Terry Osias a du mal à accepter sa défaite
Terry Osias l'admet : cette défaite contre Jean Pascal est difficile à avaler. D'autant plus qu'il a mis sa santé en danger afin de poursuivre son rêve sportif.
Osias (13-1, 6 K.-O.) s'est incliné samedi devant Jean Pascal (37-7-1, 21 K.-O.), qui lui a passé un retentissant K.-O. au 10e round de leur combat pour le titre des lourds-légers de la North American Boxing Organization (NABO).
Cette défaite le privera probablement de la chance de mettre la main sur un titre mondial : tout semble indiquer que Pascal se frottera maintenant au Néo-Écossais Ryan Rozicki pour le titre intérimaire du World Boxing Council. Cette occasion serait allée vers Osias s'il l'avait emporté.
«C'est sûr que je suis déçu, a admis Osias en entretien avec La Presse Canadienne, lundi. Ça fait mal. Mais j'ai du bon monde autour de moi et je suis quelqu'un de résilient. Ça va aller, on va s'en sortir. Mais honnêtement, ça fait mal.»
Osias est d'autant plus déçu qu'il a mis sa santé en péril pour vivre son rêve sportif. Après avoir combattu un lymphome pendant 18 mois, le médecin du boxeur de 37 ans souhaitait qu'il subisse un ultime traitement de chimiothérapie.
«J'avais terminé mes traitements, mais mon médecin voulait que je fasse un dernier traitement pour éviter une récidive», a expliqué Osias, qui est déjà de retour au boulot dans son gym de la Rive-Sud, T.O. Boxe Studio.
«Le traitement va durer un mois. Ça fait un an et demi que je le repousse pour un combat d'envergure, comme celui contre Jean Pascal. Je l'ai fait, car je croyais en moi.
«C'est risqué et je ne conseille pas ça à personne. Je l'ai fait pour poursuivre mon rêve. Je sais que tout le monde à ses défis, ses problèmes, mais il ne faut pas lâcher. (...) On peut donc dire que j'ai déjà un autre combat de prévu, vendredi prochain. Mon combat, c'est de nouveau le cancer en ce moment.»
Pas prêt
Osias, toujours à fleur de peau quelque 48 heures après le combat, ne veut pas mettre fin à sa carrière sur cette défaite, mais il n'a pas encore vu son dernier combat.
«Je ne suis pas prêt. Je suis encore trop dans les émotions. J'ai revu ma chute par contre.»
Autre chose qu'il a vu: la carte des juges, dont deux avaient Pascal en avance, 86-85 et 89-82. Un troisième avait Osias meneur 87-84.
«Je suis surpris, car Jean ne m'a touché que trois fois dans le combat, a affirmé Osias. Il m'a touché la plupart du temps sur les bras. De mon côté, clairement on voyait la tête de Jean bouger quand je le touchais. C'était mon plan de match. Avoir su, je serais allé plus en puissance. Mon plan était de boxer Jean, je pense que je l'ai bien appliqué. Je lui donne le crédit d'avoir mis de la pression.
«Je sais que Jean a été plusieurs fois champion du monde et je croyais en avoir fait assez pour ne pas qu'il y ait un écart comme celui-là, a-t-il poursuivi. Mais j'ai quand même perdu par K.-O. C'est dommage, car il s'agit de seulement une seconde d'inattention. Ça va être dur de se remettre de ça, mais on va revenir en force.»
Ce semble d'ailleurs la seule erreur commise par Osias dans le combat.
«La seule erreur dans le ring. L'autre erreur que j'ai commise, c'est au niveau tactique. J'aurais dû m'imposer physiquement. La clinique de boxe, ce n'était pas assez. Je lui ai fait mal à plusieurs reprises, mais je n'ai pas capitalisé.»
Quant au violent K.-O. dont il a été victime, il ne se souvient de rien.
«Je ne me rappelle rien du 10e. Je me rappelle le début du round, puis quand je me suis réveillé avec le médecin. Je suis alors sur le tapis, et je me relève pour aller vers le vestiaire. J'ai perdu connaissance une trentaine de secondes. Je ne voulais pas aller à l'hôpital, mais comme j'avais perdu conscience, on m'a amené aux urgences.»
Quelques heures plus tard, il en est ressorti, entouré de sa famille et de ses amis qui l'y ont accompagné. Son retour dans le ring n'est pas sa priorité pour l'instant.
«Je dois digérer cette défaite. J'aurais voulu être champion, mais malheureusement, j'ai perdu. Les vrais champions sont ceux qui se relèvent et je vais me relever, a-t-il assuré. Mais ça va être difficile. En ce moment, j'essaie de me retrouver. Je ne sais pas encore de quoi aura l'air la suite de ma carrière.»