Après Porter, c’est au tour de Pacquiao
Boxe dimanche, 29 sept. 2019. 18:08 vendredi, 29 mars 2024. 02:47Shawn Porter n’a certainement pas paru comme un négligé des parieurs à 10 contre 1 samedi soir au Staples Centre, de Los Angeles. Il a perdu son titre par décision partagée, mais il a chèrement vendu sa peau.
Errol Spence coiffe aujourd’hui deux couronnes, celle de la WBC et celle de l’IBF, mais contrairement à ses triomphes précédents, celle-là a été acquise de peine et de misère.
Le juge Larry Hazard voyait même Shawn Porter vainqueur par 115/112 pendant que Ray Danseco et Steve Weisfeld remettaient des cartes de pointage identiques de 116/111 pour Spence.
Porter a donc subi un troisième revers par décision au cours de sa carrière, mais son dossier demeure intact. Il n’a jamais perdu par K.-O..
Spence avait déclaré qu’il serait le premier à mettre Porter hors de combat, mais il n’a pas pu tenir parole tellement Porter a été coriace devant lui.
Une chose est certaine, Shawn Porter a beaucoup mieux fait que Mikey Garcia, la dernière victime de Spence. Mais les choses n’ont pas été faciles. Spence est tombé dans le piège de son rival, un habitué des matchs à courte distance, une sorte de bataille de rue.
Si Spence avait boxé comme il l’avait si bien fait contre Garcia, il n’aurait pas eu à endurer les charges de Porter. D’ailleurs, dans les 11e et 12e assauts, il est revenu à la science de boxe qu’on lui connaissait, obligeant même Porter à mettre les gants au sol en 11e, à la suite d’un solide crochet de la gauche.
Mention honorable
Mention honorable aussi à l’arbitre Jack Reiss. Voyant qu’il avait deux champions devant lui, il s’est interposé strictement dans les moments où il devait le faire, démontrant son professionnalisme, ce qui a valu un spectacle du tonnerre.
Après avoir vu Spence avoir le meilleur sur Porter, je crois qu’il peut faire la même chose avec Manny Pacquiao, mais je ne suis pas certain qu’il pourrait venir à bout de Terence Crawford et ainsi coiffer toutes les couronnes chez les mi-moyens.
Bien que Ryan Garcia presse Spence de lui accorder un combat de championnat, c’est vers Manny Pacquiao que se tourne le double champion. Naturellement, c’est contre Terence Crawford que l’on voudrait voir Spence monter sur le ring à son prochain combat, mais c’est peu probable.
Spence et Porter ont touché tous deux 2 millions $ pour leur affrontement de samedi et tous deux ont droit à un pourcentage sur les recettes de la télévision payante, et c’est là que les choses accrochent.
Spence n’est pas sans savoir que l’affrontement entre Crawford et Amir Khan, en avril dernier, n’a rapporté que 150 000 acheteurs sur ESPN/payant. Or, c’est certain qu’un match contre Pacquiao lui rapporterait beaucoup plus.
La foule qui a rempli le Staples Center à Los Angeles en a eu pour son argent et je suis convaincu que ces ardents partisans aimeraient revoir les deux hommes dans un match revanche.
Cette fois, Porter a visité le tapis au 11e engagement, ce qui a valu un round de deux points à Spence. Porter avait été plus chanceux contre Adrien Broner en juin 2015. Là aussi il avait visité le tapis en 12e reprise, mais était parvenu quand même à s’en tirer avec une victoire par décision.
Il y a 38 ans...
J’ignore si ce match serra en nomination pour le combat de l’année, mais il aura certainement des votes.
Il y a 38 ans, le 16 septembre 1981, un des meilleurs combats chez les mi-moyens dont on parle encore aujourd’hui avait été choisi le match de l’année par la revue RING. C’était la fameuse confrontation entre Sugar Ray Leonard, le champion de la WBC, et Thomas Hearns, le monarque de la WBA,
Hearns était favori à 7 contre 5 pour triompher. C’était mal connaître Sugar Ray. Hearns a pris les commandes dans la première partie du combat tout comme Porter, mais dans la deuxième partie ce fut une toute autre histoire. Leonard, qui tirait de l’arrière, a alors ouvert les valves, si bien qu’en 13e Hearns se retrouvait au tapis, puis en 14e c’est l’arbitre qui a dû intervenir et mettre un terme au combat tellement Hearns était amoché.
Sur le bon chemin
Un de ces jours, il faudra bien se rendre à l’évidence... Arslanbek Makhmudov est bon. Peut-être bien meilleur qu’on le pense.
À venir jusqu’ici dans sa courte carrière, il a terrassé tous ceux qu’on a présentés devant lui. Un seul est parvenu à résister à ses solides coups de puissance assez longtemps. C’est Jonathan Rice, qui a souffert le martyre jusqu’à ce qu’il capitule enfin au septième engagement.
Si vous avez vu Daniel Dubois, vendredi soir dernier, disposer du champion d’Afrique Ebenezer Tetteh au premier engagement, vous avez compris que Dubois était une perle rare qu’on retrouve rarement dans le monde de la boxe. Mais est-ce vraiment le cas?
Dubois jouit d’une publicité monstrueuse en Europe. Déjà on dit qu’il pourrait se mesurer à Tyson Fury, Anthony Joshua et Deontay Wilder même s’il n’a que 13 combats à sa fiche.
Une comparaison
Dubois et Makhmudov ont tous deux gagné leur combat de fin de semaine. Dubois a un meilleur jab que Makhmudov, mais le Russe cogne plus fort que lui.
Lequel a le mieux fait selon vous?
Dubois, parce qu’il a abattu son rival dès le premier round?
Non...
Son rival Teteth n’était que l’ombre d’un champion. C’était la première fois qu’il sortait du Ghana pour combattre. Il montrait une fiche de 19-0, mais si vous avez vu sa performance, vous comprendrez qu’il n’avait rien d’un boxeur professionnel.
Il a oublié son protecteur buccal avant de monter sur le ring. C’était évident qu’il avait la trouille aux fesses avant même le son de cloche.
Dès le premier coup de poing, il s’est étendu au sol comme un bébé qui vient à peine de commencer à marcher et à sa deuxième chute l’arbitre a compris qu’il ne faisait pas le poids contre le darling des Britanniques.
Durant ce temps à Montréal, Makhmudov avait devant lui un rival qui était venu pour se battre. Un type dont la seule défaite était un K.-O. aux mains de Tom Schwartz, celui-là même qui, il n’y a pas si longtemps, se mesurerait à Tyson Fury.
Parmi les meilleurs
On a déjà dressé une liste des meilleurs jeunes boxeurs qui pourraient éventuellement devenir champion mondial des poids lourds. Voici comment ces connaisseurs classent leurs meilleurs aspirants.
À noter que la totalité des noms nous viennent d’Europe. Voici le classement des meilleurs jeunes selon BoxRec.
Les noms de Rivas et Kean ne sont pas dans les recherches européennes. Je les ai placés là pour aider à la comparaison.
- No 13 : Filip Hrgovic (10-0-0—7 K.-O.) Croatie 27 ans
- No 15 : Oscar Rivas (26-1-0—13 K.-O.) Colombie 32 ans
- No 18 : Joe Joyce (10-0-0—9 K.-O.) Grande-Bretagne 34 ans
- No 28 : Daniel Dubois (13-0-0—12 K.-O.) Grande-Bretagne 22 ans
- No 29 : Agit Kabayel (19-0-0—13 K.-O.) Allemagne 27 ans
- No 30 : Simon Kean (17-1-0—16 K.-O.) Canada 30 ans
- No 42 : Tony Yoka ( 6-0-0—5 K.-O.) France 27 ans
- No 82 : Arslanbeek Makhmudov (9-0-0—9 K.-O.) Russie 30 ans
J’ai hâte à lundi!
J’ai vraiment hâte à lundi. Supposément que le sort de David Lemieux sera alors décidé.
On n’a pas vu Lemieux à l’œuvre depuis un an, soit depuis qu’il a réglé le cas de Gary O’Sullivan dès le premier round, le 15 septembre 2018.
On me dit que Lemieux est en excellente forme et qu’il s’entraîne régulièrement.
Il est classé troisième aspirant à la couronne de la WBC chez les super-moyens. Je sais que plusieurs noms ont été avancés, mais il faut être prudent dans son cas. Il n’a pas boxé depuis 12 mois et il se relève d’une blessure à une main.
On a déjà parlé de David Benavidez comme rival, mais vous avez vu de quelle façon il a totalement détruit Anthony Dirrell samedi soir dernier pour reprendre son titre WBC des super-moyens. Je doute que Lemieux se retrouve devant lui, surtout que c’est un pugiliste de 6’2’’.
S’il veut se rendre à Liverpool, en Grande-Bretagne, le 15 novembre prochain, il y a un certain Rocky Fielding qui est sans rival présentement.
Fielding est celui qui est parvenu à rester debout pendant cinq rounds face à Saul Alvarez, il y a quelques mois.
Ce serait un bon test pour Lemieux, mais il faut se souvenir que Fielding mesure 6’3’’.
Bonne boxe!