TKO a repris vie il y a maintenant un peu plus de deux ans. Plusieurs champions ont été couronnés depuis le retour de l’organisation, mais pas encore chez les femmes.

Ça va toutefois changer le 8 février 2019 puisqu’un combat de championnat chez les 125 livres se tiendra enfin à Québec.

Déjà assurée d’en faire partie, mais sans adversaire connue à ce jour, Jade Masson-Wong pourrait devenir la toute première championne de la catégorie. Âgée de 26 ans, elle a mérité cette chance en signant une troisième victoire en autant de sorties vendredi dernier au Centre Bell. Elle a battu Marilyn Micallef grâce à un violent K.-O. technique au troisième round.

Jade Masson-Wong et Marilyn Micallef« C’est sûr que c’est tout le temps un soulagement quand on sort de là avec la victoire, disait Masson-Wong, rencontrée à peine quelques minutes après ce succès. C’est tellement un gros stress et des émotions fortes avant de rentrer qu’une fois que c’est fait, c’est un poids de moins sur les épaules. Ça fait du bien. »

« Après les premiers coups de poings qu’elle a reçus, j’ai vu qu’elle commençait à avoir des marques dans la figure. J’ai vu dans sa face qu’elle avait eu mal et qu’elle s’était dit qu’elle ne devrait pas trop s’approcher. »

Masson-Wong est la conjointe d’un autre combattant qui s’est révélé chez TKO et qui lui a même fait la grande demande devant leurs proches en mai juste après avoir enfilé la ceinture des poids moyens, Marc-André Barriault.

Barriault, qui a éventuellement ajouté une seconde ceinture chez les mi-lourds, est le premier athlète de la nouvelle mouture de l’organisation à avoir signé un contrat avec l’UFC, en novembre. Rares sont les Québécois qui peuvent s’en vanter, mais c’est la preuve que ce rêve qui peut sembler presque impossible à atteindre est pourtant réalisable.

« On voit que c’est un objectif qui est accessible, que c’est possible, soutient Masson-Wong. C’est inspirant. Je suis tout le temps avec mon chum et je sais qu’il travaille fort. C’est sûr que ça ne vient pas tout seul, il faut travailler fort et on sait que c’est possible. »

« Le fait de le côtoyer me montre une certaine manière de faire, même si on est différent et que le parcours est propre à chacun. Ça donne un bon boost pour la suite. »

Moins expérimentée dans le domaine que son copain cependant, Masson-Wong continue donc de tracer tranquillement son chemin. Son prochain défi, le plus grand jusqu'à présent, sera ce fameux combat de championnat l’an prochain. Reste à savoir qui lui fera face dans la cage.

Corinne Laframboise« On m’avait dit avant mon dernier combat : "Si tu gagnes, tu vas avoir un combat de championnat". Je connaissais les enjeux d’avance. Je sais que Corinne Laframboise a parlé après son combat et elle a dit : "Jade, je m’en viens à Québec". Sauf que je l’ai déjà battue à mon dernier combat (en septembre, NDLR). Je pense qu’on va se réaffronter éventuellement, mais personnellement je trouve que ce serait trop rapide vu que ça fait juste deux mois de ça. Cela dit, je ne sais pas qui d’autre ce serait sinon. »

Laframboise (3-2-0) demeure la meilleure candidate possible selon Patrick Côté, qui était l’un des hommes de coin de cette dernière vendredi passé.

« Ce serait logique que Corinne ait un combat de championnat du monde. La première fois, ç’a avait été une décision très serrée. Ce n’est pas comme si ça avait été une démolition incroyable, argumente Côté, ancien de l’UFC et actuel analyste à RDS. À un moment donné, quand tu te bats pour le championnat, il faut juste que tu prennes le défi qui se trouve devant toi. Et Corinne, ça ne lui dérange pas d’aller se battre chez Jade, ça ne change rien pour elle. »

Comme les deux femmes performaient sur la même carte vendredi dernier, il va sans dire que Côté a regardé attentivement le combat de Masson-Wong.

« On a observé son combat. Jade est super bonne. Elle est agressive, elle est puissante debout, ça on le sait. Mais dans un autre combat, bien des choses peuvent changer », prévient-il.

Combattre l’asthme

En février, Masson-Wong aura donc disputé quatre combats en un an environ. C’est un rythme soutenu qui lui plaît, mais qui est particulièrement exigeant. La période des Fêtes ne lui offrira qu’une très courte pause.

« C’est le fun. Par contre, c’est sûr qu’il faut aimer ça parce que c’est tout le temps intense et que ça n’arrête quasiment pas. Je finis un camp d’entraînement et j’en recommence un autre aussitôt. On sait que février, ça aussi ça s’en vient vite. Pendant le temps des Fêtes, ça va être assez relax, mais je vais en profiter quand même un peu. »

À chacun de ses duels, Masson-Wong doit qui plus est livrer un double combat : contre l’adversaire qui se trouve devant elle et contre l’asthme. Après sa première prestation impliquant des rounds de cinq minutes en mai, elle avait d’ailleurs admis avoir eu de la difficulté à passer à travers, mais elle s’en est tout de même tirée avec la victoire aux dépens de Maggie Poulin. C’est donc un enjeu quotidien pour elle, et surtout une source de préoccupations en compétition.

« Je travaille tout le temps là-dessus. C’est mon plus gros combat je dirais, c’est vraiment la chose qui me stresse le plus. La semaine passée, j’ai eu un rhume et il n’était pas terminé avant de me battre, donc au premier round, je sentais que je devais en donner plus mais je voyais en même temps que mon énergie baissait et je ne savais pas comment ça allait virer. Je dois toujours tempérer mon énergie. J’espérais que ça ne m’affecte pas trop. Le premier round, je l’ai senti, mais heureusement que ça s’est ajusté au deuxième. »

La semaine dernière, Masson-Wong se battait pour la première fois à Montréal après deux combats à Québec, à la maison. Tout son entourage ne pouvait être présent mais elle comptait comme d’habitude sur son père Perry, un ancien judoka qui lui a transmis la passion pour les sports de combat.

Elle a commencé à pratiquer la boxe à partir de 13 ans, par pur plaisir, avant de se convertir plus tard aux arts martiaux mixtes et d’en faire une carrière.

Aujourd’hui, François Duguay est son entraîneur de boxe, mais à l’époque, elle reçevait les bons conseils d'Éric Martel-Bahoeli, un boxeur désormais à la retraite qui était lui-même le protégé de Duguay.

« Mon père est tout le temps à mes côtés. Je suis contente, il est toujours là pour me supporter, il me suit partout et c’est vraiment important pour moi », conclut-elle, reconnaissante.