Camille Estephan est peut-être un bon homme d’affaires, mais ce n’est pas en offrant 20 millions $ au vainqueur entre Deontay Wilder et Tyson Fury qu’il va impressionner les Eddie Hearn, Bob Arum et Oscar De La Hoya. Ces promoteurs en ont vu bien d’autres avant lui.

Pour vous comme pour moi, 20 millions $, c’est une fortune, mais pour des artistes boxeurs tels Wilder, Fury ou bien encore Anthony Joshua, ce n’est que des « peanuts ». Souvenez-vous, il n’y a pas si longtemps, Deontay Wilder a refusé pas moins de 120 millions pour livrer quatre combats pour le compte de DAZN.

Sachez que Joshua a touché entre 60 et 80 millions pour sa victoire sur Andy Ruiz.  Même le perdant s’en est sorti avec près de 15 millions.

Pas sérieux?

Je suppose que monsieur Estephan n’était pas tellement sérieux quand il a offert 20 millions à celui qui sera champion le 22 février prochain dans un duel contre son poulain, Arslanbek Makhmudov.

Par contre, il a réussi un bon coup de publicité. On s’est moqué de son offre, mais elle a tout de même permis de faire connaître Makhmudov un peu partout dans les hautes sphères de la boxe.

Pour le moment, la couronne appartient toujours à Deontay Wilder, mais le 22 février, il devra la défendre. Personnellement, je crois qu’il la conservera.

Je peux comprendre Camille Estephan. Comme un bon père de famille, il s’est laissé emporter par l’exploit de son fils préféré Arslanbek aux dépens du gros et passé dû Samuel Peter.

Un fin négociateur

Mais Camille Estephan est un fin négociateur et promoteur. Peut-être voit-il sa tête d’affiche, David Lemieux, vieillir un peu vite. Un combat en 14 mois et une victoire quelque peu contestée contre un rival de 96e place sur le plan mondial est matière à réflexion.

Lemieux est un boxeur spectaculaire, certes beaucoup plus que Makhmudov. Mais il est trop longtemps hors du ring et il s’éloigne de plus en plus de la puissante télévision américaine.

Continuera-t-il de combattre à 168 livres ou bien reviendra-t-il à son ancien poids de 160 livres, où il semblait beaucoup plus à son aise?

Entre donc en scène le gros et puissant Makhmudov. Il est pratiquement inconnu sur le plan international.

Pourquoi?

Pourquoi Deontay Wilder ou bien encore Tyson Fury devraient-ils loucher du côté d’un boxeur qu’ils ne connaissent même pas et qui n’est pas classé dans les quatre  associations mondiales?

Savez-vous pourquoi Makhmudov est classé 56e par le site BoxRec? Parce que ce site évalue la fiche des adversaires d’un boxeur. Plus le rival est de classe, plus le pugiliste se retrouve au haut de la liste.

Voici la liste des poids lourds québécois selon leur talent d’après BoxRec :

No 16 : Oscar Rivas
No 28 : Simon Kean
No 40 : Bermane Stiverne
No 51 : Mladen Miljas

Pour vous et moi, Arslanbek Makhmudov est un bon boxeur, doté d’une force de frappe remarquable et explosive. Mais pour les bonzes américains et européens, il est pratiquement inconnu.

Croyez-vous réellement que les réseaux DAZN, Showtime, Fox et ESPN sont impressionnés par cette offre de 20 millions? 

La dernière fois qu’un gala de boxe a été présenté en provenance du Québec remonte au 1er décembre 2018 alors qu’Adonis Stevenson a cédé son titre à Oleksandr Gvozdyk.

C’est le réseau Showtime qui a été le dernier grand producteur de galas de boxe à venir nous visiter pour le compte de GYM. Depuis ce jour, toutes nos têtes d’affiche, Artur Beterbiev, Oscar Rivas et Eleider Alvarez ont tous combattu à l’extérieur du Québec.

Un jour… peut-être?

Je suis d’accord avec ceux qui croient que Makhmudov pourra un jour coiffer une couronne mondiale. Mais auparavant, il lui faut apprendre sa leçon et ensuite vaincre des rivaux de qualité, pas des deux de pique.

Pour le moment, le groupe de jeunes aspirants aux diverses couronnes mondiales chez les lourds sont :

No 14: Filip Hrgovic (10-0-0—8 K.-O.)

No 20: Joe Joyce (10-0-0—9 K.-O.)

No 21: Evgeny Romanov (14-0-0—10 K.-O.)

No 24: Efe Ajagba (11-0-0—9 K.-O.)

No 27: Daniel Dubois (13-0-0—12 K.-O.)

Je pourrais ajouter les noms de l’Allemand Agit Kabayel, du Croate Peter Milas, de l’Irlandais Martin Bakole et du Français Tony Yoka à ce groupe prestigieux.

Les plus près

Les plus près d’un match de championnat sont Filip Hrgovic, Joe Joyce, Agit Kabayel, Mladen Miljas, Daniel Dubois et Evgeny Romanov.

Celui qui a le plus de chance de voir son rêve se réaliser au plus vite  est le Britannique Daniel Dubois (13-0-0—12 K.-O.). Jusqu’ici, il a tout balayé sur son passage. Le seul à parvenir à rester debout devant lui est le vétéran Kevin Johnson (32-10-1). Tous les autres n’ont jamais terminé leur match contre celui qu’on appelle l’Assassin silencieux.

On aura une meilleure idée de son talent le 21 décembre prochain alors qu’il affrontera le Japonais Kyotaro Fujimoto (21-1-0—13 K.-O.)

Peut-être un jour Aleksandr Makhmudov fera-t-il partie de ce groupe sélect. Mais d’abord, il doit faire ses preuves c’est-à-dire vaincre un boxeur de première qualité.  Ensuite, on pourra parler d’un match de championnat.

À RDS2 samedi

Si vous êtes un partisan  de Terence Crawford (35-0-0—26 K.-O.), vous avez de bonnes chances de le voir à l’œuvre pour la dernière fois chez les mi-moyens, alors qu’il défendra sa couronne WBO des super mi-moyens samedi soir contre son premier aspirant, Egidijus Kavaliauskas. D’ailleurs, ce match vous sera présenté en direct du Madison Square Garden, à New York, sur les ondes de RDS2 à compter de 22 h.

Pourquoi Crawford veut-il boxer chez les 160 livres? Est-il vraiment sérieux quand il parle ainsi? Seul lui peut répondre à cette question. Même son promoteur Bob Arum tente actuellement d’organiser un combat contre Shawn Porter, chez les 147 livres.

Pourquoi 160 livres?

On croit que c’est à cause du manque de compétition parmi les meilleurs mi-moyens qu’il a décidé de faire le saut. Et il a bien spécifié que ce n’était pas pour se mesurer à Canelo Alvarez ou à Gennady Golovkin. Il veut tout simplement évoluer chez les 160 livres et combattre contre qui voudrait bien l’affronter.

Il faut dire que chez les mi-moyens, il a tout balayé sur son passage, mais Errol Spence, Manny Pacquiao et Danny Garcia n’ont jamais cogné à sa porte. Pourtant, pas plus tard que mercredi dernier, Bob Arum lui suggérait de se mesurer à Shawn Porter.

Errol Spence est en congé de maladie à la suite de son accident de voiture et Manny Pacquiao a tout simplement refusé de l’affronter. Enfin, il y a Danny Garcia, mais il n’est pas disponible car il doit affronter Ivan Redkach, le 25 janvier prochain.

Seul Postol est resté debout

Au cours de ses dix derniers combats, seul Viktor Postol est parvenu à rester debout devant lui pendant les 12 assauts. Tous les autres ont dû se retirer par mise hors de combat.

Il a passé le K.-O. à ses six dernières victimes et a souillé la fiche vierge de Jose Benavidez (27-0-0), Jeff Horn (18-0-1) et Julius Indongo (22-0-0).

Pourquoi Bud Crawford passe-t-il par-dessus les 154 livres... Aucune réponse de sa part. Je suppose qu’il ne trouve pas que Jermell Charlo, Tony Harrisson, Jarrett Hurd ou bien encore Erislandy Lara sont des rivaux qui pourraient lui valoir des bourses comparables à celles qu’il peut aller chercher contre Jermall Charlo, Ryota Murata ou encore Demetrius Andrade.

Canelo ne reviendra pas à 160 livres

« Je ne m’en fais pas avec Canelo Alvarez. Il boxe chez les 168 livres », admet Crawford. Pas un mot sur GGG. Lui aussi a l’intention de faire le saut chez les super-moyens un de ces jours.

Crawford est l’ex-champion des 140 livres, où il a uni les titres. Il a ensuite ravi la couronne des 147 livres à Jeff Horn et sa dernière victime a été Amir Khan. Mais à 160 livres, c’est une toute autre histoire.

Crawford n’est pas un gros super-moyen. Il mesure 5’8’’ et pour combattre, il aura la chance de mettre 13 livres de plus sur sa charpente. C’est beaucoup. Et on peut se demander si sa force de frappe le suivra à ce poids.

Fiche respectable, mais...

Quant à son rival, Kavaliauskas, il présente une fiche respectable, mais sa dernière performance (nul/10) contre Ray Robinson (24-3-0), un boxeur bien ordinaire, a laissé un goût amer dans la bouche des preneurs aux livres.

Selon les experts, ce match contre Kavaliauskas n’est qu’une simple pratique pour se garder en forme. Ce doit être vrai, car Crawford est grandement favori pour éclipser son rival.

Kavaliauskas n’a jamais perdu un match par K.-O.. Il se pourrait que cette situation change samedi soir.

PRÉDICTION : Crawford par K.-O. avant le 7e engagement

Une sous-carte électrisante

En sous-carte de ce gala, on retrouve Richard Commey (29-2—0—26 K.-O.) qui défend sa couronne IBF des poids légers face à son premier aspirant Teofimo Lopez (14-0-0—11 K.-O.).

Commey a gagné ses cinq derniers combats et seul Hedi Slimani (26-2-0—16 K.-O.) est parvenu à rester debout devant lui au cours des 12 assauts.

Il a connu une bonne carrière amateur et a représenté le Honduras lors des Jeux olympiques à Rio en 2016.  Il a été éliminé dès la première ronde par le Français Sofiane Oumiha.

Si Lopez devait l’emporter, le promoteur Bob Arum tenterait alors de le mesurer au triple champion (WBC, WBA, WBO) Vasyl Lomachenko en mars ou avril prochain.

Commey est beaucoup plus expérimenté que son jeune rival de 22 ans. Il présente un bon menton, n’ayant jamais été mis hors de combat.  Son expérience devrait lui permettre de conserver sa couronne. Mais attention, Lopez est un bon cogneur.

PRÉDICTION : Commey par décision

Reprise des JO

Un match à surveiller au cours de ce gala est celui entre Michael Conlan (12-0-0—7 K.-O.) et le Russe Vladimir Nikitin (3-0-0—0 K.-O.) qui sera présenté en lever de rideau.

Conlan n’a jamais digéré sa défaite aux mains de Nikitin, médaillé de bronze des Jeux olympiques de 2016 et il a bien l’intention de prouver que les juges avaient erré en proclamant le Russe vainqueur.

Même s’il n’a livré que trois combats chez les pros, il faut se rappeler qu’en 2013, Nikitin avait remporté la médaille de bronze chez les 123 livres au championnat d’Europe et plus tard, il avait raflé la médaille d’argent au championnat mondial.

PRÉDICTION : Conlan par décision

Bonne boxe!