La saison régulière de la NBA est toujours amusante. Certaines équipes émergent du lot, d’autres bateaux coulent. De futures vedettes se révèlent, alors que d’autres clubs doivent se rendre à l’évidence et repartir à neuf leur recherche du futur sauveur. On trouve immanquablement des pistes à suivre et des histoires à raconter. Mais quand les séries d’après-saisons débutent enfin, l’énergie se transforme et la hausse du niveau d’intensité est impossible à ignorer.

Une de mes citations historiques préférées sur les séries de la NBA appartient au légendaire joueur de centre des Spurs de San Antonio, David Robinson : « It’s the playoffs. There’s no room for okay. ».

En d’autres mots, une performance moyenne ou un match passable, ça ne suffit pas en séries. Si tu ne joues pas à ton meilleur, tu retourneras tôt ou tard à la maison les mains vides. Et c’est pourquoi notre attention sera totale à compter de samedi après-midi quand les hostilités seront lancées. Ca me permet aussi de vous rappeler que tous les matchs des Raptors de Toronto en séries, à débuter avec leur duel de première ronde contre les Wizards de Washington, vous seront présentés sur les ondes de RDS2.

Permettez-moi donc de décortiquer pour vous aujourd’hui les huit duels qui nous guettent durant le premier tour. Avant de commencer, le recherchiste qui sommeille en moi souhaitait faire appel aux tendances des dernières années avant de me plonger dans des prédictions actuelles. J’ai donc recensé chaque série d’après-saison depuis 2007, et voici les constats :

*Les équipes classées no 1 ont remporté 86% des affrontements contre le no 8 durant cette période. Les Bulls de Chicago de 2012 avaient perdu contre les 76ers de Philadelphie. Idem pour les Spurs de 2011 aux dépens des Grizzlies de Memphis. Et les Warriors de Golden State de 2007 avaient causé la même surprise en battant les Mavericks de Dallas. C’est donc une surprise improbable, mais possible.

*Surprenant mais vrai, les équipes classées no 2 ont fait encore mieux durant ce laps de temps, remportant 95% des duels contre les clubs classés no 7. La seule à s’être avouée vaincue a été les Spurs en 2010 face aux Mavs.

*Un no 6 qui vient à bout d’un no 3, ça s’est produit à 4 reprises depuis 11 ans. Donc 82% du temps, la logique de ce duel sera respectée. Là où j’ai fait ma découverte la plus amusante du lot, c’est en constatant que les nos 5 ont un avantage net sur les nos 4 depuis une décennie. Pas moins de 13 fois sur 22, et au moins une fois par année depuis neuf ans, cette «surprise» a eu lieu. J’aurais initialement parié sur un bon vieux pile ou face dans ces situations, mais l’histoire récente nous dit que les nos 5 sont avantagés malgré le désavantage du terrain.

*En 2017, une seule surprise a été causée sur les huit duels de premier tour, alors que le Jazz (no 5) était venu à bout des Clippers de Los Angeles. En 2018, à mon avis, les équipes moins bien classées ont chacune des arguments leur permettant d’y croire au cours des deux prochaines semaines. Attaquons donc l’Association Est pour commencer :

No 1 Raptors de Toronto c. no 8 Wizards de Washington

Cette série me fait un peu peur pour les Raptors. Les Wizards se présentent comme un rival expérimenté et de qualité. Un des meilleurs nos 8 depuis quelques années. John Wall et Bradley Beal avaient mené Washington à un balayage de Toronto en 2015 et les Celtics avaient eu besoin de 7 matchs âprement disputés l’an dernier, au deuxième tour, pour venir à bout de ces mêmes Wizards.

« C'est la meilleure équipe pour qui j'ai joué! »

Leur saison 2017-18 a été parsemée de blessures et d’embûches, mais ils sont maintenant en santé et je serais surpris que la troupe de Dwane Casey arrive à les surclasser facilement. Ceci étant dit, l’avantage du terrain, le sentiment d’urgence et la profondeur devraient faire pencher la balance en faveur de nos amis ontariens. Du moins, je leur souhaite.   

PRÉDICTION : Toronto en 6.

No 2 Celtics de Boston c. no 7 Bucks de Milwaukee

Kyrie Irving

Rarement un club classé no 2 aura été si négligé à l’aube des séries de la NBA. On comprend tout de même pourquoi les Celtics sont perçus de la sorte en marge de leur choc face aux Bucks. Leur joueur le plus important, Kyrie Irving, ratera le reste de la saison en raison d’une blessure au genou. Il serait toutefois naïf de notre part de penser que les Bucks remporteront cette confrontation par défaut. Oui, le « Greek freak », Giannis Antetokounmpo, est bon. Vraiment bon. Mais les Celtics disposent quand même de joueurs d’impact comme Al Horford, Jayson Tatum, Jaylen Brown et Terry Rozier. Et ils possèdent surtout l’arme la plus dévastatrice qui soit : le cerveau de Brad Stevens, leur entraîneur-chef. En raison de sa présence, je pense que Boston trouvera une façon de s’imposer au final.  

PRÉDICTION : Celtics en 7.

No 3 76ers de Philadelphie c. no 6 Heat de Miami

Un duel intrigant à mes yeux. Les Sixers sont en feu présentement, ayant remporté leurs 16 derniers matchs en saison régulière. Sur papier, ils sont plus talentueux que le Heat. Et l’Amérique tout entière s’apprête à découvrir le grand talent de leur meneur de jeu recrue, Ben Simmons. Un joueur unique aux allures de Magic Johnson. J’apporterais cependant quelques bémols à la frénésie entourant les Sixers. De un, ils manquent cruellement d’expérience en séries d’après-saisons et sont très jeunes. De deux, Joel Embiid est blessé au visage et ne sera pas en uniforme pour débuter la série tout au moins. Et finalement, le Heat n’est pas à prendre à la légère. Ils ont des joueurs d’expérience (Dragic et Wade), un centre dominant (Whiteside) qui pourrait s’amuser en l’absence d’Embiid, des joueurs polyvalents sur les ailes et un entraîneur-chef très sous-estimé (Erik Spoelstra). J’anticipe une guerre de chaque instant qui permettra à Philadelphie de gagner en maturité.  P

RÉDICTION : Sixers en 7.

No 4 Cavaliers de Cleveland c no 5 Pacers de l’Indiana

LeBron James

La série la moins équilibrée parmi les quatre dans l’Est. Je n’entrevois aucun scénario (à part une blessure à monsieur James) permettant aux Pacers de venir à bout des Cavs dans ce duel. Victor Oladipo s’est révélé comme légitime joueur vedette cette saison et donnera des ennuis aux champions en titre de l’Est. Mais LeBron, c’est LeBron. Il a connu une autre saison régulière phénoménale et ne permettra pas aux siens de baisser pavillon en première ronde. Aucune chance.

PRÉDICTION : Cavs en 5.

No 1 Rockets de Houston vs no 8 Timberwolves du Minnesota

Pas un premier adversaire commode pour la seule équipe à avoir remporté 60 matchs ou plus dans la NBA cette saison : les Rockets de Houston. Après une absence de 17 matchs en fin de saison, Jimmy Butler est enfin de retour en santé pour les Timberwolves. Le retour de leur leader incontesté, qui a un bagage intéressant en séries du temps qu’il jouait à Chicago, change complètement leur dynamique. Il aura la tâche de ralentir James Harden et arrivera sans doute à l’ennuyer un peu. Les Rockets entament les séries 2018 avec une cible géante sur le dos et devront se méfier des aspirants voulant les détrôner. Mais ils auront trop de ressources pour les jeunes Wolves cette année.  

PRÉDICTION : Rockets en 5.

No 2 Warriors de Golden State vs no 7 Spurs de San Antonio

Stephen Curry

Ce fut loin, très loin, de la saison espérée pour Steve Kerr et les Warriors. Ils auront remporté «seulement» 58 matchs, pas mal en deçà des exploits des trois saisons précédentes. Steph Curry a raté 31 matchs, KD 14, Klay Thompson 9 et Draymond Green 12. Tout ce quatuor est prêt à débuter ces séries, à l’exception de monsieur Curry. Si les Spurs avaient Kawhi Leonard dans leur alignement, Golden State aurait de quoi être inquiet. Mais en l’absence de leur superstar, San Antonio n’aura simplement pas les munitions pour assommer les champions en titre. L’absence de Curry pourrait peser plus lourd au deuxième tour s’il n’est pas encore remis.  

PRÉDICTION : Warriors en 5.

No 3 Blazers de Portland vs no 6 Pelicans de La Nouvelle-Orléans

Le meilleur joueur sur le terrain dans cette série sera assurément Anthony Davis, des Pelicans. Dans mon livre à moi, il arrive dans le top-3 des joueurs les plus utiles du circuit cette saison, juste après Harden et côte à côte avec le King. Personne ne peut l’arrêter. Là où les Blazers auront l’ascendant à mes yeux toutefois, c’est qu’autour de Davis à La Nouvelle-Orléans, le groupe de soutien est trop mince. À Portland, le duo Dame Lillard et CJ McCollum sera en mission. Les Blazers auront découvert leur identité collective en deuxième moitié de saison et bénéficieront d’une foule partisane dévouée et très bruyante.    

PRÉDICTION : Blazers en 6.

No 4 Thunder vs no 5 Jazz

Russell Westbrook

Possiblement la confrontation la plus équilibrée parmi les huit dont je viens de vous parler. L’expérience des séries est nettement à l’avantage du Thunder, alors que Russell Westbrook, Paul George et Carmelo Anthony sont déjà allés à la guerre plus d’une fois. Mais je n’aime pas l’utilisation encore exagérée qu’on fait de monsieur Anthony à OKC. Il devrait être le 6e homme qui joue environ 25 minutes par match. On s’entête pourtant à le faire jouer 32 minutes par soir, même s’il tire à peine à 40% du périmètre.

Quant au Jazz, il a terminé la saison avec 29 victoires à ses 35 derniers matchs. Un exploit miraculeux en soi. Le Français Rudy Gobert protègera l’anneau. Le garde recrue Donovan Mitchell se révèlera tout autant aux partisans de basket que Ben Simmons à Philadelphie. Et l’excellent entraîneur-chef du Jazz, Quin Snyder, continuera aussi de bâtir sa réputation. Je me sens audacieux et j’y vais donc avec une rare et certaine surprise ici.  

PRÉDICTION : Jazz en 6.

En espérant que ces choix et ces belles paroles tiendront la route. On se reparle après le premier tour!

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