La dernière semaine nous a appris une chose : il y a beaucoup de David et peu de Goliath dans la NCAA cette saison.

Mettons tout de suite quelque chose au clair : il n’y a aucune équipe favorite en vue du prochain March Madness; aucune formation de laquelle nous pouvons dire qu’elle devrait gagner le tournoi à moins de connaître un terrible passage à vide.

L’an dernier, les Wildcats de l’Université Kentucky ont remporté le championnat national américain sans trop d’embûches. Certes, il y a eu la défaite contre les Hoosiers de l’Université Indiana sur un tir de Christian Watford à la toute dernière seconde et oui, il y a eu la défaite des Wildcats contre Vanderbilt en finale du SEC (la meilleure chose qui puisse arriver à l’équipe selon l’entraîneur John Calipari). Reste que, menés par Anthony Davis et Michael Kidd-Gilchrist (les 2 premiers choix au total du dernier repêchage), les Wildcats n’ont subi que deux revers en 2011-2012.

Bien malin est celui qui pourra prédire avec exactitude l’identité du prochain vainqueur du March Madness. Dans les sept derniers jours, on a assisté à une quantité astronomique de surprises dans la NCAA impliquant des équipes classées dans le TOP 25 selon Associated Press*, dont six dans la seule journée d’hier (26 janvier). Je vous invite d’ailleurs à regarder le segment de notre informateur basketball, Peter Yannopoulos, au sujet de la descente aux enfers des Cardinals de Louisville et des difficultés que connaissent les Blue Devils de Duke.

Cette situation nous donnera fort probablement un March Madness des plus excitants, puisque tout le monde est en droit d’espérer remporter les grands honneurs. La grande question est toutefois de savoir si on assiste à une parité vers le haut ou vers le bas et malheureusement, je crois qu’on se dirige vers le bas.

Un an seulement?

Il y a un peu plus de 10 jours, LeBron James est devenu le plus jeune joueur de l’histoire de la NBA à atteindre le plateau de 20 000 points (28 ans et 17 jours), un record qui risque d’être difficile à battre, d’autant plus que depuis 2005, un règlement oblige les joueurs à disputer au moins une saison dans la NCAA avant de faire le saut dans la NBA, à moins d’avoir 19 ans. Les Kobe Bryant, LeBron James ou Kevin Garnett de ce monde sont quant à eux passés directement de l’école secondaire à la NBA. De là, la difficulté pour un joueur comme Kevin Durant de vouloir battre le record de la vedette du Heat de Miami.

Si les joueurs de basketball sont tenus de jouer un an dans la NCAA, les joueurs de football, eux, doivent demeurer 3 ans dans le système universitaire américain avant de devenir éligibles au repêchage de la NFL. À mon avis, la NBA et la NCAA devraient s’entendre pour appliquer ce modèle au basketball, ne serait-ce que pour le développement des jeunes joueurs, tant sur le terrain que sur les bancs d’école?

La grande majorité des joueurs qui quittent l’université après une seule année n’y retourneront jamais pour compléter leurs études. La NCAA est peut-être une industrie de plusieurs milliards, reste qu’on parle d’étudiants athlètes malgré tout et non l’inverse. Si les études ne font pas partie de l’équation, qu’on arrête cette mascarade et qu’on permette aux joueurs de passer directement de l’école secondaire à la NBA. Pour ceux qui désirent aller à l’université (certains joueurs n’auraient jamais eu accès à une éducation supérieure sans le basketball), qu’on instaure la règle des 3 ans, comme dans la NFL. D’une part, les athlètes auront trois ans pour se développer dans la NCAA et seraient ainsi mieux préparés pour la NBA. De l’autre, plusieurs auraient un diplôme entre les mains à leur sortie de l’université ou ne seront qu’à quelques cours de compléter leur baccalauréat. N’allez pas croire que les équipes de la NBA vont se lancer sur les jeunes joueurs d’âge secondaire; encore faut-il que ces jeunes soient capables de jouer dans la NBA.

L’instauration de la règle des trois ans apporterait également une plus grande stabilité dans la NCAA. Fini les entraîneurs du type John Calipari (Kentucky) qui recrutent année après année les meilleurs joueurs d’âge secondaire désireux de passer directement dans la NBA. Oui, Kentucky aurait une équipe formidable cette saison si Anthony Davis, Michael Kidd-Gilchrist et Marquis Teague étaient demeurés dans la NCAA. Reste que les recrues Nerlens Noel, Alex Poythress et Archie Goodwin se seraient peut-être tournées vers d’autres universités plutôt que d’aller rejoindre Calipari à Kentucky. D’ailleurs, Calipari aimerait certainement avoir ses anciennes vedettes sous la main, puisque son équipe a déjà subi 6 revers en 19 matchs cette saison.

C’est ainsi qu’on nivèle vers le haut et non vers le bas comme c’est le cas présentement. L’an dernier, 21 joueurs de première ou de deuxième année ont été repêchés par une équipe de la NBA. C’est donc 21 vedettes qui ont quitté la NCAA pour passer chez les professionnels.

La NBA pourrait également profiter de la règle des trois ans. Les équipes repêcheraient des athlètes mieux préparés, dotés de meilleures bases (les fameux « fondamentaux » du basketball) et une forme physique leur permettant de jouer contre des hommes. Le nerf de la guerre reste toutefois les contrats des joueurs dans la NBA. Si on retarde l’arrivée des joueurs, on raccourcit également les carrières.

Pour la santé de la NCAA, de la NBA et du basketball en général, il faut modifier le règlement.

*Le Top 25 d’Associated Press est déterminé chaque semaine par un panel composé de 65 journalistes. Chacun d’eux doit donner entre 1 et 25 points aux équipes de son choix (25 points pour la 1re équipe et 1 pour le 25e). Les points sont ensuite additionnés, ce qui nous donne le Top 25, publié tous les lundis.