MONTRÉAL – Marie-Ève Dicaire voulait lancer un message pour la deuxième défense de son titre des poids super-mi-moyens de l’IBF : il faut plus que de la bonne volonté pour espérer la battre.

 

La Québécoise a en effet dominé techniquement la Suédoise Maria Lindberg avant de s’imposer par décision unanime des juges, vendredi soir au Cabaret du Casino de Montréal, en finale du dernier événement de la saison de « La série de boxe Dooly’s » de Groupe Yvon Michel (GYM).

 

Les trois juges ont remis des cartes de 99-91, 99-91 et 98-92 en faveur de Dicaire (16-0), qui s’est déplacée pendant les dix rounds pour éviter la pression constante de Lindberg (17-5-2). La deuxième aspirante à la ceinture de Dicaire a subi sa quatrième défaite en autant de tentatives en championnat du monde, après celles encaissées contre Christina Hammer et Ewa Piatkowska.

 

« Comme on l'avait prévu »

« Tout s’est passé exactement comme nous l’avions prévu, s’est réjouie l’athlète originaire de Saint-Eustache à sa sortie du ring. Ça n’a pas été plus facile ou plus difficile que je l’imaginais : j’ai dû travailler très fort du début à la fin du combat pour mériter ma ceinture de championne.

 

« Même si [Lindberg] ne gagnait pas un round, elle était là pour se battre. Elle m’a vraiment obligé à travailler. Contrairement à [Chris] Namus ou encore [Mikaela] Lauren, je n’ai pas senti Lindberg casser. Malgré le fait qu’elle avait le nez en sang, elle continuait d’avancer. Chapeau! »

 

Disputant un 16e combat depuis le début de sa carrière, Dicaire a jugé qu’il s’agissait de loin de sa meilleure performance. La gauchère a expliqué que l’expérience acquise contre Namus – qui lui avait permis de devenir championne – et Lauren – sa première défense – a été déterminante.

 

« Ces deux combats m’ont appris à rester calme et surtout à ne pas paniquer dans une situation où la fille devant moi met de la pression, a précisé la boxeuse âgée de 32 ans. Contre Namus et Lauren, j’avais le bon instinct, mais je n’étais pas aussi dominante que j’ai pu l’être ce soir. Je savais que j’avais un plan de match. Je savais que j’avais une stratégie et je l’ai très bien suivie. »

 

Dicaire ne déroge pas du plan

Fidèle à son habitude, Dicaire a connu un lent début d’affrontement, passant la quasi-totalité des deux premiers rounds à recueillir de l’information alors qu’elle se cachait derrière son jab. À la troisième reprise, Lindberg l’a surprise avec une droite, incitant ainsi son entraîneur à réagir.

 

« Je me suis senti obligé de lui rappeler qu’elle devait demeurer vigilante en tout temps, a révélé Stéphane Harnois. C’est pourquoi elle devait se déplacer continuellement et quand elle l’a fait, Lindberg n’a jamais été en mesure de lancer ses rafales de coups. C’est aussi simple que cela! »

 

Dicaire profitera des trois prochaines pour décrocher, alors que son équipe planchera déjà sur la suite des choses. La championne n’a pas manifesté le désir d’obtenir un duel d’unification à tout prix, mais son entraîneur a assuré qu’elle pouvait rivaliser avec n’importe qui chez les 154 livres.​

 

Zewski survit à une chute au plancher

 

Il y a un peu plus de quatre ans, Mikael Zewski avait connu un premier échec en subissant la défaite contre Konstantin Ponomarev, alors que sa carrière était enfin sur le point de décoller.

 

Zewski s'impose par décision unanime

De retour au Québec depuis, après s’être séparé de son promoteur américain Top Rank, le Trifluvien livrait enfin un duel charnière qui lui permettrait d’envahir les classements mondiaux.


Mais l’histoire de mai 2015 semblait sur le point de se répéter après que le Québécois eut posé un genou au sol au 6e round, mais Zewski (33-1) a connu une excellente fin d’affrontement pour disposer du très pugnace mexicain Abner Lopez par décision unanime (97-92, 97-92 et 96-93).

Avec cette victoire obtenue à l’arraché, Zewski s’est emparé du titre nord-américain de l’IBF en plus de celui de la NABO des poids mi-moyens, ce qui lui permettra vraisemblablement de percer le top-15 de l’IBF et de la WBO. À noter qu’il pointait déjà à la 14e position au WBC.

Après avoir connu un très bon premier round grâce à l’efficacité de ses combinaisons, Zewski est tombé dans le piège tendu par Lopez (27-10-1) en échangeant coup pour coup avec lui. Le duel a ainsi donné lieu à un spectacle enlevant, mais le minois de Zewski a vite montré des rougeurs.​

Pas de guerre de tranchées pour Lafrenière

 

L’effet Stéphan Larouche se fait de plus en plus sentir sur Francis Lafrenière, étant donné que le populaire boxeur de Coteau-du-Lac s’est régulièrement servi de son jab au lieu de privilégier le combat rapproché avant de l’emporter par décision unanime sur le Mexicain Jose Luis Zuniga.

 

Les trois juges ont remis des cartes de 79-73, 78-74 et 78-74 en faveur de Lafrenière (19-7-2), qui disputait un deuxième duel sous les ordres du réputé Larouche après avoir précédemment passé l’entièreté de sa carrière chez les professionnels avec les frères Howard et Otis Grant.

 

Évidemment, Lafrenière s’est adonné à quelques parties de mains chaudes avec Zuniga (16-5-1), qui paraissait souvent au bout de son souffle, lui qui a remplacé Tsetsi Davis au pied levé après que le Jamaïcain eut échoué à un test médical de la Régie des alcools, des courses et des jeux.

 

« Mon adversaire n’était peut-être pas le plus vite et le plus fort, mais l’important ce soir, c’était vraiment d’avoir du plaisir, a mentionné Lafrenière à sa sortie du ring. J’ai eu le temps d’essayer beaucoup de choses comme bouger la tête, mais c’est vraiment un travail de longue haleine. »

 

Seyi, Houle et Pellerin l’emportent

 

À son premier combat prévu pour six rounds en carrière, Wilfried Seyi (6-0) s’est plutôt bien tiré d’affaire en prenant la mesure du Mexicain Brian Galvez (4-1-1) par décision unanime (60-54, 60-54 et 60-54). Le Montréalais d’origine camerounaise qui a participé aux Jeux olympiques de Rio en 2016 a savamment préparé chacune de ses attaques avec son jab, mais il devra resserrer sa défense, puisque Galvez a souvent été capable de répliquer avec son uppercut de la droite.

 

En ouverture, Marie-Pier Houle (2-0, 1 K.-O.) a signé une deuxième victoire en autant de sorties en battant la Mexicaine Veronica Diaz Marin (0-3) par arrêt de l’arbitre à 1:46 du 4e round. La boxeuse de Trois-Rivières s’est offert un premier gain avant la limite en terrassant la Mexicaine à l’aide d’une puissante gauche. Houle avait précédemment malmené sa rivale en réussissant à atteindre la cible à tous les coups avec sa main arrière, même si elle ne s’attaquait qu’à sa tête.

 

Par ailleurs, Yan Pellerin (8-1) a vaincu Michel Mejia Borja (1-2) par décision unanime (40-36, 40-36 et 40-36) au terme d’un choc particulièrement terne. À la défense du populaire combattant de Granby, il avait été appelé en relève à seulement dix jours de la présentation de l’événement pour aider à la vente de billets. Son adversaire gaucher lui a causé de la difficulté à s’émanciper.

 

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