MONTRÉAL - Tout au long de sa carrière, Jean Pascal n'a laissé personne indifférent. Son récent contrôle positif à des produits dopants n'allait certainement pas avoir l'effet contraire.

Vendredi, le journaliste Kevin Iole a rapporté que le combat opposant Pascal au Suédois Badou Jack, prévu le 6 juin, a été annulé parce que le Québécois a échoué à un contrôle antidopage.

Iole, qui couvre la boxe et les arts martiaux mixtes pour le site Yahoo Sports, a partagé sur son compte Twitter que Pascal avait été déclaré positif à trois stéroïdes anabolisants, soit le trenbolone, la drostanolone et le métabolite A de la drostanolone.

Samedi, Pascal a confirmé avoir échoué un test antidopage, ajoutant qu'il congédiait sur-le-champ son préparateur physique.

Le combat de championnat du monde des mi-lourds de la World Boxing Association (WBA), dont il est le champion, qu'il devrait livrer à Jack ce dimanche a été annulé.

Pour un, Antonin Décarie a été soufflé d'apprendre la nouvelle concernant Pascal, son ami depuis plus de 25 ans.

« J'ai été très surpris, comme tout le monde, a déclaré le vice-président d'Eye of the Tiger Management. Jean est un athlète qui a toujours ouvertement été contre le dopage. De tout le temps où j'ai été un partenaire d'entraînement avec lui, jamais (le dopage) n'a été évoqué au sein de son équipe.  »

« J'ai du mal à croire que Jean Pascal ait fait ça, lui qui a toujours prôné un sport 'clean', a poursuivi Décarie. Jean vieillit et on ne s'entraîne plus ensemble: a-t-il été tenté par son préparateur physique? S'agit-il d'un 'test sale'? Ce sont là toutes des hypothèses. (...) Faudra voir si le deuxième test confirme (les résultats du premier). Mais c'est mon bon ami; je lui fais confiance. »

Camille Estephan, président d'EOTTM et qui a brièvement fait affaire avec Pascal dans le passé, semblait pour sa part davantage déçu que surpris.

« Je n'ai pas envie de faire de commentaire sur un gars qui est déjà dans la merde, a-t-il lancé d'entrée de jeu. C'est très désolant; la boxe n'avait pas besoin de cela. La VADA (Voluntary Anti-Doping Association) a fait les tests: à Jean Pascal et son équipe de répondre.  »

« Sans lancer de flèches ou accuser Jean Pascal, je veux que notre sport soit propre, a poursuivi Estephan. C'est crucial. On ne s'en va pas mettre la rondelle dans un filet ou pousser un ballon dans un but: on s'en va frapper sur un gars et on peut le tuer. (...) Pour moi, la tricherie, c'est zéro tolérance. »

Ardent défenseur

Il s'agit d'un dénouement surprenant dans la carrière de Pascal (35-6-1, 20 K.-O.), qui a toujours ouvertement été en faveur des tests antidopage dans la boxe.

Pascal en avait d'ailleurs fait son cheval de bataille avant d'affronter une deuxième fois Bernard Hopkins. À près de 50 ans, le grand champion américain avait refusé une clause antidopage au contrat.

Pascal, en fin promoteur qu'il est, avait sauté sur l'occasion. Habillé en écolier lors de la conférence de presse annonçant le combat, Pascal avait déclaré qu'il avait passé avec succès tous les tests qu'on lui avait présentés et qu'il était même prêt à subir des tests antidopage en vue de ce combat. Il a supplié Hopkins: "Take the test, Bernard! (Passe le test, Bernard)". Rien n'y fit.

Pascal a ensuite affronté deux fois Sergey Kovalev et subi deux revers par knock-out. En janvier dernier, le Russe s'est fait prendre pour dopage à la testostérone synthétique. Le Journal de Montréal avait alors rappelé que Pascal a toujours prétendu en privé que Kovalev n'était pas dans son état normal quand il l'avait affronté.

Quant à Jack, il semble qu'un de ses combats contre des boxeurs québécois soit de nouveau entaché.

En 2016, Jack avait affronté Lucian Bute à Washington et les deux pugilistes s'étaient livré un combat nul âprement disputé. Quelques semaines plus tard, la Commission athlétique du District de Columbia avait toutefois révélé que Bute avait échoué un test antidopage à l'Ostarine. Le verdict nul a été transformé en victoire par disqualification pour Jack.

Bute avait plus tard été blanchi par la commission, lui épargnant ainsi une suspension de trois ans qui, à l'époque, aurait eu pour effet de mettre fin à sa carrière.

La commission avait expliqué sa décision par l'acceptation de la défense de Bute, qui a argué que son préparateur physique lui avait fourni un supplément alimentaire contaminé à l'ostarine.

Angel Heredia était ce préparateur physique.