Au moment d’écrire ces lignes, je viens d’apprendre la mort d’Henri Richard des suites de la maladie d’Alzheimer. Vous m’auriez dit qu’Henri quitterait cette basse terre avant moi et je vous aurais obstiné à mort.

Henri, c’est le plus grand des petits hommes qu’il m’a été donné de connaître au cours des ans. C’est vrai qu’il ne parlait pas beaucoup, qu’il ne parlait pas tellement fort, mais quand il parlait, ça comptait.

S’il avait été militaire, il aurait été membre des forces spéciales, tellement son désir de vaincre dépassait parfois les bornes. Et je suis convaincu que si les portes du Paradis n’étaient pas ouvertes quand il y a fait son apparition, il les a défoncées.

J’ai eu l’honneur de connaître quatre des frères Richard. Maurice, Henri, Jacques et Claude.

Tous étaient de bons joueurs de hockey, mais Henri était, après Maurice, le meilleur des quatre.

« The kid is ready! »

À 5’ 7’’, Henri a été un des meilleurs joueurs du Canadien au cours des ans. Il a fait son entrée avec le Tricolore au cours de la saison 1955-1956, sur les recommandations de Maurice, qui avait suggéré au directeur général du temps, Frank Selke : « The kid is ready... »

Henri venait ainsi de terminer sa carrière junior avec le Canadien junior de la Ligue de hockey junior du Québec.

Malheureusement pour lui, Henri a toujours joué dans l’ombre de son célèbre frère. Mais je ne l’ai jamais entendu se plaindre. Par contre, je me suis toujours demandé ce qu’on aurait dit de lui s’il n’avait pas été le frère du Rocket?

Combien vaudrait-il?

S’il jouait encore aujourd’hui, il toucherait certainement un salaire variant entre six et huit millions de dollars et peut-être plus. Je sais qu’en fin de carrière, il aurait pu aller jouer dans l’AMH pour une somme supérieure à tout ce qu’il avait touché avec le Canadien. Il refusa préférant rester auprès des siens.

Concert d'éloges pour le Pocket Rocket

Sur la glace, Henri n’a jamais reculé devant personne. Il était capable de prendre une bonne mise en échec et savait comment répliquer. Son coup de patin était parmi les meilleurs de la LNH.

À l’extérieur de la patinoire, Henri excellait au golf et au tennis. Disputer une ronde avec lui était un exploit qui sortait souvent de l’ordinaire. Tout comme son frère Maurice, Henri détestait perdre, même s’il jouait contre lui-même. Ce que je peux vous dire, c’est que les manufacturiers de bâtons de golf ont fait énormément d’argent avec lui. Par contre, souvent il se plaignait que son épouse avait souvent l’avantage sur lui au golf.

Autre fait qui me revient à l’esprit, c’est cette journée au Centre Immaculée Conception où on devait prendre des cours de plongée sous-marine. Gérard Maillefer, un caméraman de Radio-Canada, était avec nous.

Henri a tenté l’expérience, mais il est remonté en surface après seulement quelques secondes sous l’eau prétextant que ce sport n’était pas fait pour lui.

Il aimait jadis Englebert

Henri demeurait à cinq minutes de chez moi à Laval, sur le boulevard de la Concorde. Aujourd’hui, la maison où lui et son épouse Lise ont élevé leurs enfants n’existe plus. Elle a été démolie pour faire place au pont de la Concorde, au-dessus de l’autoroute 19.

L'héritage légendaire d'Henri Richard

Je me souviens d’un soir à son domicile, pendant une partie de carte, son épouse lui fit remarquer qu’il faisait un peu froid dans la maison. Après vérification Henri a constaté que la fournaise ne fonctionnait pas. Or, ce fut le coup de fil au réparateur.

Une heure plus tard, le réparateur s’est présenté au domicile et en ouvrant la porte, il resta bouche bée. « Mais c’est vous... c’est bien vous... monsieur Richard! » n’en revenait pas le technicien.

Dans mes souvenirs, je me rappelle aussi qu’Henri aimait la musique. Son chanteur préféré du temps était Englebert Humperdink , mais son épouse était plutôt une admiratrice de Tom Jones. Inutile de vous qu’il y avait souvent contestation autour du tourne-disque.

Du cran... du vrai cran!

Pour vous dire comment Henri pouvait avoir du cran, je vous rappelle cet incident entre lui et Serge Savard. C’était au début des années 1970 et Henri avait été nommé capitaine du Canadien.

Henri Richard célébré partout dans le monde

À un certain moment, après une série de défaites sur la route, un journaliste rapporta dans son journal que les joueurs s’amusaient un peu trop sur la route, même après une défaite. Ce qui amena Savard à suggérer de refuser totalement l’accès au vestiaire aux membres des médias.

Henri Richard se leva et d’un bond affronta Savard, de presque un pied plus grand que lui. « Ces gars-là ont un travail à faire, donc laissons-les faire », a-t-il lancé d’un ton belliqueux.
Savard a alors rétorqué : « Si tu les aimes tant que cela les journalistes, pourquoi ne couches-tu pas avec eux? »

Immédiatement, Henri laissa partir une gifle au visage de Savard et tout de suite, les coéquipiers se sont interposés. Heureusement, le grand défenseur du Canadien n’a pas donné suite. Mais ceci vous donne une petite idée du caractère du Capitaine.

C’est au cours de la saison 1955-1956 qu’Henri Richard a fait son entrée avec le Canadien. Il s’est installé sur le deuxième trio de l’équipe en compagnie de Bernard Geoffrion et Dickie Moore. Alors âgé de 19 ans et ayant fait le saut directement du junior, il parvint à disputer 64 parties et à compter 19 buts et ajouter 21 passes pour un total de 40 points et 46 minutes de pénalités, ce qui était tout de même assez impressionnant pour une recrue du temps.

Aujourd’hui, je me souviens d’Henri Richard comme un vrai pro du hockey de l’ancien temps, où c’était beaucoup plus violent, pour ne pas dire brutal, qui a disputé 1256 parties dans la Ligue nationale. Il a compté 358 buts et fourni 688 passes pour un total de 1046 points.

Onze coupes Stanley

Dans ma mémoire lointaine, je sais qu’il a été capitaine du Canadien en 1971, qu’il a gagné 11 coupes Stanley, un record qui ne sera probablement jamais battu.

Je me rappelle qu’il a été choisi sur la première équipe d’étoiles de 1957-1958 et sur la deuxième au cours des saisons 1958-1959, 1960-1961 et 1962-1963. Que son nom a été mentionné parmi les 100 plus grands joueurs de la Ligue nationale. Que le numéro 16 qu’il portait avec le Canadien, la seule équipe avec laquelle il a porté les couleurs, a été retiré en 1975.

Comment oublier qu’il a été le récipiendaire du trophée Bill Masterton en 1973-1974, capitaine d’honneur du match des étoiles de 1993 pour l’Association Prince-de-Galles. Qu’il a gagné le trophée Joseph-Cattarinich à titre de joueur le plus utile de la saison en 1968-1969 et 1972-1973. Qu’il a été admis au Temple de la Renommée du hockey en 1979 et admis au Panthéon des sports du Québec en 1991.

À Lise, son épouse et ses enfants, ainsi qu’à toute sa famille, j’offre mes plus sincères condoléances. L’Alzheimer a eu raison d’un dur de dur sur la glace, mais extrêmement gentil à l’extérieur. Aujourd’hui, c’est Maurice qui est le frère d’Henri.

Beterbiev parmi les meilleurs

Il y a belle lurette qu’un boxeur de chez nous a été présenté parmi l’élite des pugilistes dans le monde entier. Artur Beterbiev, toujours invaincu chez les mi-lourds, occupe le 9e rang dans le classement de la revue Ring Magazine, une sorte de bible de la boxe depuis 1922, l’année de sa fondation.

Par ailleurs, Steve Kim d’ESPN donne aussi le 9e rang des meilleurs pugilistes au monde à Tyson Fury, le tombeur de Deontay Wilder et le nouveau champion WBC des lourds. Il s’agit d’une première nomination pour le géant britannique.

L’autre boxeur québécois d’adoption dont Kim mentionne le nom est le poids lourd Arslanbek Makhmadov, toujours invaincu après 10 combats.

C’est Camille Estephan et Antonin Décarie qui seront heureux d’apprendre la nouvelle. On retrouve, sur ESPN, le nom de Makhmudov parmi les meilleurs poids lourds en puissance.

Les vedettes de demain

Le groupe avec lequel se retrouve Makhmudov est impressionnant. On y identifie les meilleurs poids lourds, qui un jour, devraient se retrouver en lice pour un match de championnat mondial.

Parmi eux, Kim cite les noms d’Agit Kabayel (19-0, 13 K.-O.), Frank Sanchez (14-0, 11 K.-O.), Efe Ajagba (12-0, 10 K.-O.), Filip Hrgovic (10-0, 8 K.-O.) et Makhmudov (10-0, 10 K.-O.).

Il donne l’évaluation de « diamant » à Daniel Dubois (14-0, 13 K.-O.) et c’est compréhensible. Il a tout détruit par knock-out sur son passage, exception faite du vétéran américain Kevin Johnson, qui l’a obligé à se rendre à la limite de 10 assauts.

On aura une meilleure idée du talent de Dubois le 11 avril prochain, alors qu’il affrontera son grand rival Joe Joyce (10-0, 9 K.-O.), à Greenwich, en Grande-Bretagne.

Voici ce que Steve Kim écrit au sujet de Makhmudov : « Ce Russe d’origine est un super cogneur. Tout ce qu’il frappe, blesse son rival. Ce qu’il manque en élégance sur le ring, il compense par sa force brutale. Les knock-out qu’il a réussis jusqu’ici font souvent peur pour la santé de l’adversaire. »

Force : force de frappe incroyable et une confiance inébranlable en lui-même sur le ring.

Faiblesses : n’est pas tellement rapide et sa résistance aux coups de l’adversaire est inconnue.

Dubois, un vrai diamant

Alors que Dubois a souillé les fiches vierges d’Ebenzer Tetteh (16-0, 16 K.-O.) et de Nathan Gorman (16-0, 11 K.-O.), Makhmudov n’a pas encore réussi à vaincre des boxeurs de ce calibre.

Le seul gros nom qu’on retrouve à sa fiche est celui de l’ex-champion Samuel Peter (38-9, 31 K.-O.) maintenant âgé de 39 ans et complètement usé à la corde. Il n’a fallu que 2 minutes 23 secondes à Makhmudov pour assommer Peter, un exploit que personne d’autre n’avait réussi en aussi peu de temps avant lui.

Peter avait été battu par mise hors de combat à cinq occasions avant d’affronter Makhmudov, mais jamais personne ne l’avait assommé aussi rapidement.

C’est peut-être le nom de Peter sur la liste des victimes de Makhmudov qui a attiré l’attention de Kim. Si on parvient à l’opposer à des adversaires de meilleure qualité et qu’il poursuit sa série de succès, il se retrouvera lui aussi parmi les meilleurs aspirants « livre pour livre » sur la planète, un de ces jours.

Voici la liste des meilleurs boxeurs « livre pour livre » selon The Ring :

1- Saul « Canelo » Alvarez (53-1-2, 36 K.-O.)
2- Vasiliy Lomachenko (14-1, 10 K.-O.)
3- Naoya Inoue (19-0, 16 K.-O.)
4- Terence Crawford (36-0, 27 K.-O.)
5- Oleksandr Usyk (17-0, 13 K.-O.)
6- Errol Spence fils (26-0, 21 K.-O.)
7- Gennadiy Golovkin (40-1-1, 35 K.-O.)
8- Juan Francisco Estrada (40-3, 27 K.-O.)
9- Artur Beterviev (15-0, 15 K.-O.)
10- Manny Pacquiao (62-7-2, 39 K.-O.)

Bonne boxe!