C’est sur la musique de la chanson « My Way », popularisée par Frank Sinatra, que David Lemieux a fait son entrée dans l’amphithéâtre du Turning Stone Resort Casino. Il avait l’air confiant, détendu, sûr de lui et bien réchauffé par Marc Ramsay.

Les menaces verbales se sont tues avant même qu’on avance l’heure, à Verona, dans l’État de New York, samedi soir.

Yves Ulysse fils a ouvert le bal avec une très belle performance contre Zachary Ochoa et David Lemieux a fini le bal avec un percutant K.-O. contre l’homme à la grande bouche, l’Assassin cérébral, Curtis Stevens.

Le K.-O. au troisième engagement a été brutal, et pourtant, il n’a été que l’affaire d’un seul coup de poing. Un crochet de la gauche superbement bien placé. Ce ne sont pas tous les boxeurs qui peuvent assommer un rival d’un seul coup de poing!

C’est le K.-O. de l’année

Seuls les incrédules n’avaient pas cru Lemieux quand il avait déclaré : « Je vous avais prévenu de ce que je ferais et je l’ai fait! ».

Fini les menaces comme « amène tes sels d’ammoniaque, tu vas en avoir besoin », avait alors menacé Stevens pendant une conférence téléphonique.

Il avait entièrement raison, sauf que c’est lui qui a eu besoin des sels alors qu’il gisait inconscient sur le tapis du ring.

Ce crochet de la gauche est maintenant en lice pour le K.-O. de l’année. Il a été superbement bien placé, mais avant tout bien exécuté.

Lemieux est passé de la parole aux actes

Ce crochet vaudra-t-il une revanche contre Gennady Golovkin ou Lemieux devra-t-il cogner à la porte de « Canelo » Alvarez ou bien encore Billy Joe Saunders?

Il ne fait aucun doute que cette victoire électrisante a fait ouvrir les yeux aux dirigeants de Golden Boy Promotions. Mais si jamais on ne peut pas en venir à une entente avec ces trois pugilistes, qui pourrait bien devenir le prochain rival de Lemieux?

Ce triomphe prouve qu’il n’y a pas qu’Artur Beterbiev, ni Adonis Stevenson qui cognent comme des mules chez nous. David Lemieux aussi.

Des trois grands à Montréal, Lemieux est celui qui a été le plus actif. Alors que Superman a livré un seul duel dans les 18 derniers mois et que Beterbiev a combattu une fois dans les 9 derniers mois, Lemieux a été en action dans trois batailles, à Montréal, à Las Vegas et à Verona depuis le mois de mai 2016.

Dans le cas de Stevenson, on est toujours dans l’attente du prochain rival à qui il devrait livrer bataille le mois prochain au Nassau Veterans Memorial Coliseum, de Long Island. On parle de Sean Monaghan, mais toujours rien de concret dans ce match. Puis il y a le cas d’Artur Beterbiev, que Sullivan Barrera vient de laisser en blanc et qui se retrouve sans adversaire pour le moment, pendant qu’Andre Ward et Sergey Kovalev négocient toujours.

Pauvre Curtis Stevens

Mais revenons à David Lemieux et plus précisément à son adversaire.

« On avait pratiqué le crochet de gauche »

Dites-vous bien que Stevens ne sera plus jamais le même boxeur après avoir été assommé de la sorte. Tout comme Lucian Bute n’a plus jamais été l’ombre de lui-même après avoir été battu par Carl Froch. Stevens n’a jamais été en mesure de suivre le rythme endiablé de Lemieux. Il a bien placé quelques coups sans importance au cours du deuxième engagement, mais Lemieux a été tellement rapide dans l’exécution de ses coups que l’autre n’a pu faire autrement que de se contenter de contre-attaquer.

Max Kellerman, l’analyste de la télévision pour ce match, a bien tenté de faire dire à Lemieux qu’il n’était peut-être pas au meilleur de sa forme tellement il paraissait gros, mais le Québécois s’est contenté de le contredire en prétendant qu’il était en pleine forme.

Sur le ring, Lemieux semblait beaucoup plus gros que son rival et c’est peut-être la raison pour laquelle Kellerman a cru qu’il était un peu plus imposant qu’à l’habitude.

Dans le coma

Heureusement pour lui, Curtis Stevens étendu sur le tapis du ring, a pu reprendre ses sens après quelques minutes dans le coma, ce qui a fait craindre le pire aux médecins qui se penchaient sur lui.

« J'ai été dominant du début à la fin »

C’est sur la civière que Stevens a pu reconnaître sa mère et lui dire que tout allait bien, avant d’être amené à l’hôpital. Mais une telle mise hors de combat laisse toujours un goût amer dans la bouche. Heureusement, cette fois-ci, tout s’est déroulé pour le mieux, mais c’est à se demander si Stevens poursuivra sa carrière.

C’était la troisième fois qu’il perdait par K.-O., mais jamais de façon aussi brutale et spectaculaire. Même « GGG » n’a pas été capable de l’assommer comme l’a fait Lemieux.

Ulysse ne fait qu'une bouchée d'Ochoa

Dans l’ensemble, ce sont les deux Québécois qui ont sauvé la soirée. Ulysse a certainement impressionné les gens de Golden Boy et je suis certain qu’on le reverra prochainement dans un gala télédiffusé. Imaginez, un petit Québécois qui éclipse la performance d’un Diego De La Hoya, le neveu de grand patron de Golden Boy? Et Yuriorkis Gamboa, un ex-champion mondial qui n’a pas fait tellement mieux que le neveu du bel Oscar. Il a gagné son combat contre René Alvarado sous les huées de la foule. Disons que de plus en plus, il ressemble à son compatriote Guillermo Rigondeaux. Il est bon, mais ennuyant à voir boxer.

Pas de musique, pas de danse

Et que dire des deux animateurs de la soirée pour la télé payante. On aurait dit qu’ils faisaient la description d’une veillée au corps. En tout cas, le spectacle faisait dur comparativement à ce que l’on voit à Montréal et à Québec. Pas de musique, pas de danse…

Camille Estephan peut maintenant se réjouir de voir qu’Ulysse a terni à tout jamais la fiche vierge de son rival Zachary Ochoa. Il fera quelque peu oublier les déboires de Steven Butler, qui a perdu par K.-O. technique/7 contre Brandon Cook, il y a deux mois.

J’avais misé sur David Lemieux pour remporter la victoire, mais jamais je n’aurais pensé qu’il l’aurait fait aussi rapidement et aussi dramatiquement.

J’avais opté pour une victoire par K.-O. au 6e engagement. Lemieux m’a fait mentir. Mais vous savez quoi? J’en suis content… Bravo David!

Bonne boxe!

Canelo est la cible de Lemieux