FRISCO, Texas – Comme il l’avait fait à la suite de sa deuxième défaite devant Andre Ward en juin 2017, l’ancien champion unifié des poids mi-lourds Sergey Kovalev a changé d’entraîneur après s’être fait brutalement passer le knock-out par Eleider Alvarez en août dernier à Atlantic City.

Si la séparation d’avec John David Jackson avait été particulièrement houleuse à l’époque, celle d’avec Arbor Tursunpulatov n’a pas fait les manchettes. Le constat effectué à la suite des deux défaites était toutefois le même : le Russe manque souvent d’énergie à partir de la mi-combat.

Dans les jours qui ont suivi le knock-out d’Alvarez, sa promotrice Kathy Duva lui avait d’ailleurs fortement suggéré de se tourner vers un entraîneur habitué à travailler avec des boxeurs un peu plus âgés. À 35 ans, Kovalev commence assurément les derniers moments de sa carrière.

Est alors entré en scène James « Buddy » McGirt, qui a acquis la réputation d’être un spécialiste des causes désespérées. C’est lui qui a relancé Arturo Gatti alors que tout le monde le croyait fini à la suite de son revers devant Oscar De La Hoya. Les deux hommes ont travaillé ensemble l’instant de 11 combats, dont la trilogie mythique avec Micky Ward au début des années 2000.

McGirt n’a pas cherché à changer le style de Kovalev du tout au tout, d’abord parce que ce n’est pas du tout dans sa philosophie, mais surtout parce qu’il n’avait que huit semaines devant lui.

« Je lui ai dit de garder les choses simples et de revenir à la base, a expliqué McGirt en entrevue. Je lui ai dit de lancer plus de jabs et de frapper plus au corps. Je lui ai rappelé qu’il n’y a pas que les droites à la tête et que chaque coup ne doit pas obligatoirement mener à un gros knock-out.

« Je n’ai pas vu son combat contre Alvarez, mais j’ai compris qu’il ne savait peut-être pas quoi faire quand les gars devant lui ne tombent pas. Je lui ai montré à être prêt à tout, puisque tu ne sais jamais ce que l’adversaire devant toi va faire. Il faut savoir faire plusieurs ajustements. »

McGirt est largement reconnu comme étant l’un des meilleurs hommes de coin de la boxe professionnelle. Il ne croule habituellement jamais sous pression et semble avoir réponse à tout.

« McGirt est un très, très bon cornerman parce qu’il n’est jamais en confrontation, a témoigné le promoteur Yvon Michel. Gatti n’était pas un client facile, et pourtant, ils ont réussi de grandes choses ensemble. Mais je ne pense pas qu’il aura réussi à changer Kovalev : il n’écoute pas! »

« De ce que je connais de McGirt, c’est que c’est un très bon entraîneur, surtout pendant les combats, a ajouté l’entraîneur d’Alvarez, Marc Ramsay. C’est un coach qui comprend bien la boxe, qui l’analyse bien et qui est habituellement très, très bon pour expliquer son message.

Un combat critique des deux côtés

« Mais pour ce qui est du travail effectué dans le gymnase, je suis un peu moins certain... »

« Je suis convaincu qu’il va m’écouter samedi soir, même s’il a la réputation de ne pas le faire. Depuis le début de notre association, il ne m’a jamais fait de problème, a répliqué McGirt.

« Ce que Sergey avait fondamentalement besoin, c’était quelqu’un de gentil et compréhensif qui va se retirer si les choses tournent mal. Je n’ai pas l’intention de m’obstiner avec personne, alors s’il pense que les choses iraient mieux d’une autre manière, je ne peux que m’en aller et lui souhaiter ensuite bonne chance. J’ai réalisé qu’il a souvent perdu beaucoup d’énergie avec ça. »

En marge du combat entre Jean Pascal et Dmitry Bivol présenté en novembre dernier à Atlantic City, Duva avait laissé entendre qu’elle aurait préféré que Kovalev renonce à la revanche contre Alvarez afin d’apprendre à travailler avec McGirt et qu’il ne perdrait absolument rien au change.

Le Russe n’a finalement pas écouté ses conseils et a préféré faire à sa tête, et alors que l’avis de Duva était partagé par nombre de personnes dans l’univers de la boxe, McGirt s’est plutôt rangé derrière son protégé et croit fondamentalement que c’était précisément la décision à prendre.

« S’il avait pris un autre combat, toute son attention aurait été portée vers Alvarez et ça l’aurait déconcentré, a analysé McGirt. Tant qu’à ça, aussi bien régler le dossier d’Alvarez maintenant! »

McGirt est conscient que le défi est de taille et semblait davantage emballé de discuter de ses souvenirs d’Arturo Gatti avec un journaliste québécois et de son nouveau protégé Janibek Alimkhanuly. Mais il assure que Kovalev est passé d’un homme aigri à optimiste en l’espace de huit semaines.