MONTRÉAL – À la boxe, les combats revanche permettent à un athlète de venger une défaite inattendue ou encore de poursuivre une rivalité qui n’a pas fait de gagnant clair, net et précis.

 

C’est ce que s’apprête à faire l’ancien champion unifié des poids lourds Anthony Joshua contre Andy Ruiz fils le 7 décembre prochain en Arabie saoudite et c’est ce que Saul « Canelo » Alvarez et Gennadiy Golovkin ont fait pendant deux duels chaudement disputés ces dernières années.

 

Les combats revanche peuvent également donner l’occasion de dissiper tous les doutes qui peuvent subsister à la suite d’une prestation qui n’a pas totalement répondu à la hauteur des attentes ou d’une victoire acquise dans des circonstances qui laissent un doute sur sa légitimité.

 

C’est avec l’objectif précis de convaincre ceux et celles qui ont perçu des failles dans son armure que Deontay Wilder a décidé d’en découdre une deuxième fois avec Luis Ortiz, ce soir au MGM Grand de Las Vegas, en finale d’un gala qui sera présenté à la télévision à la carte aux États-Unis.

 

Wilder a vaincu Ortiz par arrêt de l’arbitre au 10e round en mars 2018, mais le champion des poids lourds du WBC avait survécu de peine et misère au 7e assaut après que l’aspirant cubain eut vraisemblablement réussi à l’ébranler. « King Kong » n’a cependant pas été en mesure de profiter de la quarantaine de secondes qui a suivi pour terminer le travail et causer la surprise.

 

Ce n’était évidemment pas la première fois depuis le début de sa carrière que l’Américain échappait un round, mais c’était néanmoins la première véritable fois qu’il donnait l’impression d’être à un coup de poing d’être battu. Pourtant, il garde un souvenir impérissable de ce round.

 

« Le septième round a été un moment incroyable pour moi, a dit Wilder lors d’une conférence téléphonique tenue il y a quelques semaines. Il m’a permis de réaliser de quoi j’étais vraiment fait. Et il a surtout permis aux amateurs de constater quel genre de champion du monde j’étais.

 

« Je suis très fier de ce septième round, surtout lorsqu’on sait dans quelles conditions il a été livré. J’étais grippé et la bonne décision aurait été d’annuler le combat afin de le reporter à un moment où j’aurais été en pleine forme. Mais ce n’est le genre de champion que je suis. Je suis un boxeur qui fait les choses différemment et c’est le genre d’héritage que je souhaite laisser. »

 

Wilder n’a jamais manqué de confiance en ses moyens et sans aller jusqu’à prétendre qu’il n’a jamais été en difficulté au cours de septième assaut, il relative les choses en affirmant plutôt qu’il n’a pas en danger autant que les gens peuvent le penser. Il était en contrôle de la situation.

 

« Je me souviens d’avoir été secoué, mais [Ortiz] ne m’a pas fait mal à proprement dit, a précisé Wilder. Je comprenais très bien ce qui était en train de se produire. Une sorte de voix intérieure a alors commencé à me diriger. Il fallait que l’arbitre me voie et que je continue de me battre...

 

« Je ne voulais pas que les coups que je lançais soient efficaces, car je ne voulais pas gaspiller inutilement d’énergie. Je voulais être capable de récupérer. C’est peut-être pour cette raison que j’ai un peu mal paru, mais je voulais que l’arbitre comprenne que j’étais très actif, que j’avais le plein contrôle de me sens et que j’étais encore très bien en mesure de me battre.Deontay Wilder et Luiz Ortiz

 

« Je pense d’ailleurs que je n’ai pas reçu assez de crédit à ce sujet. Les gens qui décrivaient le combat n’avaient pas l’air de comprendre ce que je faisais. Ils ne comprenaient pas que je réduisais la distance qui me séparait de mon adversaire afin de rendre ses coups inefficaces. Je n’ai pas reçu assez de crédit pour l’intelligence que j’ai démontré dans le ring à ce moment-là. »

 

Ortiz est le deuxième boxeur après Bermane Stiverne que Wilder affrontera pour la deuxième fois en carrière. Si Stiverne avait été en mesure d’atteindre la limite à la première occasion, « The Bronze Bomber » avait rapidement réglé son cas à leur deuxième rendez-vous en le démolissant en moins de trois minutes à la deuxième en lui passant un virulent knock-out.

 

Personne ne s’attend vraiment à ce qu’Ortiz subisse le même traitement, même si le vétéran boxeur cubain n’a pas été particulièrement étincelant à ses trois sorties qu’il a effectuées depuis sa défaite contre Wilder. À 40 ans, il pourrait devenir le deuxième plus vieux pugiliste après George Foreman à mettre la main sur une ceinture mondiale dans la catégorie reine de la boxe.

 

« Ortiz est encore l’un des meilleurs boxeurs au monde, a rappelé Wilder. La preuve? Personne n’a osé lui donner une vraie chance après que je lui ai infligé sa première défaite. La plupart du temps, les gens veulent affronter un boxeur qui vient de subir la défaite parce qu’ils ont vu des faiblesses. Mais cela n’a pas du tout été son cas. Personne n’a levé la main pour l’affronter... »

 

Au final, même si Wilder a assuré ne pas penser au combat revanche qui l’attend avec Tyson Fury au début de la prochaine année, tous savent que l’Américain souhaite se présenter sur la ligne de départ avec un avantage marqué à la suite des difficultés rencontrées par le Britannique à son dernier duel. À ce niveau, il semble que tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins.