C’est en relisant pour la énième fois les exploits de l’ex-champion canadien des poids lourds, Robert Cléroux (47-6-1, 37 K.-O.) que je me suis permis de faire des comparaisons. 
 

Pourquoi Robert Cléroux? 


Parce qu’il y a 52 ans un 31 juillet, il perdait la décision partagée contre l’Américain Billy Joyner, au Centre Paul Sauvé. C’était son dernier combat en carrière et j’étais là. 
 

Un de ces jours, je vous parlerai plus longuement de celui qu’on avait baptisé : « Le bœuf de Chomedey. » 


J’ai eu l’occasion de voir deux excellents poids lourds à l’œuvre la semaine dernière. Un qui s’en va tout droit vers un match de championnat mondial  et l’autre qui fait du sur place. 


Vous me voyez venir...

Mon premier est nul autre que Joe Joyce (14-0-0, 13 K.-O.) , ce médaillé d’argent des Jeux olympiques de 2016, qui vient de vaincre par K.-O. le vétéran Carlos Takam, tandis que mon second est le Montréalais Arslanbek Makhmudov (12-0-0, 12 K.-O.), qui a assommé Pavel Sour en 33 secondes la semaine dernière. 
 

Deux pugilistes qui vivent dans un monde totalement différent. Et pourtant, ils ont des qualités semblables. Tous deux mesurent 6 pieds 6 pouces. Chacun pèse aux alentours de 260 livres sur le ring. Les deux sont des trentenaires et ont une excellente force de frappe. 

 

Disons presque semblables, car l’un des deux n’a pas encore été vraiment testé. 
 

L’un cogne à la porte 
 

Chez Joyce, on nage dans l’argent. Chez Makhmudov, on vit dans l’espérance qu’un jour ce sera son tour mais plus les jours passent plus son tour parait lointain. 
 

Joyce, un Britannique, est âgé de 35 ans. Jusqu’ici, il a été tellement efficace dans chacun de ses matchs qu’il est installé parmi les meilleurs aspirants dans trois des associations mondiales différentes : 5e au WBC, 10e à l'IBF et 2e à la WBO. 
 

Selon BoxRec, il est reconnu comme le 9e meilleur poids lourd au monde. Quant à Makhmudov, il n’est pas classé dans aucune association et BoxRec lui accorde le 33e rang des gros hommes. 


C’est donc dire qu’il doit se contenter de la troisième place, après Oscar Rivas et Simon Kean 


La revue The Ring l’a à l’oeil 


Ce n’est pas facile pour un boxeur poids lourds à Montréal. Heureusement, la revue Ring Magazine a déjà parlé de la carrière de Makhmudov à deux occasions. 
 

Plusieurs experts le trouvent talentueux.  Surtout, on reconnait sa puissante force de frappe. Mais on admet aussi que jusqu’ici au cours de sa carrière, il n’a jamais affronté un  boxeur de qualité. 


Rendu à 31 ans, il faut lui présenter des rivaux d’une classe supérieure à Dillon Carman, Samuel Peter et les autres. 
 

Par contre, il faut comprendre que les adversaires de classe coûtent une petite fortune. En tout cas, sans l’aide monétaire d’un réseau de télévision, ces boxeurs sont trop dispendieux pour le Québec et le Canada. 
 

Ne pas prendre de chance 


Un rival ne voudra pas prendre la chance de voir sa fiche souillée par un géant comme Makhmudov.  Ou bien il refusera la confrontation, ou bien il demandera une bourse tellement énorme qu’on ne pourra pas le satisfaire. 


Or, oublions ceux qui sont déjà classés.  D’ailleurs,  ils exigeraient  des bourses  dans les centaines et les centaines de milliers de dollars pour affronter Makhmudov.  


À un certain moment, on a cru que le Lion connaitrait du succès aux Etats-Unis sous la tutelle de Golden Boy mais cela ne s’est jamais matérialisé. Finalement, au début de mai dernier, Golden Boy a tout simplement décidé de rompre les liens.
 

Comment fabriquer une fiche gagnante 


C’est facile de fabriquer une fiche gagnante, même électrisante dans le monde de la boxe. 


Faisons la comparaison : 


Joe Joyce a livré 13 combats pour un total de 59 rounds et 13 K.-O. Il a été victorieux à chaque occasion. 


Déjà, il a livré un combat de douze assauts et un autre qui a duré dix rounds. Cinq de ses matchs se sont terminés au premier round. 


Makhmudov a été impliqué dans 12 combats. Il les a tous gagnés. Il totalise 20 rounds de boxe et douze K.-O. en carrière professionnelle. Huit de ses adversaires ont été abattus dès le premier engagement. 
 

Lequel des deux présente la meilleure fiche? 


Non, ce n’est pas Makhmudov... Il a beaucoup de K.-O., mais regardez les adversaires qu’il a assommés. Des boxeurs de deuxième sinon de troisième classe. Des boxeurs de la trempe de Dillon Carman, Samuel Peter etc. 
 

Le tableau de chasse 


Chez Joyce, c’est tout différent. A son tableau de chasse on retrouve les noms de boxeurs de qualité comme Carlos Takam (39-5-1), Daniel Dubois (16-1-) Michael Walllisch (20-3-0) Bryant Jennings (24-3-0), Aleksansdr Ustinov (34-3-0). 


Si je reviens à BoxRec, on constate que le meilleur poids lourd canadien est Simon Kean, qui vient au 25e rang. Auparavant, Oscar Rivas était en tête de liste, mais il est maintenant inscrit chez les Bridgerweights. 


Si on fait le calcul de BoxRec, Kean est donc reconnu comme un meilleur boxeur que le Russe. Or, s’il y avait confrontation entre les deux, qui gagnerait selon vous? 


Difficile de ne pas opter pour Makhmudov... Non! 


La boxe, au Québec, a été malmenée depuis le début de la pandémie. L’absence d’un télédiffuseur y est pour quelque chose tout comme les assistances réduites. 


C’est le temps 
 

Maintenant que les restrictions sont réduites, c’est le temps de tenter d’amener chez nous de meilleurs rivaux pour Makhmudov. Des Carlos Takam, Dominic Brazealel, Christian Hammer, Junior Fa, Steve Kuzmin, pour en nommer quelques-uns. 
 

Pour ce faire, il faut s’enligner vers le centre Bell ou encore le Centre Videotron, à Québec et faire tout en son possible pour intéresser un puissant  diffuseur qui paierait une partie de la note. 


C’est le prix à payer si on veut espérer  faire avancer notre poids lourds vers les sommets. 


Ce que j’aimerais voir serait un combat entre Makhmudov et Efe Ajagba (15-0-0, 12 K.-O.). 


Pourquoi Efe Ajagba? 


Parce que tous deux ont affronté Pavel Sour. Ajagba l’a vaincu en 2:59 minutes  tandis que Makhmudov n’a pris que 33 secondes pour l’éclipser. 
 

Vous savez quoi… Je ne serais pas surpris si Makhmudov avait le meilleur sur Ajagba. 


Malheureusement pour le gros Russe, il tire de l’arrière sur les Tony Yoka (13-0-0, 8 K.-O.), Daniel Dubois (16-1-0—15/KO), Filip Hrgovic (12-0-0, 10 K.-O.), sans compter les nombreux vétérans qui font partie de l’élite. 


Tout ce que j’espère, c’est qu’un jour ce sera son tour. 


Canelo vs Plant : ça joue du coude

Cela fait maintenant des semaines et des semaines qu’on négocie et rien n’est encore certain. Canelo ne bouge pas et Plant reste sur ses positions. Donc, on fait face à une impasse. 
 

Et si on n’était pas en temps de pandémie, je ne crois pas que Caleb Plant serait même dans la mire de Canelo à moins qu’il soit totalement vendu à l’idée de coiffer les quatre couronnes chez les super-moyens. 


Avant d’aller plus loin, disons que Plant ne vaut pas les 10 millions $ qu’il exige. Et il peut se compter chanceux de voir Canelo négocier avec lui, alors que Dimitry Bivol, David Benavidez, Gennady Golovkin et Jarmall Charlo attendent dans l’aile.  


Il y a un vieux proverbe anglophone qui va comme un gant à Caleb Plant : « Take the money and run... »
 

Les amateurs sont froids 


On dirait que lui et son clan ne comprennent pas que les amateurs de boxe restent froid à son égard et avec raison. Après tout, il n’a jamais vaincu personne de marque. 
 

Les amateurs aimeraient bien mieux voir Canelo se mesurer à Artur Beterbiev, ou Gennady Golovkin que Canelo Plant. D’ailleurs, je demeure convaincu que le Mexicain toucherait plus d’argent s’il affrontait  un de ces deux-là plutôt que de mesurer à Plant le 18 septembre prochain.
 

La seule raison qui pousse Canelo à se mesurer à Plant, c’est pour devenir quadruple champion des 168 livres. Et pour ce faire, il lui faut affronter Plant, le roi de l’IBF, même s’il est assuré de faire moins d’argent que s’il se mesurait à Golovkin, ou bien encore  David Benavidez et les autres grands.
 

Beterbiev, Bivol et Golovkin sont présentement inactifs tandis que Benavidez ne peut être considéré vu qu’il se bat le 28 août prochain contre Jose Uzcategui, à Phoenix, en Arizona. 


Que cela semble donc compliqué de négocier un contrat dans le monde de la boxe. 
 

Bonne boxe!