Choix personnel, argument religieux, théories du complot... Si 90% des joueurs NBA sont vaccinés, les 10% restants, parmi lesquels Kyrie Irving et Bradley Beal, refusent de l'être et cela pourrait affecter leur saison, au grand dam de la NBA qui sent la tension monter.

Lundi, c'était la journée des médias pour plusieurs clubs, à trois semaines du début du championnat. Et le sujet de la non-vaccination était sur toutes les lèvres.

À Brooklyn, Irving n'était pas présent au Barclay Center pour répondre aux journalistes, contrairement aux autres vedettes des Nets, Kevin Durant et James Harden. Et pour cause : il n'en avait pas le droit. Car le mois dernier, le maire de New York, Bill de Blasio, a émis un décret imposant aux sportifs professionnels de prouver qu'ils ont reçu au moins une dose du vaccin pour pouvoir jouer dans les enceintes de leur club.

Irving, qui a néanmoins répondu à des questions en visio-conférence, a refusé de dire s'il était vacciné ou pas. Mais la raison de son absence n'a fait aucun doute.

« J'aimerais que ces choses restent dans la sphère privée. Je suis avant tout un être humain. Je ne suis pas présent aujourd'hui, mais cela ne veut pas dire que je me fixe des limites à l'avenir pour rejoindre l'équipe », a-t-il déclaré, refusant de dire s'il jouera le premier match à domicile prévu le 24 octobre contre Charlotte.

« Plan de Satan »

Le week-end passé, un article de Rolling Stone consacré aux joueurs «antivax» en NBA a rappelé que Irving a récemment partagé les publications sur les réseaux sociaux d'un théoricien du complot, affirmant que «des sociétés secrètes implantent le vaccin pour connecter les Noirs à un grand ordinateur dans le cadre d'un plan de Satan».

Une campagne de désinformation qui a trouvé un écho dans certains vestiaires et groupes de discussion, affirme encore le mensuel, citant des sources anonymes au sein de la Ligue.

Or à quelques jours des stages de présaison, la tension semble monter entre les vaccinés, employés et personnels y compris, et les 10% de joueurs qui ne le sont pas, soit environ une cinquantaine de basketteurs.

« Tous ceux qui sont vaccinés devraient être furieux contre ceux qui ne le sont pas. Ne pas exiger des joueurs NBA qu'ils soient vaccinés, c'est de la foutaise », a ainsi pesté un entraîneur-adjoint sous couvert d'anonymat, interrogé par ESPN.

La Ligue a pourtant bien tenté de rendre obligatoire la vaccination, mais a renoncé face au refus du syndicat des joueurs (NBPA), lors d'une réunion tenue en août.

La vedette de Washington, Bradley Beal, empêché de jouer pour Team USA aux Jeux de Tokyo après avoir contracté le coronavirus, a lui ouvertement exprimé son refus de se faire vacciner, pour « raisons personnelles», lors de la journée des médias des Wizards.

Lui et les autres non-vaccinés devront se plier à des mesures contraignantes, les protocoles de la Ligue imposant qu'ils soient testés quotidiennement les jours d'entraînement, de voyage et de match, contrairement aux vaccinés.

« Vaccinés ou retirés »

« C'est une façon de nous forcer à le faire. Mais pourquoi des personnes vaccinées attrapent toujours le COVID? On peut toujours l'attraper et le transmettre en étant vacciné, donc...», a-t-il dit.

Certains s'appuient sur leurs croyances religieuses, tel l'ailier d'Orlando Jonathan Isaac. « Dieu nous appelle à être sages et à nous fier à nos propres convictions sur ce que nous voulons faire, et c'est ce que je pense du vaccin. Chacun devrait être libre de faire son propre choix », a-t-il argué lundi.

Le motif religieux a été aussi brandi la semaine dernière par Andrew Wiggins, ailier des Warriors de Golden State, qui a demandé à être exempté d'une interdiction de jouer à domicile, la municipalité de San Francisco requérant également une preuve de vaccination. Ce que la Ligue lui a refusé.

Pour Kareem Abdul-Jabbar, une des légendes du basket, qui milite pour la vaccination, « la NBA devrait insister pour que tous les joueurs et le personnel soient vaccinés, sans quoi il faudrait les retirer de l'équipe ».

Si la très grande majorité des vaccinés reste silencieuse, certaines vedettes ont évoqué leurs raisons.

« J'ai beaucoup de gens dans ma famille avec qui je passe du temps. Je ne vais tout simplement pas mettre leur vie en danger », a plaidé l'arrière de Portland Damian Lillard.

« Oui, je suis vacciné et je pense que c'est la meilleure décision. J'ai des enfants. Ce que je sais, c'est que ça va permettre de garder ma famille en sécurité », a expliqué Giannis Antetokounmpo, qui s'apprête à remettre en jeu son titre de champion avec Milwaukee.