MONTRÉAL – En défaisant coup sur coup Chris Namus, Mikaela Lauren et Maria Lindberg – qui étaient respectivement championne, première et deuxième aspirantes des poids super-mi-moyens de l’IBF – en l’espace de seulement sept mois, Marie-Ève Dicaire a assurément atteint son objectif de gagner en notoriété et surtout en crédibilité dans le monde de la boxe féminine.

 

La boxeuse originaire de Saint-Eustache était officiellement passée chez les super-mi-moyennes après avoir disputé huit de ses neuf premiers combats chez les mi-moyennes afin de mettre la main sur un titre mondial, chose qui aurait été extrêmement compliquée – voire impossible – dans la catégorie inférieure en raison de la domination totale de la grandiose Cecilia Braekhus.

 

Depuis toujours, Dicaire et son équipe rêvent d’une rencontre au sommet avec la Norvégienne et tout est mis en place pour attirer l’attention de celle qui était considérée jusqu’à l’année dernière comme la meilleure boxeuse « livre pour livre » de la planète selon l’Association des chroniqueurs de boxe d’Amérique. Et le travail dans le gymnase est d’ailleurs déjà commencé.

 

« Nous travaillons beaucoup avec des techniciens et des techniciennes, a souligné l’entraîneur Stéphane Harnois à RDS.ca après la victoire de sa protégée sur Lindberg par décision unanime des juges en finale d’un gala de Groupe Yvon Michel organisé vendredi soir au Cabaret du Casino de Montréal. Je commence tous les camps d’entraînement en faisant appel à des techniciennes.

 

« C’est certain que plus le camp avance, plus je me tourne vers des partenaires d’entraînement semblables à l’adversaire que Marie-Ève va affronter. Ce qui est plaisant, c’est que le vieux style bagarreur est tellement rendu facile à contrer pour Marie-Ève, qu’il est maintenant possible de travailler sur plusieurs autres choses qui seront utiles face aux techniciennes éventuellement. »

 

Plusieurs observateurs redoutent cependant le jour où Dicaire n’aura pas devant elle une rivale qui a pour principales qualités de toujours foncer et de ne jamais abandonner. Ils se demandent si elle sera en mesure de faire jeu égal avec une adversaire qui maîtrise la science du noble art.

 

« Le jour que Marie-Ève sera confrontée à une technicienne, c’est là que tout son talent va sortir encore plus, a prédit Harnois. Plus le niveau d’adversité est haut, plus Marie-Ève se démarque. Plus les rounds avancent, plus elle a la possibilité de démontrer toute l’étendue de son talent. »

 

Mais avant d’en arriver à un grand rendez-vous avec Braekhus, Dicaire devra vraisemblablement unifier sa ceinture et c’est pourquoi la championne de la WBA Hanna Gabriels et celle du WBC Ewa Piatkowska – qui avait fait faux bond à la Québécoise pour affronter Lindberg l’an dernier – sont dans sa mire pour une confrontation d’ici la fin de l’année en octobre ou bien en décembre.

 

« Comme on l'avait prévu »

Par contre, il faudrait un concours de circonstances exceptionnel pour que Dicaire se mesure à la meilleure « livre pour livre » de la planète Claressa Shields, qui a très récemment annoncé son passage chez les super-mi-moyennes après avoir été championne unifiée à 168 et 160 livres. Le clan de l’Américaine l’a d’ailleurs approchée, mais l’offre n’était tout simplement pas suffisante.

 

« Je n’ai pas peur de le dire : Shields ne fait pas partie des plans, à moins qu’on nous offre un money fight, a lancé Harnois. Ce n’est pas que nous avons peur, sauf que dans la vie de tous les jours, Shields pèse entre 180 et 183 livres. Je la connais très bien pour l’avoir vu à l’œuvre dans les rangs amateurs et elle a récemment eu de la difficulté à respecter la limite de 160 livres. »

 

Shields était censée croiser le fer avec Ivana Habazin le 17 août prochain dans un combat pour le titre vacant des super-mi-moyennes de la WBO, mais elle a toutefois dû déclarer forfait à cause d’une blessure à un genou subie à l’entraînement. Le duel a finalement été remis à l’automne.

 

Une décision salutaire pour Zewski

 

Si Mikael Zewski n’avait pas eu les deux ceintures mineures qu’il venait de gagner suspendues à ses épaules, il aurait été ardu de concevoir que le boxeur de Trois-Rivières était sorti vainqueur par décision unanime de son affrontement chaudement disputé contre le pugnace Abner Lopez.

 

« J'aime aller dans des guerres »

Les deux yeux complètement tuméfiés, Zewski a livré une guerre de tous les instants et a même dû poser un genou au sol au sixième round, alors que la pression se faisait de plus en plus sentir sur lui. Une décision très salutaire, car il a ensuite repris ses esprits pour finir le combat en force.

 

« Il m’a atteint solidement et j’ai été ébranlé. Je savais [qu’une chute] allait venir tôt ou tard, a avoué Zewski après sa septième victoire de suite depuis son unique défaite contre Konstantin Ponomarev en mai 2015. C’était aussi bien de mettre un genou par terre et de bien récupérer.

 

« Ça fait partie des plus durs combats que j’ai disputés avec celui contre Jose de Jesus Macias. Je ne pense pas que ces deux gars-là ont mon talent, loin de là, mais j’aime me ramasser dans ce type de guerres. Le gars était solide et résilient, mais quand ça ne tombe pas, ça ne tombe pas. »

 

Zewski a réitéré vouloir un choc significatif à l’automne – il a évoqué le nom d’Amir Khan un peu plus tôt cette semaine –, mais peu importe qui se présentera devant lui, il n’aura pas le choix d’apporter des ajustements, car il ne s’en tirera pas aussi facilement contre un aspirant mondial.

 

« On ne s’embarque pas dans la boxe sans penser qu’on va être en difficultés, a-t-il répondu. Je suis né pour ça : pour me battre, être coupé, aller au sol, me relever et gagner des combats. »

Dicaire conserve son titre
Zewski s'impose par décision unanime