La saison 2017-2018 de la NBA est officiellement enclenchée et déjà, avec un peu moins de deux semaines de matchs en banque, certaines trames narratives ressortent du lot et méritent notre attention. Des histoires positives dans certains cas… un peu moins reluisantes pour d’autres. En voici huit que j’aimerais aborder avec vous et qui pourraient nous en dire long sur la suite des choses :

Les Celtics reviennent à la case départ

Match d’ouverture Celtics c. Cavaliers du 17 octobre à Cleveland. Une nouvelle ère débute pour les hommes en vert. Une ère mettant en vedette leurs deux acquisitions percutantes de l’été : Gordon Hayward et Kyrie Irving. Les partisans bostonnais sont euphoriques à l’idée de voir leurs nouveaux jouets à l’œuvre pour la première fois. À peine cinq minutes après le début du match, l’euphorie s’est rapidement transformée en dégoût quand Hayward a croulé au sol suite à une tentative d’alley-oop. Les visages de tous ceux qui assistaient à la scène sont (ironiquement) devenus verts en constatant les dommages à la jambe gauche du joueur de 27 ans. Le verdict : dislocation de la cheville et fracture du tibia. Je vous épargne le lien web. Si les blessures grotesques vous allument, vous arriverez sans doute à trouver seul les images. Il s’agit d’une des pires blessures que j’ai constatée sur un terrain de basket et probablement dans le top-5 de l’histoire de la NBA. Hayward a été opéré quelques jours plus tard et reviendra à 100 % éventuellement. Probablement pas cette année toutefois.

Une fois le choc émotif absorbé, les Celtics ont été contraints de se poser une question toute simple : que fait-on maintenant pour sauver notre saison? Car une multitude de stratégies offensives mises en place cet été avaient été conçues avec Hayward en tête. Sans oublier la hiérarchie d’un club (avec une profondeur déjà un peu mince) qui était à repenser complètement. Je fais partie de ceux qui croient que les Celtics finiront quand même dans le top-6 dans l’Est. Pourquoi? En raison du brio de leur entraîneur-chef, Brad Stevens, qui s’avère mon préféré dans toute la NBA. En raison de la présence de Kyrie Irving aux commandes d’une équipe qui œuvre dans la plus faible des deux associations. Et finalement, en raison de l’émergence potentielle de deux jeunes ailiers aux aptitudes semblables à celles de Hayward : Jaylen Brown et Jayson Tatum. Respectivement sélectionnés troisième au total en 2016 et 2017, les deux jeunes hommes sont dotés d’un potentiel considérable. Reste maintenant à Stevens d’accélérer un peu leur développement vu les présentes circonstances. Je ne gagerais pas contre lui à votre place.

Lonzo Ball a une grosse cible sur le dos

Les vétérans et les retraités de tout sport professionnel vous le diront sans hésiter : il est toujours mieux de débuter sa première saison chez les pros de façon humble et sobre. Il est préférable de comprendre sa place, manger ses croûtes, respecter les joueurs établis et ne pas faire de vagues. Ceux qui arrivent avec la tête enflée et le torse bombé, en revendiquant des acquis, ne se font jamais d’amis. Ils se retrouveront rapidement avec un « bullseye » sur le dos alors que les vieux de la vieille tentent de leur souhaiter la bienvenue dans la ligue de façon, disons, mémorable. Cette situation s’applique tout spécialement à Lonzo Ball cette saison. Le problème dans son cas c’est qu’il n’a pas fait grand-chose lui-même pour s’attirer ce genre de traitement. C’est son papa, le désormais célèbre LaVar, qui est à blâmer. À coups de déclarations démesurées et provocatrices et de souliers faits sur mesure (vendus à 495 $!), monsieur Ball aura eu l’effet inverse désiré sur le début de carrière de son fils. Alors qu’il voulait enlever la pression sur les épaules de son plus vieux, il n’aura réussi qu’à en rajouter en déclarant, par exemple, que Lonzo était déjà le meilleur joueur au monde et qu’il mènerait les Lakers aux séries dès cette année. Faux et faux.

Qu’est-ce que tout ça donne dans l’immédiat? Des vétérans comme Patrick Beverley (lors du match inaugural) et John Wall (mercredi soir) n’ont pas cherché à cacher que leur intention était d’apprendre une leçon au jeune meneur de jeu. Les constats de début de carrière à son endroit sont mitigés. D’une part, les Lakers semblent nettement plus compétitifs que l’an dernier alors que Ball contribue largement avec des moyennes de neuf rebonds et neuf mentions d’aide par soir. Là où il a beaucoup de travail à faire cependant c’est au niveau de son tir de l’extérieur. Il réussit moins de 32% de ses tentatives du périmètre après quatre matchs et devra trimer dur afin de forcer ses opposants à respecter cette facette de son jeu. S’il y arrive, ses rivaux le verront comme un des leurs et non plus comme le fils de son excentrique papa.

Le fiasco Eric Bledsoe

Les choses vont mal dans le désert de l’Arizona. Très mal. Les Suns de Phoenix, un des clubs les plus solides et réguliers dans la NBA entre 1975 à 2010, semblent avoir perdu le Nord depuis maintenant sept ans. Ils revendiquent une seule saison en haut de ,500 et aucune présence en séries durant cette période, ainsi qu’une pitoyable fiche de 49 victoires et 120 défaites depuis novembre 2015. Lors de leur match inaugural cette saison, ils se sont inclinés par 48 points à domicile contre Portland. 48 points! La plus cuisante défaite de leur histoire. Trois soirs plus tard à Los Angeles, les Clippers les ravageaient par 42 points. On montra alors la porte à l’entraîneur-chef Earl Watson, bien que la saison venait à peine de débuter. Mais les problèmes n’allaient pas s’arrêter là. Le lendemain de la raclée subie au Staples Center, le meneur de jeu étoile des Suns, Eric Bledsoe (qui avait récolté un maigre quatre points contre les Clippers), écrivait ceci sur Twitter :

« I Dont wanna be here »

Pas un bon signe si vous êtes un fan des Suns. Il tentera de se rétracter par la suite, prétextant qu’il parlait de ne pas avoir envie d’être au salon de coiffure quand il a publié ce tweet. Mais l’état-major de Phoenix, tout comme moi, n’a pas cru son explication une seule seconde et a décidé de le renvoyer à la maison jusqu’à preuve du contraire. Bledsoe est donc sur le marché des échanges, en attente que les Suns reçoivent une offre convenable pour ses services. Les chances qu’ils obtiennent valeur égale en retour sont dorénavant faibles.

Le « Greek Freak » en mission

Giannis Antetokoumpo. Si le nom ne vous dit que vaguement quelque chose, il est grand temps que vous entriez dans la danse. Le jeune homme de 22 ans, né en Grèce d’immigrants nigériens, est très bon. Dangereusement bon. Et il n’a pas fini de s’améliorer. Pilier incontestable des Bucks, il est désormais une figure de culte à Milwaukee et se classe deuxième (derrière un certain Aaron Rodgers) dans la liste des athlètes les plus populaires du Wisconsin. Son début de saison 2017-2018 fait foi de sa volonté de devenir un des dix meilleurs du circuit Silver : 35 points, 10 rebonds et six aides EN MOYENNE après cinq matchs complétés. Il tire également à 62 % du périmètre et semble capable, du haut de ses 6 pieds 11 pouces, de tout faire avec aisance sur le terrain. Voici d’ailleurs le résumé de sa soirée de travail il y a six jours contre Portland, où il établissait un nouveau sommet en carrière avec 44 points.

Il se déplace et attaque le panier avec l’agilité d’un joueur de 6 pieds 6 tout au plus. Son tir réussi à 1:30 de la vidéo nous fait penser à Kevin Durant tout craché. Ce qu’il fait à 3:05 (vol de balle sur un garde et dunk en transition) nous en dit long sur son potentiel illimité. Et que dire du bloc sur Jusuf Nurkic (7 pieds 1) à la toute fin pour cimenter la victoire! Il commence à se comparer de plus en plus à KD en matière d’athlétisme et de productivité. Durant est bien plus à l’aise en tirant de loin, mais le « Greek Freak » est plus explosif, meilleur aux rebonds et tout aussi bon passeur. Les Bucks présentent une fiche de 3-2 en ce début de campagne et tous les signes laissent présager une deuxième saison victorieuse d’affilée (quelque chose que le club n’a pas accompli depuis 2001). C’est d’ailleurs en 2001 la dernière fois que Milwaukee a franchi au moins une ronde en séries. Mon premier pari d’amis : ils y arriveront enfin cette saison. Et mon deuxième pari : Giannis finira dans le top-5 du scrutin au joueur le plus utile de la ligue. Une ascension tout simplement fulgurante.

La guigne des Sixers semble bien réelle

En 2014, les Sixers de Philadelphie choisissaient le talentueux Joel Embiid au troisième rang du repêchage amateur. Quelques mois plus tard, on apprenait qu’il allait rater toute sa saison recrue en raison d’une blessure majeure au pied et d’une opération délicate subséquente. Puis un an plus tard, le scénario catastrophe se confirme. La deuxième saison du Camerounais tombait également à l’eau après une seconde arthroscopie. En 2016, les mêmes Sixers sélectionnaient l’Australien Ben Simmons au tout premier rang. Quelques mois plus tard, il se fracturait un os du pied qui n’allait ultimement pas guérir correctement. Saison recrue ratée pour lui aussi. Difficile d’ignorer alors la théorie de la guigne entourant les pauvres Sixers.

Cette année, on allait non seulement voir Embiid et Simmons partager le terrain pour la première fois, mais on rajoutait enfin un franc-tireur polyvalent à la position de garde pour les appuyer : Markelle Fultz, tout premier choix l’été dernier. Et bien vous l’aurez deviné…

Fultz est déjà incommodé physiquement et la saison débute à peine. Le réseau ESPN rapporte qu’il a reçu une injection de cortisone le 5 octobre dernier afin de contrer de la douleur et de l’inflammation au niveau de son épaule droite. Ensuite, il avouait avoir modifié sa façon de prendre des tirs afin de compenser pour cet inconfort. Le résultat : il tire à 33 % du périmètre après quatre matchs. Il n’a pas encore tenté un seul tir de trois points en 76 minutes de jeu. Et il a raté quelques lancers francs sans même effleurer l’anneau. À quoi bon le garder dans la formation dans cet état? Pourquoi espérer une guérison miracle si sa confiance s’effrite petit à petit pendant le processus? Les 76ers doivent absolument faire le nécessaire pour protéger sa carrière à court, moyen et long terme. Entre temps, permettez-moi de continuer à croire que la guigne entourant cette équipe existe encore. Ils ont une seule victoire en cinq matchs malgré le brio de Simmons et Embiid. Je maintiens ma prédiction qu’ils se replaceront afin d’atteindre les séries. Mais disons que ce début de saison aura réussi à ébranler ma confiance, et la leur également.

LeBron aura besoin d'amis

Le King, c’est le King. Tant que LeBron mettra les pieds sur le terrain, son équipe sera presque toujours favorisée pour l’emporter. Ce début de saison ne fait pas exception à la règle quand on regarde ses statistiques, malgré une blessure à la cheville qui semblait vouloir le ralentir au départ. J’aurais tout de même certaines réticences si j’étais un partisan des Cavs présentement. Ils ont dû se battre jusqu’à la dernière minute pour vaincre les Celtics au premier match, même si Hayward était tombé au combat et que leur avance était de 16 points à la demie. Quatre jours plus tard, Cleveland s’inclinait par 21 à domicile contre Orlando. Et leurs deux plus récentes sorties? Une victoire par 7 contre les piteux Bulls de Chicago suivi d’une défaite à Brooklyn contre les Nets. Rien de trop reluisant.

Ma crainte principale demeure la même que lors de mon aperçu de saison publié il y a deux semaines : Le King recevra-t-il suffisamment d’aide offensivement en l’absence prolongée d’Isaiah Thomas? Face au Magic, seulement deux de ses coéquipiers ont inscrit plus de sept points. Et face aux Nets, seulement trois acolytes en ont ajouté plus de six. C’est nettement insuffisant. Les Cavaliers affichent le besoin criant d’un meneur de jeu pour appuyer LeBron et ne peuvent plus compter sur Kyrie Irving pour combler ce gouffre. Derrick Rose et Dwyane Wade pourraient aider dans ce département, mais sont déjà hypothéqués physiquement. Une situation prévisible vu leur historique médical respectif. Revenant à cette défaite subie à Brooklyn, on constate que la formation employée pour débuter le match plaçait James seul en position de meneur de jeu. Bien qu’il puisse accomplir ce rôle avec brio (il a récolté 13 aides), ça lui met beaucoup de poids sur les épaules. Pendant ce temps, ses neuf coéquipiers ayant mis les pieds sur le terrain auront totalisé huit aides totales! C’est une formule qui ne pourra durer à mon avis.

Des champions piqués à vif

Rien de mieux qu’un rappel à la réalité pour débuter la saison quand on se sent un peu trop à l’aise dans ses souliers. Je parle ici des champions en titre qui ont subi, croyez-le ou non, deux défaites à leurs trois premières sorties. On parle d’abord d’un effondrement lors du match d’ouverture local face aux Rockets de Houston alors qu’ils menaient par 13 après trois quarts. Mais encore plus frappant fut le revers subi à Memphis quatre jours après. Non seulement les Warriors se sont-ils inclinés par 10, mais le tout se déroula de façon très atypique pour un club dirigé par Steve Kerr. Constatez-le par vous-mêmes.

Pour moi, ça fait partie des hauts et des bas classiques d’une saison NBA. Curry a d’ailleurs déclaré qu’il devait éviter ce genre de situation après le match. On ne s’attendait pas toutefois à ce que cette « super-équipe » de Golden State en traverse beaucoup de ces moments ‘durs’ cette saison. Surtout pas dès le troisième match de l’année. Mais le tout ne fera que galvaniser leur esprit d’équipe à mon avis. C’est du moins ce qui semble ressortir des deux victoires plutôt convaincantes depuis la débandade à Memphis.

Plus ça change, plus c'est pareil

Je termine en vous soulignant rapidement, une fois de plus, ma grande admiration pour les Spurs de San Antonio. Demeurer une force dominante de la NBA, année après année depuis essentiellement 30 ans, relève vraiment du génie. Surtout dans l’ère moderne du plafond salarial. Et encore plus quand on pense que leur choix de repêchage le plus intéressant, depuis la sélection de Tim Duncan en 1997, fut le 20e rang en 2010.

Pensez à ça pendant un instant. Gregg Popovich n’a pu bénéficier d’un choix meilleur que 20e depuis 20 ans et sa fiche à la barre des Spurs est de 1137 victoires et 459 défaites durant la période. Avec un pourcentage d’efficacité de 71 %. Et avec cinq titres de champions du monde. Hallucinant! Ils accomplissent ceci avec une structure offensive impeccable, une défense étanche et un esprit de corps béton qui ne permet pas une miette d’égoïsme. Encore une fois, ils seront un des clubs à battre cette saison si on se fie à leur début parfait après quatre rencontres.

LaMarcus Aldridge semble avoir chassé ses problèmes de fin de saison 2016-17. Rudy Gay m’apparaît comme une autre acquisition savante. Manu Ginobili a pris une dernière gorgée dans la fontaine de jouvence. Ah oui. Et j’oubliais de vous rappeler l’élément le plus important. Ni leur meilleur joueur (Kawhi Leonard), ni leur leader et meneur de jeu éternel (Tony Parker) n’ont encore pu mettre les pieds sur le terrain pour l’instant. Si tout va bien, ils reviendront tous les deux au jeu lors des prochaines semaines. Imaginez donc à quel point les Spurs pourraient être bons encore cette saison…