray, qui le premier vit en lui une graine de champion.

A l'âge de 7 ans, Jamal devait réussir 30 lancers francs consécutifs, avant de pouvoir s'arrêter. Les hivers étaient longs et rudes à Kitchener, où il est né, dans l'Ontario, et les séances encore plus, faites de pompes dans la neige, de courses en arrière ou en pas chassés sur des terrains en montée, de dribbles sur des plaques de glace, de tirs de la main gauche pour forcer l'ambidextrie...

« Nous nous imposons des limites en tant qu'êtres humains, physiquement et mentalement. Mais pourquoi ne pas en faire plus? », justifia en 2016 Murray, dont les autres composantes de ses entraînements sont aussi bien le kung-fu que la méditation. Et ce chaque jour qui le rapproche d'un possible premier sacre, tant convoité.