Listen to "Le compte de 8 - 17 avr. 2018 - Jean Pascal fait languir les amateurs" on Spreaker.

La nouvelle du combat de championnat du monde entre le champion WBO Sergey Kovalev et Eleider Alvarez s’est répandue comme une trainée de poudre. Si plusieurs se réjouissent de voir le Québécois d’adoption enfin obtenir sa chance pour un titre mondial plus de deux ans après être devenu champion obligatoire au titre WBC, d’autres s’inquiètent de voir que ce soit contre le « Krusher » que le sympathique Alvarez doive se mesurer. Que ce soit par une avenue ou par une autre, il n’y a pas de voie facile pour devenir champion du monde, et Eleider Alvarez, de même que son gérant Stéphane Lépine, pourraient écrire un livre sur le sujet.

 

Et alors que l’on sent un soupir de soulagement dans le déblocage du « dossier Alvarez », on perçoit du même coup une vague d’écoeurement supplémentaire envers l’actuel champion WBC, Adonis Stevenson, qui aura obtenu ce qu’il désirait, ou qui a plutôt réussi à éviter ce qu’on lui imposait. Stevenson devrait donc affronter Badou Jack le 19 mai comme il l’a toujours voulu. Le duel Stevenson-Alvarez en est un autre qui, pour l’instant, s’en va au cimetière des combats qui n’ont jamais eu lieu, aux côtés des affrontements Stevenson-Kovalev, Stevenson-Hopkins et Stevenson-Pascal.

Alvarez face à un énorme défi

 

Au bout du compte, il n’aura fallu qu’une petite semaine pour organiser le combat Alvarez-Kovalev. Il s’agit d’un exploit quand on sait que le promoteur d’Alvarez, Yvon Michel, était à couteaux tirés avec la promotrice de Kovalev, Kathy Duva, de Main Events, après l’échec des nombreuses tentatives pour mettre sur pied le choc d’unification attendu entre Kovalev et Stevenson. En quelques jours seulement, Duva et Michel se sont entendus pour une copromotion sur les ondes du télédiffuseur HBO, qui a accepté le partenariat, même si GYM était associé depuis quelques années au télédiffuseur rival Showtime. Tout ce qui reste à déterminer, c’est l’endroit du combat, soit la Place Bell de Laval ou le Madison Square Garden de New York, ainsi que la date (celle du 28 juillet est ciblée par GYM). Les chances que le combat se déroule au Québec m’apparaissent très élevées, compte tenu de la popularité de Kovalev, qui a déjà disputé trois combats dans la province. À l’inverse, je ne suis pas certain qu’Eleider Alvarez crée un engouement chez les amateurs de boxe de la région de New York.

 

Un combat qui promet

 

À la suite de la demande de Kathy Duva, qui cherchait un nouvel adversaire à son champion après que Marcus Browne fut sorti de l’équation pour des problèmes personnels, Yvon Michel a rencontré le clan Alvarez et notamment Marc Ramsay, dont l’opinion est primordiale. L’entraîneur a déjà été impliqué dans un combat contre Sergey Kovalev en mars 2015 dans le coin de Jean Pascal. Ramsay s’était opposé à un deuxième combat de Pascal contre Kovalev, ce qui avait contribué à la fin de sa longue association avec le boxeur de Laval.

 

Mais la situation est maintenant différente. Comme il l’indique, Alvarez est un boxeur très différent de Pascal. Cependant, il redoute encore Kovalev, même si les lacunes du boxeur de 35 ans ont été exposées lors de ses deux défaites contre Andre Ward. Ramsay ne se fie pas non plus à la dernière prestation de Kovalev, en mars dernier, contre Igor Mikhalkin. L’entraîneur québécois était sur place puisqu’il tenait à voir de ses yeux la prestation de Dmitry Bivol contre Sullivan Barrera. Selon Ramsay, Kovalev n’était pas à son meilleur, puisqu’à son avis, le défi n’était pas à la hauteur du champion qui a besoin de motivation.

 

Si Alvarez devait l’emporter, Kovalev pourrait réclamer un combat revanche. Alvarez devra aussi disputer un deuxième combat sur HBO.

 

Si j’estime les chances de victoire d’Alvarez à 50-50, il risque d’en être autrement pour la bourse. Tant Yvon Michel que Stéphane Lépine n’ont pas voulu parler des détails financiers de l’entente. « Ça s’équivaut, il n’y a pas d’énormes différences », a simplement commenté Lépine en référence à la bourse qu’Alvarez aurait pu toucher dans un combat contre Adonis Stevenson.

 

Un premier champion

 

Si Alvarez a enfin pu obtenir un combat de championnat du monde, c’est grâce à la position ferme, toujours courtoise, mais ferme de son gérant Stéphane Lépine, qui a bien tiré les ficelles dans ce dossier très complexe. Celui qui s’occupe également de la carrière d’Oscar Rivas verra enfin un de ses boxeurs se battre pour un titre mondial dans cette aventure québécoise qui n’aura pas été de tout repos pour les deux Colombiens.

« Eleider est gonflé à bloc! »

 

Stéphane Lépine a subi énormément de pression au cours des derniers mois. En plus du dossier d’Alvarez, il a dû composer avec la maladie de sa fille de 10 ans. La leucémie qu’elle a déjà vaincue, a réclamé un combat revanche. C’est donc souvent à partir de l’hôpital Ste-Justine que le père de famille a tenu le cap pour défendre les droits de l’aspirant champion du monde. Le combat du 28 juillet sera important, mais comme il l’indique : « ma championne du monde, je l’ai déjà! »