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RÉSULTATS

Une pente qui a été difficile à remonter pour Kim Clavel

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Les athlètes de pointe avec lesquels Yvon Michel a collaboré depuis le début de sa carrière ont souvent eu la même réaction après une défaite : une fois l'amère déception passée, ils sont prêts à tourner la page et à remonter rapidement dans le ring pour retrouver le chemin de la victoire.

Dans les cas les plus intenses, comme celui de Marie-Ève Dicaire à la suite de son revers contre Claressa Shields, l'ambiance est à peu de choses près à la fête sur le chemin du retour, tellement le sentiment d'avoir tout donné face à la meilleure « livre pour livre » de la planète était présent.

Mais les choses ne se sont pas déroulées ainsi pour Kim Clavel, qui a mis énormément de temps à se remettre de sa défaite – sa première en carrière – par décision unanime des juges subie contre Yesica Nery Plata en unification des poids mi-mouches le 13 janvier dernier à la Place Bell.

Même si Michel avait pourtant martelé dans les minutes qui avaient suivi l'annonce du verdict que le résultat ne changeait en rien la confiance qu'il avait pour sa protégée, cette dernière n'a rien voulu entendre et avait l'impression d'avoir laissé tomber tout le monde qui l'avait appuyé.

« Pendant un bout de temps, j'étais inquiet, a avoué Michel en marge de la dernière conférence de presse faisant la promotion du gala dont Clavel (16-1, 3 K.-O.) sera la tête d'affiche vendredi soir à la Place Bell. Deux semaines après sa défaite contre Nery Plata, elle ne voulait même pas entendre parler du futur. Nous nous sommes demandé si nous allions être capables de la ramener. »

« Sur le coup, tu as l'impression que c'est la fin de ta vie, que c'est dramatique, a reconnu Clavel, qui disputera son combat de retour contre Noami Arellano Reyes, dont le dernier duel s'est aussi soldé par un revers. Ça m'a pris un bon mois pour enfin réussir à relativiser ce qui s'était produit. Je suis tellement compétitive que le résultat devient important quand il te tient autant à cœur. »

En fouillant dans sa boîte à souvenirs, le vétéran promoteur a finalement vu certaines similitudes avec Jean Pascal, qui était inconsolable après sa défaite contre Carl Froch à son premier combat de championnat du monde en décembre 2008. Pascal était également habité par le sentiment d'avoir laissé tomber tout le monde et de ne pas avoir su être à la hauteur quand cela comptait.

Michel a raconté que Pascal était passé près de quatre heures sous la douche à réfléchir, mais qu'il avait heureusement retrouvé le sourire dans l'avion et que son retour à Montréal s'était bien déroulé. Il a aussi rappelé que le flamboyant boxeur avait su rebondir, car il était devenu champion du monde six mois plus tard grâce à son triomphe sur Adrian Diaconu au Centre Bell.

« Certains athlètes sont confrontés au fait qu'un jour ou l'autre, ils se retrouveront encore dans une situation où ils pourraient avoir l'impression de laisser tomber les gens, a expliqué Michel. Dans le cas de Kim, je crois que sa rencontre avec [Roberto] Duran a tout changé. Il lui a dit qu'il ne savait pas combien de titres il avait gagnés, mais se souvenait de ses grandes performances.

« Son équipe avait précédemment tenté de me rassurer et me disant que les choses allaient être correctes, mais c'est lorsqu'elle m'a envoyé un message texte qui disait qu'elle était prête que j'ai compris qu'elle l'était réellement. Elle avait fait tout ce qu'il fallait pour passer au travers... »

« Les défaites, elles font partie du sport. Au tennis et au hockey, c'est normal... à la boxe, c'est juste que la prochaine chance de gagner survient trois ou quatre mois plus tard, a analysé Clavel. Je pense à tout ce que cette défaite m'a apporté, à tout ce que j'ai appris. J'en sors gagnante! »

« Une pression supplémentaire »

Une défaite, ce n'est pas la fin du monde, mais l'accumulation de celles-ci peut drôlement compliquer le destin d'une athlète comme Clavel qui aspire à redevenir championne du monde.

Une victoire contre Arellano Reyes (9-2, 5 K.-O.) ne lui garantirait pas un match revanche contre Nery Plata, mais lui permettrait néanmoins de devenir aspirante obligatoire au WBC et à la WBO.

Sans dire que Clavel a tout changé dans la foulée de son dernier revers, elle s'est surtout assuré de revenir la brillante boxeuse qu'elle était lorsqu'elle a notamment pris la mesure de Yesenia Gomez par décision unanime en juillet 2022 pour s'emparer du titre des mi-mouches du WBC.

Une boxeuse en contrôle de la situation et qui ne commettra pas l'erreur d'échanger coup pour coup avec une adversaire pour s'assurer que tous les partisans dans les gradins soient satisfaits.

« C'est certain qu'il y a une pression supplémentaire quand tu reviens d'une défaite, a conclu Clavel. Tu veux bien faire, tu veux bien performer, car c'est le genre de combat qui va dicter la suite de ta carrière. Sauf que cette pression m'inspire. Je ne sens pas qu'elle m'écrase la tête...

« Le spectacle sera toujours là, cela fait partie de mon ADN, mais la défense est également super importante. Des gars comme Shakur Stevenson et Gervonta Davis ne reçoivent pratiquement pas de coups et sont destinés à connaître de très longues carrières. On n'a qu'une tête après tout! »