MONTRÉAL – Il n’existe officiellement pas de règle de trois à la boxe, mais il était difficile – lire impossible – de s’imaginer que Batyr Jukembayev ne passerait pas sur le corps de Ricardo Lara.

 

Le Montréalais d’origine kazakhe a en effet été sans pitié pour son adversaire mexicain en lui passant le knock-out à 2:31 du 2e round, samedi soir au Cabaret du Casino de Montréal, en finale d’un événement de la série « L’Antre du tigre » d’Eye of the Tiger Management (EOTTM).

 

Même s’il n’avait pas été appelé en renfort à moins d’une semaine d’avis en remplacement de Meximiliano Ricardo Veron, il aurait été étonnant que Lara (22-8) soit en mesure de tenir tête à Jukembayev (18-0, 14 K.-O.), puisqu’il avait été arrêté au 4e round par Mathieu Germain en 2017. Sans rien enlever au Québécois, il n’a jamais été reconnu pour ses victoires avant la limite.

 

Dès le début de l’affrontement, le membre du top-15 mondial au WBC et à l’IBF chez les poids super-légers a démontré sa supériorité en se ruant sur Lara et en touchant la cible à plusieurs reprises. Le Mexicain s’est ainsi rapidement retrouvé au tapis, crachant même son protecteur buccal afin de gagner quelques secondes de répit. Une stratégie qui n’a absolument rien donné.

 

Lara est effectivement retourné au plancher une deuxième fois dans la deuxième minute du deuxième round et a rapidement indiqué à l’arbitre Steve St-Germain que le supplice avait assez duré. Au final, il s’agit de la plus expéditive de ses huit défaites depuis le début de sa carrière.

 

Le promoteur Camille Estephan s’est dit enchanté de la victoire de son protégé et il le croit prêt pour un duel de championnat du monde d’ici la conclusion de l’année. Plus tôt cette semaine, Estephan a révélé qu’il était en discussion avec des partenaires américains afin que Jukembayev effectue prochainement une première sortie au sud de la frontière pour augmenter sa notoriété.

 

Drolet surpris par Kalunga

 

La fiche de l’adversaire de Clovis Drolet n’avait rien de particulièrement impressionnant au premier regard, mais tous s’entendaient néanmoins pour dire que Mponda Kalunga avait ce qu’il fallait pour offrir une opposition digne de ce nom. Et pas juste une opposition à vrai dire.

 

Kalunga (8-2) a en effet surpris le favori local en l’envoyant deux fois au plancher aux troisième et quatrième rounds avant d’être déclaré vainqueur à l’arraché par décision partagée (76-74, 76-74 et 74-76) au terme d’un combat de huit rounds pendant lequel le rythme était effréné.

 

Drolet (11-1) avait pourtant bien commencé l’affrontement en remportant les deux premiers rounds, mais Kalunga l’a surpris au troisième assaut avec une droite que le boxeur de Beauport a omis de bloquer après avoir lancé un jab. L’Ontarien a répété l’exploit au quatrième round.

 

« Ce sont des choses qui arrivent. C’est la boxe, a lâché Drolet après sa défaite, sa première en carrière. Je savais que Kalunga était un très bon boxeur, mais je promets que je vais revenir. »

 

« [Drolet] est vraiment un bon boxeur. Il est fort et il est tough, a quant à lui mentionné Kalunga, qui est également auteur-compositeur-interprète. Il a très bien encaissé chacun de mes coups. »

 

Malgré les deux chutes, Drolet est revenu en force au cinquième round, mais les juges ne sont pas entendus par la suite, deux d’entre eux donnant deux des trois derniers rounds à Kalunga, ce qui lui a permis de se sauver avec la victoire, sa sixième de suite depuis son deuxième revers.

 

Balmir souligne son retour avec une victoire

 

Disputant un premier duel depuis sa percutante défaite contre Steven Butler en octobre 2018, Jordan Balmir (11-1) a renoué avec la victoire en prenant la mesure d’Omar Andrade (6-7-3) par décision unanime (60-54, 60-54 et 59-55). Balmir, qui a vécu des moments très sombres dans la foulée de son revers et d’un combat de retour annulé à une semaine d’avis, a ébranlé Andrade à l’aide d’un crochet de droite au début de l’affrontement, mais a préféré savourer le moment en levant son poing dans les airs, ce qui a incité ses nombreux partisans à manifester leur bonheur.

 

« J’aurai aimé un combat plus court, a déclaré Balmir à sa sortie ring. Mais j’affrontais un boxeur solide qui possédait un bon moment. J’ai peut-être essayé d’en faire trop par moments, mais il ne faut pas oublier que je n’avais pas boxé depuis longtemps. J’aurais vraiment dû écouter mes entraîneurs, mais c’est toujours difficile de le faire après une si longue absence. Je m’adapte... »

 

À l’écart de la compétition depuis juin en raison d’une blessure au dos subie à l’entraînement, Vincent Thibault (10-0, 4 K.-O.) a prouvé qu’il était dans une grande forme en battant Genaro Ortiz (10-8-2) par arrêt de l’arbitre, 50 secondes seulement après le début du deuxième round. Thibault a envoyé son adversaire mexicain au plancher deux fois au premier round et une autre fois au deuxième, ce qui a alors incité l’arbitre Martin Forest à mettre un terme aux hostilités.

 

Tout comme Nurzat Sabirov et Arutyun Avetisyan et plusieurs autres boxeurs connus avant lui, Artur Ziyatdinov (12-0, 9 K.-O.) a ajouté son nom à la longue liste de tombeurs du vétéran Cesar Hernandez Reynoso (16-14-4) en lui passant le knock-out à 2:27 du cinquième round. L’Argentin a visité le plancher à trois reprises pendant le combat et n’a pas été capable de se remettre de la dernière, un uppercut de la gauche. Callum Smith avait mis six rounds pour le stopper en 2016.

 

Un contrat pour Dyczka?

 

En lever de rideau, Adam Dyczka (2-0) a pratiquement passé le knock-out à Jose Manuel Paredes (3-5-3), mais le combattant de Granby a manqué de temps puisqu’il a ébranlé son rival que dans les derniers instants du quatrième round. Dyczka s’est finalement imposé par décision unanime (40-36, 40-36 et 39-37), ce qui lui permettra apparemment de décrocher un contrat de deux ans avec EOTTM. Paredes, qui avait affiché un poids de 134,5 livres à ses débuts professionnels à l’âge de 18 ans en novembre 2007, a fait osciller le pèse-personne à 263 livres hier à la pesée.

 

Martine Vallières-Bisson (2-0) a aussi enregistré une deuxième victoire en autant de sorties en boxe professionnelle en battant Adilene Martinez Herrera (1-1) par décision unanime (40-35, 40-35 et 40-35). Même si elle a été coupée à l’œil gauche à la suite d’un coup de tête accidentel au quatrième et dernier round, Vallières-Bisson a complètement dominé le combat, envoyant notamment Herrera au plancher au deuxième assaut grâce à un crochet de gauche au menton.

 

Finalement, Thomas Chabot (1-0, 1 K.-O.) a réussi ses débuts dans les rangs payants de manière spectaculaire en ne faisant qu’une bouchée de Robert Niedzwiedzki (0-2-1) avant de l’emporter par knock-out technique à 1:45 du premier round en vertu de la règle des trois chutes au tapis. L’athlète originaire de Thetford Mines a avoué avoir ressenti de la nervosité, mais l’a chassée en lançant ses premiers coups. Dans le meilleur des scénarios, le quadruple champion canadien chez les amateurs souhaite disputer six combats à sa première année chez les professionnels.