Ciryl Gane était peu familier avec les arts martiaux mixtes il y a à peine deux ans et voilà que son nom est déjà bien connu des hautes instances du sport. Il sera une fois de plus scruté à la loupe le 24 mai quand il tentera de défendre à nouveau sa ceinture des poids lourds contre Roggers Souza en finale du gala TKO48 à Gatineau.

Le Français, qui a aujourd’hui 29 ans, a fait ses débuts chez TKO l’été dernier et a arraché le titre de champion à Bobby Sullivan. Il a par la suite vaincu Adam Dyczka et en a étonné plus d’un. Le « Kung Fu Panda » (7-1-0) était un chouchou sur la scène locale et était dans la mire de l’UFC.

 « C’était surtout quelqu’un d’imbattable aux yeux des Québécois, a rappelé Gane, en entrevue avec le RDS.ca. Forcément, ç’a créé de la surprise et du même coup de l’engouement. Ça nous a surpris parce que je n’ai pas énormément d’expérience dans la cage, donc on ne savait pas encore ce que ça pouvait donner. On a eu le premier combat qui s’est terminé en 1 minute 40 sur une soumission, et j’étais vraiment agréablement surpris parce que ce n’était pas mon domaine de prédilection. Dans le deuxième combat, on tombe sur quelqu’un qui est un prospect et au final, malgré un handicap, on a réussi à gérer intelligemment et c’est ça que j’ai apprécié. »

Ciryl GaneRapidement, l’UFC a démontré son intérêt envers le colosse de 6 pi 5 et 250 livres. La prestigieuse organisation est activement à la recherche de nouveaux talents dans la catégorie des poids lourds, qui manque cruellement de profondeur et de vedettes comparativement aux autres. Gane dit ne pas être pressé d’y accéder mais sent qu’il y a sa place et que ce n’est qu’une question de temps.

« On en parle beaucoup au sein même de l’équipe à MMA Factory ainsi qu’avec Stéphane Patry (le promoteur) chez TKO, révèle Gane. On sait que ça va être une suite logique, il n’y a pas de doute là-dessus. »

« C’est bien de rester les pieds sur terre, renchérit l’entraîneur de Gane, Fernand Lopez, chez MMA Factory à Paris. J’aime que tous mes élèves sachent qu’ils peuvent aller à l’UFC, mais on n’est pas pressés, on se sent très bien chez TKO et ça se passe très bien. Ça lui donne de l’expérience et il apprend le métier. Mais on a des discussions cordiales avec Stéphane où on est honnêtes et où on se dit qu’à un moment donné, il va sûrement devoir partir parce que l’UFC le demande. Quand il aura pris de l’expérience et qu’il se sentira prêt, on fera le pas. »

En attendant, celui qu’on surnomme le « Bon gamin » se tourne vers Souza après s’être bien remis de quelques blessures, notamment une perforation du poumon.

« Je sais que c’est quelqu’un de dangereux. Ce n’est pas quelqu’un d’extrêmement complet, mais il est dangereux. Quand on est poids lourd, ça cogne et on est toujours à deux doigts de faire tomber l’adversaire. Je pense que ça va être le cas. Je pense qu’avec lui, c’est sur ça qu’il va falloir faire attention et c’est sur ça qu’on a travaillé. On doit rester prudent, ne pas rentrer dans le conflit, puis bouger, bouger, bouger. Je n’ai jamais travaillé ma boxe sur cette tactique d’en finir en un coup de poing. Ç’a toujours été une question de frapper 10 fois plutôt qu’une, et de bouger dans la cage. Aujourd’hui ça paye », raconte Gane.

« C’est une bonne opportunité parce que Souza est un solide adversaire avec une bonne expérience, ajoute Coach Lopez. Il va donner du fil à retordre à Ciryl, mais je pense qu’à la fin du combat, Ciryl aura sa main levée. On a pris très au sérieux l’adversaire, avec une bonne préparation sur tous les aspects. »

Gane bien entouré avec Ngannou et cie

Ça fait donc à peine deux ans que Gane a fait la transition du muay thaï, où il était champion de France (13-0), vers les arts martiaux mixtes. C’est à la suite d’une rencontre avec l’entraîneur Fernand Lopez que l’idée a germé et le tout s’est finalement fait assez naturellement.

« Ça faisait trois ans que je faisais de la boxe thaï et le club MMA Factory se situait près de chez moi, se remémore Gane. J’habite Vincennes et c’est à 15 minutes de là. J’avais envie de sparring et je savais qu’il y avait du lourd là-bas, dont Francis Ngannou, et c’est la raison pour laquelle je suis venu frapper à la porte, pour faire un peu de sparring et pour voir s’ils avaient besoin de moi, pour prendre de l’expérience justement. C’est là que j’ai connu les arts martiaux mixtes, parce que je ne connaissais pas vraiment ça avant. Ç’a super bien cliqué avec le coach. On a découvert le sport, on s’y est plu, on a performé et maintenant on continue. »

Ciryl GaneL’entraîneur voyait des qualités naturelles chez Gane et il n’a pas eu trop de difficulté à le convaincre de faire le saut.

« Il y a certains éléments qui sont des facteurs de performance en général chez les athlètes, explique M. Lopez. Il avait un certain nombre de qualités qui, mises ensemble, m’ont fait penser sans l’ombre d’un doute qu’il pourrait connaître du succès. Je me rappelle lui avoir dit que je pense que dans deux ans il pourrait être champion UFC. Il capte rapidement les choses. Que ce soit dans son ADN, son potentiel physique ou le côté cognitif et tout, il assimile rapidement les informations. Je pense qu’il a ce qu’il faut pour aller loin. »

Chez MMA Factory, Gane s’est retrouvé dans l’environnement idéal pour se développer. Avec notamment Ngannou, qui est déjà bien établi dans l’UFC, il ne manque pas de bons partenaires d’entraînement

« On a des lutteurs qui ont été sélectionnés pour les JO, comme Slim (Trabelsi), on a du très bon potentiel en termes de sparring, de coaching et de préparation physique. Je me sens très chanceux par rapport à tout le staff à MMA Factory. On a aussi fait pas mal de rencontres depuis qu’on vient au Canada, on a des propositions à gauche et à droite pour s’entraîner quand on est de passage ici », dit le combattant.

« On a vraiment de la chance d’avoir probablement le meilleur contingent de poids lourds en Europe, avec entre autres beaucoup de jeunes qu’on ne connaît pas encore sur la grande scène internationale mais qui sont très bons, vante également M. Lopez. Je pense à Robson (Gregory Robinet) qui est sur cinq victoires consécutives dans notre équipe, je pense à Slim, à propos duquel j’aimerais négocier avec Stéphane pour qu’il vienne ici parce que c’est un jeune qui est un très bon lutteur et qui a beaucoup évolué en boxe. Je pense à Sofiane Boukichou qui est un grand combattant de Cage Warriors. On a une grosse série de poids lourds en tout cas. Il y a en plus Jerome Le Banner qui bien entendu apporte sa touche d’expert pour ce qui est du striking et même en lutte. La préparation de Ciryl va donc très bien parce qu’il est bien entouré, autant dans la préparation physique que mentale. »

C’est sans oublier les frères Lapilus, qui évoluent tous deux au sein de TKO. Taylor affrontera Nate Maness pour la ceinture des poids coqs qui appartient à ce dernier vendredi prochain à Gatineau, alors que l’aîné, Damien, se bat chez les légers. Il en sera d’ailleurs plus amplement question mardi dans un autre article en marge du gala TKO48.