David Lemieux tentera de devenir le premier champion du monde unifié québécois de l’histoire, alors qu’il affrontera Gennady Golovkin samedi soir au Madison Square Garden de New York.

Lemieux est devenu le 15e champion originaire de la Belle Province en battant Hassan N’Dam pour mettre le grappin sur le titre des poids moyens de l’IBF en mai dernier au Centre Bell.

Considéré comme la future grande vedette de la boxe au Québec, Lemieux a connu quelques accros en 2011 avant de ne plus jamais subir la défaite par la suite. Portrait en cinq temps.

1. Lemieux contre Elvin Ayala, le 11 juin 2010 au Stade Uniprix de Montréal

Après avoir remporté 21 de ses 22 premiers combats avant la limite, Lemieux est la tête d’affiche d’un gala présenté au Stade Uniprix et télédiffusé aux États-Unis sur les ondes d’ESPN.

À ce moment, Ayala représente son plus grand défi en carrière, lui qui s’était incliné au 12e round devant le champion des moyens de l’IBF Artur Abraham deux ans plus tôt. Il s’agissait de la seule de ses quatre défaites qui n’avaient pas été subies par décision des juges.

Lemieux profite de la tribune qui lui est offerte en liquidant Ayala en 2:42, après l’avoir envoyé trois fois au tapis. Il met ainsi un baume sur une soirée désastreuse pour Groupe Yvon Michel, puisque trois boxeurs de l’organisation - Patrice L’Heureux, Manolis Plaitis et Sébastien Demers - avaient précédemment perdu. Lemieux s’empare aussi de la ceinture internationale du WBC.

Dans sa chronique sur RDS.ca, le promoteur Yvon Michel explique que Lemieux en a impressionné plus d’un grâce à sa prestation. Les dirigeants du réseau américain HBO s’intéressent également au jeune cogneur qui n’est âgé que de 21 ans à ce moment-là.

2. Lemieux contre Marco Antonio Rubio, le 8 avril 2011 au Centre Bell

Fort de victoires expéditives sur Hector Camacho fils et Purnell Gates en octobre et décembre 2010, Lemieux décide d’affronter Marco Antonio Rubio dans un combat éliminatoire des moyens du WBC, malgré les recommandations contraires de son entraîneur Russ Anber.

Même si Lemieux ne compte que 55 rounds d’expérience - contre 239 pour Rubio -, il ne multiplie pas les rounds de sparring à l’entraînement. « Nous avons sacrifié la quantité au profit de la qualité », expliquait Anber dans la semaine précédant le combat. Qu’à cela ne tienne, les preneurs aux livres favorisent le cogneur québécois à 16-contre-1 à un certain moment.

L’entourage de Lemieux n’est pas chiche sur les superlatifs pendant la promotion. « David a une main sur le coffre-fort », dit Bernard Barré. « Pour David, le futur commence vendredi », ajoute Yvon Michel. Lemieux leur donne ensuite raison en dominant les cinq premiers rounds du duel.

Mais il commence cependant à montrer des signes d’exaspération pendant ce cinquième assaut en tirant la langue pendant un corps-à-corps, alors qu’il jette un regard en direction des spectateurs présents. Rubio prend ensuite le contrôle au sixième avant d’enregistrer une chute au plancher - les câbles empêchant Lemieux de se retrouver au sol - au milieu du septième.

Voyant ensuite son protégé complètement désemparé et qu’il a - malgré tout - encore tout l’avenir devant lui, Anber agite le bras droit pour signaler à l’arbitre Marlon B. Wright que le carnage a assez duré. La porte du coffre-fort se referme ainsi brutalement. « L’expérience acquise aujourd’hui ne s’achète pas. Ça freine évidemment l’élan que nous avions, mais je suis convaincu que David reviendra en force », lance Michel en conférence de presse après le revers.

Ce combat marquera également la conclusion de l’association entre Anber et Lemieux.

3. Lemieux contre Joachim Alcine, le 10 décembre 2011 au Centre Bell

Lemieux est toujours inactif depuis qu’il a subi sa première défaite, alors que le RDS.ca révèle en octobre que des discussions sont en cours afin de présenter un combat contre Joachim Alcine. La carrière de l’ancien champion des super-mi-moyens de la WBA vacille depuis qu’il a été brutalement détrôné par le Portoricain Daniel Santos en juillet 2008 au Stade Uniprix.

À l’époque, la réaction est quasi unanime : Alcine n’a aucune chance de s’en tirer vivant contre Lemieux, d’autant plus qu’il a dû se contenter d’un verdict nul devant l’obscur Jose Medina à sa dernière sortie. Ce combat marque les débuts de Marc Ramsay, qui succède à Anber après que ce dernier eut largué Lemieux en octobre. « Pour le bien-être de sa carrière et pour ma santé mentale, c’était mieux comme ça, déclare Anber dans une conférence de presse.

Alcine se donne en spectacle pendant la dernière conférence de presse en tenant des propos confus, après avoir prétendu que Michel lui avait mis des bâtons dans les roues. Il sort ultimement un lapin de son chapeau en l’emportant par décision majoritaire. « Ç’a été un combat difficile. Beaucoup plus dur que mes combats de championnat du monde », avouera-t-il.

« Nous avions sous-estimé Joachim Alcine. Nous nous attendions à une forte opposition, mais jamais comme ça », reconnaîtra Michel. Lemieux ne perdra toutefois plus jamais par la suite.

4. Lemieux contre Gabriel Rosado, le 6 décembre 2014 au Barclays Center de Brooklyn

À la suite de ses défaites devant Rubio et Alcine, Lemieux retourne à la base et effectue plusieurs combats de remise en forme. Avant un duel contre Albert Ayrapetyan en décembre 2012, Michel explique qu'il ’s’agit du premier d’une série de combats préparatoires en vue d’un choc face à Sergio Martinez en mars 2014. Cela ne se concrétisera jamais, mais Lemieux obtient une première chance de se faire valoir sur HBO en décembre 2014 contre Gabriel Rosado. Étrangement, il signe à ce moment-là un contrat d’un combat avec Golden Boy Promotions.

« Il a perdu contre les plus gros noms de la division des moyens, mais il a gagné son dernier combat contre Bryan Vera, fait remarquer Lemieux. C’est un gars qui vient pour se battre et si tu n’es pas en forme, ça risque de mal aller pour toi. Il est rapide, fort et a de bonnes mains. »

« C’est un adversaire solide qui est réputé pour avoir un menton de granit, ajoute son entraîneur Ramsay. David est assuré de faire des rounds et il en est conscient. Il y a eu beaucoup de critiques quant aux choix des adversaires et c’est le temps de montrer une évolution. »

Rosado visite le plancher au troisième round après avoir reçu un uppercut de la main gauche au visage. L’arbitre met ensuite fin au combat au dixième sur recommandation du médecin en raison des dommages à l’œil gauche - extrêmement tuméfié - du boxeur de Philadelphie.

5. Lemieux contre Hassan N’Dam, le 20 juin 2015 au Centre Bell

Après que Golden Boy Promotions - avec qui Lemieux est maintenant sous contrat au grand mécontentement de Michel - eut remporté l’appel d’offres pour l’obtention de l’organisation du combat, N’Dam clame sur toutes les tribunes qu’il ne recevra que 51 000 $US pour se battre. « À la fin, il ne restera plus rien », déplore son entraîneur Mustapha Ouicher.

Cette frustration restera en trame de fond jusqu’au dernier instant, les Français se plaignant tantôt du choix de l’arbitre et des juges ainsi que du per diem versé pendant leur séjour à Montréal. Comme si ce n’était pas assez, ils en rajouteront le jour de la pesée en prétendant que Lemieux s’était fait vomir dans les toilettes afin de respecter la limite de 160 livres. À micro fermé, Ouicher ne cachera pas qu’il y a une grande part de spectacle dans son indignation.

Lemieux ne répondra jamais à ces accusations, laissant plutôt Ramsay et son gérant Camille Estephan répliquer. Il donnera sa véritable réponse le soir du combat, envoyant N’Dam à quatre reprises au tapis aux deuxième, cinquième - deux fois - et septième rounds. Il gagne finalement par décision unanime dans un combat où les chutes ont néanmoins été déterminantes. Lemieux est également arrivé là où tout le monde l’attendait : champion du monde des moyens de l’IBF.

« Je suis très content, champion du monde, ce n’est pas n’importe quoi, laisse tomber Lemieux après son triomphe. N’Dam est un tough et ne me l’a pas donné facile. J’ai mérité ma victoire. »

Fidèle à leur attitude depuis le début de la semaine, N’Dam et son équipe seront quant à eux incapables de donner à Lemieux tout le mérite qui lui revient. « Lemieux a été bien soutenu par son promoteur, ce qui n’a pas été notre cas », mentionnera notamment Ouicher.