Avril 2018. Les séries de la NBA sont sur le point de débuter. Les Raptors de Toronto ont terminé premiers dans l’Est et l’excitation est palpable partout au Canada. Vous connaissez la suite… LeBron n’aura fait qu’une seule bouchée de Toronto avant de s’incliner, une fois de plus, en finale face aux Warriors de Golden State. Mais le récit qui m’intéresse davantage aujourd’hui en est un qui n’implique aucun joueur encore dans la NBA à cette époque.

Le repêchage annuel approchait à grands pas et les rumeurs s’intensifiaient.  DeAndre Ayton restera-t-il en Arizona avec les Suns? Est-il assez polyvalent pour la NBA moderne? Marvin Bagley est-il surévalué? On fait quoi avec le spécimen physique Mo Bamba? Trae Young est-il trop petit et frêle… ou le prochain Stephen Curry?

Mais moi, au travers de toutes ces rumeurs, j’étais fasciné par le cas d’un Européen qui venait d’avoir 19 ans : Luka Doncic.

Vous dites qu’il a signé un contrat de 5 ans avec le Real Madrid alors qu’il en avait lui-même que 13? Qu’il joue avec des hommes depuis quelques années et s’impose de plus en plus comme force dominante? Qu’il prend souvent les tirs cruciaux dans les dernières minutes de matchs serrés? Qu’il mesure 6 pieds 7 pouces et peut agir comme marqueur et créateur?

En soi, je ne comprenais pas pourquoi les Suns ne pensaient pas plus sérieusement à lui comme tout premier choix. Et je n’étais pas le seul.

Le 21 juin à Brooklyn, trois clubs (Suns, Kings et Hawks) auront eu la chance de mettre le grappin sur la jeune sensation slovène et l’auront tous ignorée. Dix-huit mois plus tard, deux d’entre eux (Suns et Kings) le regrettent amèrement, alors que le troisième (les Hawks) vit encore dans le déni. On peut comprendre les patrons à Atlanta de vouloir défendre leur décision. Ils ne se sont pas complètement gourés au final. Trae Young jouera dans quelques matchs d’étoiles durant sa carrière et la transaction avec Dallas leur a aussi permis d’obtenir Cam Reddish 12 mois plus tard. Mais quel lot préfériez-vous posséder présentement? Doncic ou Young/Reddish. Poser la question c’est y répondre.

Que 14 clubs soient passés à côté d’un Giannis Antetokounmpo en 2013, c’est relativement défendable. Il n’avait pas encore joué dans des tournois d’envergure. Il passait son temps dans des ligues de garage à tirer sur des paniers qui ne semblaient pas tout à fait règlementaires. Et ses aptitudes manquaient nettement de raffinement. Même son de cloche avec de futures vedettes internationales comme Dirk Nowitzki, Tony Parker et Manu Ginobili. C’était extrêmement difficile de savoir ce qu’on avait entre les mains en les repêchant à une époque où l’accès à l’information était encore très limité.

Mais de rater son coup sur un cas comme Doncic en 2018, alors qu’il jouait dans une ligue établie et très médiatisée, c’est carrément de la négligence au niveau du dépistage professionnel. Et c’est le genre de raté qui peut changer le cours des choses à court, moyen et long termes pour une organisation. Surtout dans une ligue comme la NBA où l’arrivée d’une ou deux vedettes peut faire tout basculer brusquement. La preuve : les Mavericks affichent présentement le 4e meilleur dossier dans l’Ouest à 15-6 alors que les Suns, Kings et Hawks ont une fiche combinée de 22 victoires et 40 défaites.

Luka Doncic est dans une classe à part présentement. Il n’a pas encore 21 ans, mais il fait déjà partie, selon moi, du groupe des 8 meilleurs joueurs de basketball sur la planète. Et j’inclus ici des joueurs blessés comme Steph Curry et Kevin Durant dans le lot. Vous l’avez plus ou moins vu en action cette saison? Prenez quelques minutes pour vous régaler avec une portion du montage suivant :

Ses principaux faits d’armes cette saison :

*Il est présentement 3e dans la ligue au chapitre des points par match, 2e pour les aides (!) et 13e pour les rebonds. Avec un taux d’efficacité stratosphérique, parmi les meilleurs de l’histoire du circuit.

*Il a déjà amassé 3 matchs de 40 points, 11 matchs de 30 points et un seul de moins de 22 points. Une constance inégalée pour son âge. Et on n’a même pas franchi le quart de la saison en cours.

*Il a déjà 7 triplés, soit 10 et plus au chapitre des points/aides/rebonds dans le même match. C’est seulement un de moins qu’à sa saison recrue au grand complet. À son âge, historiquement, personne ne lui arrive à la cheville dans ce département.

*Il affiche 17 matchs consécutifs avec au moins 20 points/5 aides/5 rebonds. Le record de tous les temps à ce chapitre appartient à un certain Michael Jordan avec 18 lors de la saison 1988-1989.

*Il a récolté 35 points, 11 aides et 10 rebonds le 20 novembre contre les Warriors en seulement 26 minutes de jeu! Soirée durant laquelle il a totalisé plus de points/rebonds/aides lors du premier quart que l’équipe de Golden State au grand complet.

*Il a essentiellement anéanti à lui seul les Rockets de James Harden à Houston et les Lakers de LeBron et AD à Los Angeles en l’espace de la même semaine récemment.

Je pourrais jouer au jeu des statistiques hallucinantes encore longtemps, mais je crois que vous avez saisi le message. Et au-delà des chiffres, quand on le regarde jouer ce Luka, on tombe instantanément sous son charme. C’est une force tranquille malgré son jeune âge. Il ralentit et contrôle le match comme peu d’athlètes arrivent à le faire. Tout semble facile et agréable quand il a le ballon. Il démontre du flair et une certaine arrogance, sans manquer de respect à l’adversaire. Il a énormément amélioré son tir de longue distance depuis l’an dernier. Il ne craint pas les situations et les moments plus corsés. Il n’est pas le plus explosif au premier regard, mais arrive toujours à contourner l’adversaire ou se créer de l’espace au besoin.

On parle ici d’un grand chelem pour Mark Cuban et son organisation, qui cherchait désespérément ses repaires depuis le championnat remporté en 2011. On aura eu un joueur allemand dominant pendant 20 saisons, avant de mettre la main sur son successeur slovène juste à temps pour la suite des choses.

Doncic est en train de pousser les Mavericks de Dallas vers les séries pour la première fois depuis 2016 même si sur papier, les acteurs qui l’entourent ne sont pas les plus accomplis. J’aime beaucoup Kristaps Porzingis, mais il n’est visiblement pas encore revenu à 100 % physiquement et mentalement. Et il s’adapte encore à jouer aux côtés de son compatriote européen.

Bref, prenez le temps de regarder un match de Dallas prochainement. Vous ne serez pas déçus. Sur RDS2, on aura le plaisir de vous présenter Luka le 22 décembre à 15 h 30 face aux Raptors, à Toronto. Puis le 21 janvier contre Kawhi et les Clippers. Sans oublier le Match des étoiles du 16 février prochain. Il y sera présent, je vous l’assure!

Voici d’ailleurs notre calendrier chargé de diffusion NBA sur RDS2 pour le reste du mois de décembre :

8 décembre 18 h           Raptors c. Sixers

13 décembre 19 h         Pelicans c. Sixers

18 décembre 19 h         Raptors c. Pistons

20 décembre 19 h 30    Wizards c. Raptors

22 décembre 15 h 30    Mavericks c. Raptors

27 décembre 19 h         Sixers c. Magic

30 décembre 20 h         Nets c. Timberwolves