Il ne faut pas briser un rêve, comme le chantait si bien Raymond Berthiaume. Sauf que Ryota Murata ne comprend pas le français, donc il n’a jamais su qu’en passant le K.-O. au cinquième round à Steven Butler, il venait de briser son rêve. Mais pas à tout jamais...

Avant même de quitter le Japon pour venir fêter Noël avec sa famille, Butler s’était mis dans la tête de bûcher encore plus fort, de revenir plus fort que jamais, d’accepter cette défaite comme une expérience unique dans la vie.

Maintenant, il n’a qu’à se cracher dans les mains et reprendre le travail. Il a le choix. Il peut suivre les traces d’Eddie Melo et piquer du nez ou bien prendre l’exemple sur Eric Lucas ou Jean Pascal et devenir, un jour, champion mondial.

Butler a un certain talent. C’est évident. Mais ce talent est-il et deviendra-t-il de calibre mondial? Seul l’avenir le dira.

Pour son grand-père

Dites-vous bien que j’ai brisé ma boule de cristal. J’avais favorisé Butler pour l’emporter, qu’il causerait la surprise de l’année mais dans le fond, c’était que  par pur respect pour son grand-père Marshall, que j’ai connu et couvert pour le Montréal Matin dans les années 70.  Marshall aurait tant voulu voir son petit-fils être couronné champion mondial.

Si Butler veut se reprendre en mains, il n’a qu’à suivre les traces de Lucas ou bien de Pascal.

Lucas a réussi

En janvier 1996, Lucas perdait par décision unanime contre Fabrice Tiozzo dans un match disputé en France pour le titre mondial WBC des mi-lourds.

Une pluie de coups livrée par Ryota Murata

En juin 1996, Lucas cédait aussi devant Roy Jones au 11e round, en Floride. C’était pour le titre IBF des super-moyens.

Puis en 2001, Lucas revenait à la charge et battait Glenn Catley dans un match revanche. Cette fois, il coiffait enfin la couronne WBC des super-moyens.

Pascal aussi

En décembre 2008, Jean Pascal se rendait en Angleterre pour y affronter Carl Froch. Dans un match pour le titre vacant de la WBC des super-moyens, Pascal avait dû s’avouer vaincu par décision.

Six mois plus tard, Pascal enlevait le titre mondial à Adrian Diaconu et aujourd’hui, il est encore champion pour la deuxième fois de sa carrière.

Butler est jeune, il est spectaculaire, il a une bonne force de frappe, il a une belle famille et il a une bonne tête sur les épaules.

Il faut comprendre qu’il n’a pas fait pire que les autres avant lui. C’est à lui de rebondir plus fort que jamais. Je le lui souhaite et j’espère qu’on ne reverra.

Plus jamais Chavez, fils!

Julio Cesar Chavez fils devrait être accusé de fraude pour avoir personnifié un boxeur samedi soir alors qu’il devait se mesurer à Daniel  Jacobs.

Pour tenter de se disculper, il s’est rendu à l’hôpital après sa défaite prétextant qu’il souffrait d’une fracture du nez et on lui a fait dix points de suture pour fermer la plaie. D’ailleurs, on le voit sur une photo, avec un pansement sur le nez

Non seulement Chavez est un fraudeur, il est aussi un menteur... Il prétend que c’est un coup d’avant-bras qui a causé sa fracture du nez pendant qu’on voit clairement en reprise que c’est un uppercut de la droite qui le fait saigner au cinquième engagement.

Par moments, je me demande comment Chavez fils a pu arracher une bourse de 3 millions $ au promoteur de l’affrontement contre Daniel Jacobs...

Je crois qu’il survit surtout à cause  des prouesses de son père, un membre du Temple de la renommée qui n’a jamais reculé devant personne, encore moins abandonné dans son coin, assis sur son banc.

Eddie Hearn, le promoteur du match, savait qu’il avait une bombe entre les mains en faisant confiance à Chavez, un drogué, relevé de sa suspension par la Régie de boxe du Nevada, à la toute dernière minute par une cour de cet état.

Pour remercier Hearn de cet affrontement transféré de Las Vegas à Phoenix, Chavez s’est présenté à la pesée cinq livres au-dessus de la limite de 168 livres. Malgré tout, Jacobs a accepté de l’affronter, même s’il ressemblait beaucoup plus à un lourd-léger qu’à un boxeur de 172 livres.

C’était la deuxième fois que Chavez jouait ce jeu de se retirer d’un match assis sur son banc. En avril 2015, il avait abandonné dans son coin après le 9e engagement se plaignant d’un malaise à une jambe dans un match où il a connu sa première chute au tapis en carrière contre Andrzej Fonfara.

Tout comme contre Fonfara, Chavez avec sa blonde chevelure, teintée de  bleu, a placé quelques bons coups, mais dès que Jacobs a ouvert la machine, il a abandonné prétextant un malaise à une main, pendant que son entraîneur Freddie Roach pointait la blessure vers le nez.

Pas content de s’être désisté, il demande un combat revanche. Faut-être vraiment effronté, arrogant, méprisant, insolant, impertinent, fat et quoi d’autre pour faire une telle demande?

Chavez a prétexté que Jacobs avait utilisé des tactiques déloyales comme des coups d’épaules et des avant-bras. Quelques fois, il s’est tourné vers l’arbitre Wes Melton pour se plaindre au lieu de remettre la monnaie de sa pièce à son rival, comme c’est la consigne dans la boxe.

C’est dommage pour Jacobs qui en était à son premier match chez les super-moyens, pour ne pas dire chez les mi-lourds. Mais un jour, on le reverra bien contre GGG, Callum Smith ou bien Billy Joe Saunders.

Les gens, pour la plupart des partisans de Chavez ont lancé des hot-dogs, des cannettes de bière et des batailles ont éclaté dans les gradins en guise de représailles pour le retrait de leur favori.

Encore pire... Son père a  pris la défense de son fils, prétextant qu’il avait raison de quitter le ring, parce qu’il était blessé au nez et que l’arbitre faisait fi des coups déloyaux de Jacobs. Lui, n’aurait jamais fait ça.

Dubois imperturbable

Daniel Dubois en était à son cinquième combat en 2019 et le cinquième a été comme les autres, en dépit d’un rival qui n’avait subi qu’un  seul revers en 23 combats. Kyotaro Fujimoto a croulé sous les coups de Triple D en deuxième reprise et a été déclaré K.-O.

Aujourd’hui, Dubois se retrouve donc avec les couronnes WBC Argent, WBO International des poids lourds qu’il ajoute à ses titres de champion de Grande-Bretagne et du Commonwealth.

Pas mal pour un jeune homme qui vient à peine d’avoir 22 ans.

Il a été sans pitié pour ce Japonais qui en était à son premier match hors de sa terre natale. Il l’a terrassé une première fois avec un jab puis a fini le travail avec un puissant crochet de la droite. Au deuxième engagement, l’arbitre n’a pas eu à compter puisque Fujimoto gisait inconscient au tapis. D’ailleurs, il a fallu quelques minutes avant qu’il reprenne ses esprits. Tout cela sous l’œil attentif de Joy Joyce (10-0-0, 9 K.-O.), une autre perle rare de la Grande-Bretagne.

Avant ce match, Dubois était déjà classé 12e aspirant à l’IBF et il ne fait aucun doute qu’il retrouvera son nom chez les autres associations.

Charlo a a tenu parole

Jermell Charlo a reçu son cadeau de Noël quatre jours avant le temps et c’est lui-même que se l’est offert, non pas sans peine et misère. Il lui a fallu travailler d’arrache-pied pour finalement ravir la ceinture WBC des super-mi-noyens à son tombeur d’il y a un an, Tony Harrisson.

Charlo se battait avec la rage au cœur.C’est peut-être cette rage qui l’a fait déroger de son plan de match et empêché de vaincre son rival avant le 11e engagement. Il voulait arracher la tête de Harrisson dès le premier son de cloche.

Harrisson s’est retrouvé au tapis au deuxième engagement et deux autres fois avant que l’arbitre Jack Reiss n'intervienne, à la surprise de l’ex-champion. Mais il avait déjà subi deux chutes au 11e round et Reiss n’a pas voulu prendre de chance, bien que Harrisson ne semblait pas dans les vapeurs quand le combat a pris fin.

Charlo déteste Harrisson pour s’en confesser. Toutefois, le verdict du premier match n’est pas de sa faute. Ce sont les juges qui avaient donné l’avantage à Harrisson et leur décision avait été contestée par la plupart des connaisseurs de boxe. Mais la ceinture changeait de mains.

Les deux hommes croiseront le fer un de ces jours, mais pour le moment, c’est le repos en famille pour fêter Noël pour Jermell Charlo ensuite, il pourrait être opposé à Jarrett Hurd, un favori de la foule, ou bien encore tenter d’unifier quelques titres, mais Charlo n’a pas voulu en dire plus pour le moment. 

L’arbitre Jack Reiss aurait-il pu laisser Harrisson poursuivre le combat? « Non », selon lui. Harrisson avait déjà chuté deux fois au onzième assaut et même s’il paraissait en pleine possession de ses moyens, il était adossé aux câbles et ne répondait pas assez vite au goût de l’arbitre. Bonne décision.

Joyeux Noël et bonne boxe!