C’est jeudi qu’avait lieu la pesée officielle en vue du gala TKO 42 de samedi soir, à la Place Bell de Laval.

 

Caio Machado est le seul à ne pas avoir respecté la limite après avoir éprouvé des problèmes la veille de son combat contre Nathan Maness. Les autres ont fait le poids, incluant Michael Dufort, qui s’est finalement décidé à grimper chez les mi-moyens après de nombreuses coupes difficiles à 155 livres qui l'ont même une fois mené à l'hôpital.

 

Sans être l’évènement principal de la soirée, c’est probablement le combat entre Charles Jourdain et Matar Lo qui retiendra le plus l’attention, chez les plumes. Plusieurs sont effectivement curieux de voir comment Jourdain va rebondir après sa défaite en championnat contre TJ Laramie, qui lui défendra sa ceinture contre le Brésilien Joao Luiz Nogueira en grande finale. Jourdain (5-1-0, 4 K.-O. et 1 soumission) avait surtout mal paru en étant complètement neutralisé au sol, gâchant ainsi sa fiche jusqu’alors parfaite. Sa dernière sortie en décembre a exposé certaines lacunes contre un lutteur aguerri et il y est allé d’une comparaison imagée pour expliquer que les deux hommes ne se battaient pas tout à fait à armes égales.

 

« Dans les arts martiaux mixtes, une chose que je n’avais pas encore comprise avant ce combat-là, c’est que c’est bon de savoir le plan de l’adversaire. Partons du principe d’un guerrier samouraï qui se bat avec un sabre contre quelqu’un qui a un bâton. La seule façon de bien connaître comment la personne va pouvoir m’attaquer, c’est de savoir comment manier son bâton. Ce que je veux dire par là, c’est que c’est bon d’avoir une connaissance de la force de TJ, soit la lutte, mais si je ne sais pas moi-même la manier, si je n’ai pas moi-même de connaissances en lutte, je n’aurai pas l’efficacité pour la défendre. J’avais besoin d’ouvrir mes horizons sur de nouveaux aspects des arts martiaux mixtes, dont beaucoup la lutte. C’est pour ça que je suis revenu rapidement à la compétition contre Matar Lo, parce que Matar n’a pas la même morphologie que TJ. Dans tous les combats que j’ai faits dans ma carrière, tout ce qui s’est passé debout a toujours été en ma faveur. Les deux seules défaites que j’ai eues chez les amateurs, c’était contre des gars qui ont fait exactement ce que TJ a fait. Ils étaient plus petits, trapus, et ils me maintenaient au sol. Quand on m’a proposé Matar Lo, je n’ai pas eu d’hésitation. Ça n’empêche pas que je suis l’un des meilleurs striker de la division et je vais pouvoir le prouver parce que Matar a quand même monté les échelons rapidement. »

Sans s’apitoyer sur son sort du dernier combat, Jourdain n’a pas caché que la prestation de Laramie avait donné lieu à une sorte d’anti-spectacle.

« Moi j’étais là pour combattre ce soir-là, TJ était là pour gagner. Si j’ai monté les échelons, c’est en donnant des performances que les gens attendaient. Vendre des billets, c’est aussi une chose qui est importante pour moi, parce que plus tu vends des billets, plus la compagnie est contente et plus elle fait un chiffre d’affaires qui peut être intéressant. Ça permet d'acquérir de la notoriété. »

« Mais bravo à TJ, il sera quand même du combat principal et il y a beaucoup de gens qui sont intrigués par cet affrontement, sauf que ce soir-là, son plan ce n’était pas de terminer ou d’outstriker Charles Jourdain, c’était de le contrôler. Il l’a fait à merveille, je n’ai pas trouvé une seule faille qui m’aurait permis de m’en sortir de la façon qu’il contrôlait mes hanches. »

Qu’à cela ne tienne, Jourdain dit avoir été capable de tourner la page rapidement après ce premier revers.

« Aussitôt que la cloche a sonné après le cinquième round, j’ai tout de suite accepté. Il ne faut pas garder d’amertume là-dessus : tu acceptes que tu as perdu, tu acceptes que tu as mal performé et que l’autre personne a été meilleure que toi. Et une fois que c’est accepté, ça te donne le feu vert pour t’améliorer et repartir sur d’autres bases. »

Dans cette optique, l'athlète de 22 ans dit passer énormément de temps à s'exercer en lutte. Il travaille avec Gia Sissaouri, un ancien olympien qui entraîne également son jeune frère Louis ainsi que Yoni Sherbatov.

Matar Lo, un adversaire unidimensionnel?

 

Même si aucune ceinture ne sera à l’enjeu samedi, il s’agit tout de même d’un mégacombat contre Matar Lo (3-1-0, 3 K.-O.) dans l’organisation.

 

Les deux sont surtout reconnus pour leurs aptitudes debout. Du haut de ses 6 pi 2, Lo domine également au niveau de la portée, mais Jourdain n’y voit pas de réel désavantage une fois dans la cage. De plus, la situation ne lui est pas complètement étrangère puisque physiquement, il compare un peu le Sénégalais d’origine à Wally Lidji, qu’il avait battu par K.-O. technique il y a un peu plus d’un an.

 

« Matar, c’est juste qu’il essaie plus. Wally était plus en train de mettre des trappes et il attendait, il était plus patient. Matar lance des attaques pour lancer des attaques, mais il ne lance pas une attaque pour préparer quelque chose sur un autre angle. Il est très single shot. Ça se peut qu’il se soit amélioré, mais dans plusieurs de ses combats, c’est souvent ça, des pokes, et à un moment donné quelque chose va finir par faire mal au gars. Quand il a battu Charles Hupperetz, il a aussi dit qu’après l’avoir pincé une fois, il avait vraiment mal à la main, et que quand Charles a continué à avancer sur lui, ça le stressait, il n’aimait pas ça. »

Lo a gagné ses trois derniers combats, tous avant la limite, depuis qu’il est monté chez les poids plume. Il a d’ailleurs été nommé recrue de l’année chez TKO en 2017. Mais Jourdain, de Beloeil, doute que son rival de 27 ans ait les outils pour le surprendre. Même qu'il a mis l'accent sur le fait qu'il semblait unidimensionnel.

 

« Juste debout, on a un plan en cinq phases avant de commencer à transitionner au sol. Certains pensent trop en deux dimensions : si ça va mal debout, va au sol; si ça va mal au sol, va debout. Mais si ça ne va pas bien en striking, c’est peut-être que tu fais quelque chose de mal. Pensons à Floyd Mayweather : quand il boxe, oui c’est seulement une dimension, mais quand il s’est battu contre Conor McGregor, les gens ne voient pas qu’il a changé de type de défense 4-5 fois. Il voyait que contre les cordes ça n’allait pas bien, donc il est resté en avant et il était plus offensif. Des phases de striking, il y en a plusieurs, et c’est pour ça que je dis que Matar est très unidimensionnel parce que c’est toujours une attaque, puis une autre attaque, etc. Je ne me souviens plus contre qui (Maxime Soucy, NDLR) il était allé vers le bas et était revenu avec un coup de pied vers le haut. Il a vu que ça avait marché et il a répété contre Hupperetz peut-être huit fois d’affilée. Mais ça ne marche pas comme ça, l’autre ne va pas tomber dans le piège. Notez bien ça, demain il va lancer un coup vers le bas et il va commencer à aller attaquer vers le haut en pensant que comme gaucher, il va venir me chercher derrière la tête comme il a fait avec l’autre. Je pense qu’il a eu Hupperetz parce que ce dernier a abandonné. Ça ne lui tentait plus et il est arrivé avec un bagage d’excuses après. Matar l’a dit, il était content que Charles abandonne comme ça. Moi je ne partage pas ce bagage-là. Ses attaques vont faire mal, oui, mais j’ai un but, retourner sur le chemin de la victoire, et je vais tout faire pour y arriver. »

Durant la pesée, Jourdain était assis juste à côté de Laramie, qui l’a privé du titre, et les deux athlètes semblaient partager la même opinion sur Matar Lo, qui s'entraîne à Ottawa au gymnase New Era Combat Sports sous la tutelle de Jeff Harrison.

« Il (TJ) m’a dit : "tu es une des personnes les plus résistantes que je connaisse. Je pense que Matar va commencer à descendre un peu dans sa confiance quand il va voir qu’on est capable d’absorber ses coups". »

« Puis quand Patrick Lono (l’annonceur maison) a demandé à Matar comment ça allait se passer demain, il s’est contenté de dire : "Je vais faire un bon combat, je vais bien performer". Il n’a jamais eu quelque chose de spécifique à amener comme TJ. Et quand on lui a demandé comment il s’est préparé pendant son camp, il a juste dit : "je me suis entraîné comme d’habitude, mais plus fort". Il a rajouté qu’il n’avait rien fait de spécifique pour moi. Mais quand tu ne fais rien de spécifique... je ne veux pas dire qu’il me prend à la légère, mais... Son personnage me fait beaucoup penser à mon premier adversaire, Wally Lidji. Il est très calme, très posé et il fait bien ses choses, mais je ne pense pas qu’il va vouloir la victoire autant que moi je vais la vouloir cette soirée-là. »

Résultats de la pesée 

 

Championnat des 145 livres (plume)

Joao Luiz Nogueira (145) c. TJ Laramie (145)

 

145 livres (plume)

Matar Lo (145,6) c. Charles Jourdain (145,2)

 

Championnat des 125 livres (mouche)

Malcolm Gordon (124,4) c. Jordan Graham (124,4)

 

185 livres (moyen)

Brendan Kornberger (185,4) c. Francis Charbonneau (184,8)

 

135 livres (coq)

Caio Machado (138,6) c. Nathan Maness (135,4)

 

185 livres (moyen)

Ali Mokdad (185,6) c. Jonathan Vallée (185,2)

Gagner un combat par les mots?

 

170 livres (mi-moyen)

Michael Dufort (170,6) c. Collin Baikie (170,6)

 

125 livres (mouche)

Cleveland McLean (126) c. James Mancini (125,8)

 

135 livres (coq)

Deven McIntyre (135,2) c. Frédérik Dupras (136)

 

Un uppercut percutant!

265 livres (lourd)

Blake Nash (258,2) c. Bobby Sullivan (253,4)

 

135 livres (coq)

Johnny Baldridge (135,6) c. Tariq Ismail (135,6)

 

Peu orthodoxe, mais efficace!

135 livres (coq)

Mateo Vogel (134,2) c. James Clarke (135,6)

 

155 livres (léger)

Alex Paul (154,2) c. Alex O’Neil (154,8)