MONTRÉAL – Pendant que ses frères et sœurs d’armes d’Eye of the Tiger Management (EOTTM) combattront au Centre Bell samedi soir, Steven Butler sera déjà confortablement assis dans un avion en direction de Tokyo, au Japon, où il affrontera Ryota Murata le 23 décembre prochain.

 

Butler profitera ainsi de deux semaines complètes pour habituer son corps au décalage horaire et être en mesure d’offrir une prestation optimale contre le champion « régulier » des poids moyens de la WBA à l’occasion du combat le plus significatif depuis le début de sa carrière.

 

S’il l’avait désiré, le Montréalais âgé de 24 ans aurait pu déménager ses pénates quelque part en Asie pour y tenir son camp d’entraînement, mais cette possibilité a finalement été rejetée à la suite d’une étude approfondie du dossier. Le jeu n’en valait tout simplement pas la chandelle.

 

« Steven avait deux options : partir deux semaines à l’avance [pour le Japon] ou partir vraiment plus tôt. Cette deuxième option permet de gérer les effets du décalage plus rapidement, mais le boxeur n’est plus dans son environnement naturel d’entraînement, ce qui va affecter son camp, a mentionné son préparateur physique Karim El Hlimi en entrevue à RDS.ca jeudi après-midi.

 

« Après avoir discuté de la question avec plusieurs spécialistes, nous avons pris la décision d’y aller avec l’option la moins risquée, d’autant plus que Steven sera à ce moment-là au début de sa période de récupération qui permet de surcompenser les effets du camp d’entraînement. »

 

Si tout voyageur qui se respecte sait qu’il faut compter une semaine pour se remettre d’un décalage de quatorze heures, il y a moyen pour Butler d’être frais et dispo à sa sortie de l’avion pour tout de suite reprendre le travail en compagnie de son entraîneur Jean-François Bergeron.

 

« Une des stratégies que Steven devra mettre en place, c’est de porter des bas de compression, s’hydrater et se cacher de la lumière aux heures qu’il dormira normalement au Japon, a détaillé El Hlimi. Il est possible de contrer du décalage pour se sentir rapidement à 100 pour cent rendu à destination. Il faut synchroniser son corps et c’est pourquoi nous avons un tel plan de match.

 

« Mais il ne sera pas totalement dans l’inconnu, puisqu’il a déjà fait le voyage [pour assister à la conférence de presse officialisant le combat]. Il a le feeling et il sait ce qu’il doit faire. Cette fois-là, il avait même réussi à dormir dans l’avion, ce qui est de bon augure. Et il ne faut pas oublier qu’il est dans la vingtaine, c’est beaucoup plus facile que pour quelqu’un dans la trentaine! »

 

El Hlimi arrivera quant à lui au Japon la fin de semaine suivante, ce qui lui donnera amplement le temps de mener quelques tests afin de corriger le tir au besoin et ainsi s’assurer que la forme physique optimale de Butler sera atteinte le 23 décembre et non quelques jours avant ou après.

 

Entre-temps, Butler peaufinera les derniers détails de sa préparation avec Bergeron et pourra même compter sur la présence de l’un de ses partenaires d’entraînement de son dernier camp. EOTTM ne voulait pas courir la chance de faire appel à des pugilistes locaux pour ce travail.

 

À la recherche d’équilibre

 

Le boxeur et le préparateur physique collaborent depuis environ un an et le spécialiste ne tarit pas d’éloges sur les progrès effectués par son nouveau protégé. Même s’il y a encore beaucoup de place à l’amélioration, des changements peuvent être perceptibles dans sa façon de boxer.

 

« Quand j’ai rencontré Steven, il avait plusieurs lacunes au chapitre de sa motricité de base, sa stabilité, sa proprioception, a expliqué El Hlimi. Le travail effectué lui a permis d’améliorer son équilibre, ses démarrages et ses accélérations, mais il n’a pas encore atteint son plein potentiel.

 

« C’est vraiment un travail à très long terme et je m’attends à ce que Steven atteigne sa forme physique optimale dans 2, 3 ou 4 ans, car il ne faut pas oublier qu’il n’est âgé que de 24 ans. Steven est un athlète, donc assimile les choses rapidement, mais ne les fait pas toujours précisément. »

 

El Hlimi est d’ailleurs d’avis que la plupart des boxeurs peuvent énormément s’améliorer aux côtés d’un spécialiste de sa trempe. « La majorité des boxeurs ne possèdent pas d’équilibre, ce qui est pourtant super important, a-t-il conclu. Des fois, c’est simplement une question de petits ajustements structurels, mais ces derniers peuvent faire toute la différence dans un combat. »