MONTRÉAL – La dernière fois qu’il s’est battu à Montréal en juin 2016, Artur Beterbiev n’était encore qu’un simple aspirant parmi tant d’autres à une ceinture mondiale des poids mi-lourds.

Cinq ans et demi plus tard, c’est à titre de champion unifié WBC-IBF qu’il remontera sur le ring du Centre Bell pour se mesurer à l’Américain Marcus Browne, en finale d’un gala organisé conjointement par Top Rank et Groupe Yvon Michel (GYM) et qui sera présenté le 17 décembre.

Embauché par GYM en 2013, Beterbiev (16-0, 16 K.-O.) a disputé 10 de ses 11 premiers duels en sol québécois avant de se séparer de son promoteur pour se joindre à Top Rank. Ce changement l’a amené à combattre à Fresno ainsi qu’à Stockton, en Californie, à Chicago, à Philadelphie et même en Russie avant d’avoir une nouvelle chance de pouvoir le faire dans la Belle Province.

Normalement, Beterbiev aurait dû affronter son aspirant obligatoire à l’IBF Fanlong Meng le 28 mars 2020 à Québec, mais une certaine pandémie de coronavirus est venue contrecarrer ses plans, comme ceux d’un peu tout le monde d’ailleurs. Finalement, ce n’était que partie remise...

« Je possède une grande expérience dans les rangs amateurs, donc je suis habitué à me battre un peu partout sur la planète, mais j’avais vraiment hâte de me battre de nouveau dans ma ville d’adoption, a mentionné le Montréalais d’origine russe au cours d’une visioconférence lundi.

« Montréal, c’est ma ville! », a-t-il pris la peine d’ajouter quelques instants plus tard, en français.

Il s’agira pour Beterbiev d’un deuxième choc seulement depuis qu’il est devenu champion unifié à la suite de son impressionnante victoire contre Oleksandr Gvozdyk en octobre 2019. Le Russe a livré son dernier duel face à Adam Deines en mars 2021 et sa prestation a été en demi-teinte, malgré sa victoire par arrêt de l’arbitre au 10e round et sa large avance aux cartes de pointage.

« Il y avait énormément de rouille après une si longue inactivité, a reconnu son entraîneur Marc Ramsay. Artur est toujours dans le gymnase, mais il faut passer au côté compétitif des choses à un moment donné. À ce stade-ci de sa carrière, une longue inactivité n’est jamais souhaitable. »

Même si son nom a été récemment associé à celui de Saul « Canelo » Alvarez et que Browne (24-1, 16 K.-O.) est son aspirant obligatoire au WBC, Beterbiev ne voit pas cet affrontement comme un prix de consolation. Au contraire, le champion et son équipe perçoivent un défi plutôt intéressant.

« Browne est un bien meilleur adversaire que ce que beaucoup d’amateurs et de journalistes prétendent, a prévenu Ramsay. C’est un boxeur complet qui possède les mains parmi les plus rapides la division. Il faut être prêt à 100 pour cent et à presque tout au moment de l’affronter.

« C’est un boxeur que je suis depuis extrêmement longtemps, tant dans les rangs amateurs que professionnels. Je l’ai déjà invité à des camps d’entraînement pour certains de mes boxeurs. »

Connu des amateurs québécois pour s’être incliné contre Jean Pascal en août 2019, l’ancien champion intérimaire de la WBA affichait jusque-là un impressionnant tableau de chasse comprenant les noms de Cornelius White, Gabriel Campillo, Radivoje Kalajdzic, Thomas Williams fils, Sean Monaghan, Francy Ntetu, Lenin Castillo et Badou Jack pour ne nommer que ceux-là.

Tout comme Beterbiev, Browne a profité d’une longue période d’inactivité entre sa défaite face à Pascal et son dernier combat – une victoire contre l’increvable Denis Grachev – en avril 2021. Il a aussi effectué un changement majeur en vue du duel du 17 décembre en s’offrant les services du réputé Derrick James, l’entraîneur du champion unifié des poids mi-moyens Errol Spence fils.

Malgré l’insistance des membres de la presse, Browne n’a pas précisé les raisons derrière cette importante décision. Il n’a pas senti le besoin d’entendre une nouvelle voix à la suite de son revers face à Pascal, expliquant qu’il avait commis des erreurs dont il était le seul responsable.

James n’a pas été plus loquace, faisant surtout remarquer que son nouvel élève était un homme déterminé, étant donné que ce changement l’a contraint à déménager sa famille de New York à Dallas. « Pour connaître du succès, il faut faire d’énormes sacrifices », a simplement dit James.

Chose certaine, Browne devra corriger cette lacune à visiter le tapis ou à perdre des points lors de ses combats, car Beterbiev saura en tirer profit pour ajouter une autre victoire à son dossier.