MONTRÉAL - Écrire que la scène locale d’arts martiaux mixtes bat de l’aile depuis quelque temps n’est pas matière à débat. Cela complique cependant la tâche des combattants qui souhaitent percer pour devenir les prochains Georges St-Pierre, Patrick Côté et Olivier Aubin-Mercier.

En l’absence d’un promoteur pour les aider à gravir les échelons, ces athlètes n’ont pas le choix de s’exiler pour avoir la chance de combattre dans des conditions qui sont souvent loin d’être idéales. C’est précisément dans cette impasse que se retrouve aujourd’hui Yoni Sherbatov.

Le Lavallois est professionnel depuis mai 2014, mais n’a disputé que cinq duels depuis le début de sa carrière, un total jugé nettement insuffisant pour parfaire sa technique. Mais plutôt que de s’apitoyer inutilement sur son sort, il a décidé de plonger dans une toute nouvelle aventure.

C’est ainsi que Sherbatov a effectué ses débuts en boxe professionnelle, jeudi soir, en sous-carte de la nouvelle série de Groupe Yvon Michel présentée au Cabaret du Casino de Montréal. Il entend profiter de l’expérience pour ajouter une nouvelle corde à un arc déjà très bien garni.

« Puisque je n’avais pas de combat en arts martiaux mixtes à l’horizon et que la possibilité de boxer s’est présentée, j’ai décidé d’y aller après en avoir parlé avec mon équipe de management et mon entraîneur de boxe Marc Ramsay, a expliqué Sherbatov à RDS.ca la semaine dernière. »

« Il est à un ou deux combats d’une entente avec un grand promoteur et nous voulions tous qu’il demeure actif, a ajouté Ramsay. C’est un combattant qui compte déjà énormément de partisans et il avait la possibilité de vendre beaucoup de tables pour les galas au Casino. »

À l’origine, rien ne laissait pourtant présager que le réputé entraîneur dirigerait Sherbatov chez les professionnels. Ce dernier avait fait appel à Ramsay pour l’aider à peaufiner sa technique et en échange, il donnait un coup de main en traduisant les consignes à Artur Beterbiev. Mais c’est en le voyant mettre les gants avec Vislan Dalkhaev en sparring que Ramsay a eu cette idée.

« J’ai découvert un gars qui savait boxer, s’est rappelé avec enthousiasme Ramsay. Aussitôt qu’il touche à un nouveau sport, il devient très bon. Je l’ai vu réussir du premier coup des exercices qui requièrent pourtant un niveau d’habiletés élevé. Il assimile les choses très rapidement. »

« J’adore la boxe! C’est quelque chose d’inné dans ma famille, a continué Sherbatov. Dès l’âge de cinq ans, mon père m’a envoyé suivre des cours et c’est sans compter que j’ai ouvert un gymnase – Sherbatov MMA – avec mon frère Boris à Laval il y a déjà une dizaine d’années. »

Au final, c’est l’approche de Ramsay qui a convaincu Sherbatov de se lancer. En le côtoyant dans la préparation de Beterbiev, il a réalisé qu’il ne pouvait pas compter sur un meilleur professeur.

« J’ai adoré la façon de faire de Marc, a-t-il précisé. J’avais déjà envie de faire des combats professionnels, mais il m’a donné la confiance de le faire. J’aime comment il parle à ses athlètes, c’est vraiment professionnel. Il dégage une énergie qui donne confiance en ses moyens. »

« Il a eu la chance de voir les efforts qu’Artur, Eleider Alvarez et David Lemieux mettaient dans le gymnase, a poursuivi Ramsay. En mettant les gants avec Vislan, il s’est retrouvé dans un environnement compétitif que la plupart des boxeurs ne vivent qu’après plusieurs combats. Je peux affirmer qu’il s’agit du meilleur combattant d’arts martiaux mixtes que j’ai vu en boxe. »

La priorité de Sherbatov demeure les arts martiaux mixtes, mais après la lutte, le jiu-jitsu brésilien et la boxe thaïlandaise, le nouveau pugiliste entend vivre cette nouvelle expérience à fond.