Le 11 mars dernier, la NBA, fidèle à sa réputation de ligue avant-gardiste, devenait le premier circuit nord-américain majeur à suspendre ses activités. Il ne fallait donc pas s’étonner quand elle est devenue cette semaine, ex aequo avec la MLS, la première à confirmer son plan de relance cet été. (Non, je ne m’embarquerai pas dans un débat éternel sur l’identité des ligues majeures actuelles. Disons tout simplement qu’il y en a cinq et on passe à l’appel suivant).

Je commencerais par résumer pour vous les grandes lignes de ce plan, car la bande à Adam Silver n’a pas nécessairement opté pour la simplicité  :

*Cette relance débute dès maintenant avec des entraînements limités dans les villes respectives des équipes. Mais le premier match officiel aurait lieu le 31 juillet. Et le vainqueur du championnat serait couronné au plus tard le 12 octobre prochain. Quant à la saison 2020-2021, elle débutera dès le 1er décembre. Les prochains mois risquent de débouler les uns sur les autres. La tempête après le calme.

*La totalité de la fin de saison 2020 se déroulera exclusivement à Orlando, en Floride, dans le gigantesque complexe ‘Wide World of Sports’ opéré par Disney. Les réseaux de télé ABC et ESPN, diffuseurs majeurs de la NBA, appartiennent aussi à Disney. Tout est dans tout, comme on dit. Mais honnêtement, peu d’endroits comme ce complexe sportif existent aux États-Unis permettant de regrouper autant de gens à huis clos. Il s’agissait donc d’un choix incontournable et le conflit d’intérêt m’apparaît acceptable.

*Les équipes pourront vraisemblablement amener un maximum de 35 joueurs/membres du personnel sur place. Et les joueurs auront droit d’amener avec eux un nombre limité de membres de leurs familles. Tout le monde pourra circuler sur le ‘campus’ avec une certaine liberté mais ne pourra pas quitter le complexe à moins d’une urgence. Le fait de préserver tout le monde dans une certaine bulle sera critique au succès de l’opération.

*Tout le monde sera essentiellement dépisté pour le virus sur une base quotidienne. Des milliers de tests seront requis pendant environ trois mois pour réduire au minimum les risques de contagion.

*Si un joueur est déclaré positif à la COVID-19 pendant les séries, la procédure établie sera d’isoler et confiner ce joueur mais de poursuivre la compétition. Si le noyau d’une équipe tombait au combat cependant, la discussion sera sans doute différente et plus complexe.

*3 arénas différentes sont disponibles sur le site et elles devraient toutes servir au départ, jusqu’à ce qu’une seule soit requise à la fin de l’événement. Il ne devrait jamais y avoir plus de 6 rencontres dans une même journée, avec plusieurs heures entre deux matchs sur un même terrain afin de bien désinfecter avant le suivant.

*Aucun partisan ne sera évidemment admis.

*Sur le plan sportif maintenant, les 22 clubs avec les meilleures fiches ont été invités à Orlando alors que les 8 de bas de classement resteront à la maison. Soient les Hornets, Bulls, Knicks, Pistons, Hawks, Timberwolves, Cavaliers et Warriors. Ça signifie donc que Steph Curry ne sera pas de la partie. De loin, le plus gros nom qui devra passer son tour.

*Étonnamment, la NBA a décidé que chaque club en Floride devra disputer 8 matchs de saison régulière avant de débuter la phase ultime. Ainsi, 88 matchs de saison régulière seront disputés en août et le classement sera ensuite final. L’équipe classée 9e dans chaque Association aura alors la chance, si elle se trouve à 4 matchs ou moins du 8e rang, de déloger l’équipe numéro 8 pour accéder aux séries. Pour y arriver, le club no 9 devra remporter deux matchs de suite alors que le club no 8 n’aura qu’une rencontre à remporter pour valider sa place en séries. A toutes fins pratiques, 13 des 16 places en séries sont pas mal béton. Les Nets, Magic et Grizzlies ont encore un peu de travail à faire pour se greffer.

Donc dans l’Est, seuls les Wizards auront la chance de jouer les trouble-fêtes mais ils auront à trimer dur avec un retard de 5,5 matchs à combler en 8 joutes. Dans l’Ouest, les scénarios sont beaucoup plus variés. Les Grizzlies ont 3,5 matchs d’avance mais les Blazers, Kings et Pelicans seront gonflés à bloc pour les talonner et forcer la tenue du play-in round.

*Une fois cette phase complétée, les séries traditionnelles débuteront. Il avait été question de mélanger les 16 clubs qualifiés dans un seul et grand chapeau. Mais ce ne sera apparemment pas le cas. Ce qui aidera la cause des Raptors car les équipes 7 et 8 dans l’Est devraient être moins ravageuses que celles dans l’Ouest.

Pas trop compliqué comme portrait?

Maintenant que les faits vous ont été présentés, voici ce que j’en retire personnellement :

*Chapeau aux joueurs, aux propriétaires et à Adam Silver d’en être venus à cette entente. C’était loin d’être simple, surtout sur le plan de la convention collective et de la logistique complexe pour y arriver. Ca dénote une relation solide de confiance établie entre le commissaire et l’Association des joueurs. C’est une des raisons flagrantes pour laquelle le basketball se porte bien et le baseball majeur joue dangereusement avec le feu.

*Pourquoi avoir insisté sur les 88 matchs de saison régulière alors qu’on aurait pu sauter directement aux séries ? C’est purement une question de finances. En rajoutant ces matchs, la ligue, les clubs et les joueurs perdront moins d’argent à court, moyen et long terme parce qu’ils respecteront davantage leurs contrats télévisuels. Mais il y a assurément un risque attaché à ce pari. La fin de saison sera plus longue et des centaines de personnes de plus se déplaceront vers Orlando. Espérons que ça tienne la route quand même.

*L’autre raison majeure pour justifier l’ajout de six équipes ? Zion Williamson sera de la fête. La ligue ne dira jamais ouvertement que cet immense plan a été mis en place principalement pour donner au moins huit matchs de visibilité additionnelle à un joueur recrue. Et ce n’est évidemment pas la seule raison. Mais je suis convaincu que ça faisait partie du raisonnement. Assumé ou non. Zion est à ce point électrisant. Et les diffuseurs nationaux comme TNT et ESPN ont sûrement mis un peu de pression en ce sens.

*L’avantage du terrain, évidemment, disparaîtra complètement dans ce contexte neutre et à huis clos. Le travail accompli durant la saison par les Bucks, Lakers et autres en haut de classement n’est pas complètement invalidé. Mais il perd considérablement de son importance. Quand on combine ce facteur précis au fait qu’on doit repartir la préparation physique et mentale à zéro après plusieurs mois de pause, je suis convaincu que ça mènera à bon nombre de surprises. Un vétéran de 35 ans comme LeBron saura-t-il se remettre sur le piton aussi rapidement qu’un jeune loup comme Giannis à l’âge de 25 ans? Pas certain. Ce sera donc un tournoi très ouvert, et c’est tant mieux ainsi.

*Les Montréalais Chris Boucher, Khem Birch et Luguentz Dort seront tous du rendez-vous et vivront une expérience sans doute unique et mémorable. On a hâte de leur parler une fois sur place pour récolter leurs impressions.

*Au moins, pour tous les individus et toutes les équipes qui misaient gros sur la saison 2019-2020, la chance de rafler le titre est encore sur la table. Je pense à LBJ, Giannis, les Clippers, Sixers, Raptors et j’en passe. Les fenêtres se renferment vite dans la NBA et il faut sauter sur chaque opportunité avant qu’elle ne s’évapore.

Bref, on aura le plaisir de vous présenter plusieurs matchs à RDS entre le 31 juillet et le 12 octobre. Avec emphase particulière sur le parcours des champions en titre, les Raptors de Toronto. Un scénario qui ravit notre équipe d’experts et de production. Avec ou sans partisans, vivement le retour du basket et du sport professionnel dans nos télévisions!