Jean Pascal participera à son 10e combat de championnat du monde depuis le commencement de sa carrière, alors qu’il se mesurera au détenteur du titre « régulier » des poids mi-lourds de la WBA Dmitry Bivol, ce samedi soir au Hard Rock Hotel & Casino d’Atlantic City, au New Jersey.

Ancien champion du WBC de juin 2009 jusqu’à sa défaite devant Bernard Hopkins en mai 2011, Pascal (33-5-1, 20 K.-O.) n’a pas eu la chance de se coiffer d’une couronne mondiale depuis son deuxième revers contre l’ex-champion unifié Sergey Kovalev en janvier 2016 au Centre Bell.

Bivol (14-0, 11 K.-O.) était d’abord censé croiser le fer avec Joe Smith fils, mais l’Américain s’est désisté à la dernière minute pour accepter une meilleure offre de DAZN en vue d’un duel avec le champion de l’IBF Artur Beterbiev. Le Russe né au Kirghizistan s’est ensuite tourné vers Pascal, toujours classé 9e à la WBA même s’il a effectué sa dernière sortie chez les poids lourds-légers.

Champion du monde cadet à deux reprises dans les rangs amateurs, Bivol n’a cependant jamais pu représenter la Russie aux Mondiaux ou encore aux Jeux olympiques chez les seniors, car il se retrouvait coincé derrière son compatriote Egor Mekhontsev, éventuel médaillé d’or aux Jeux de Londres en 2012. Mais cela ne l’a pas du tout empêché de devenir champion intérimaire dès son septième combat seulement dans les rangs professionnels. Portrait de sa carrière en cinq temps.

1. Bivol c. Felix Valera, le 21 mai 2016 au Khodynka Ice Palace de Moscou

Après avoir remporté ses six premiers combats avant la limite et mis la main sur deux ceintures mineures – USNBC d’argent du WBC et intercontinentale de la WBA – au passage, Bivol affronte le champion intérimaire des mi-lourds de la WBA, qui a mis la main du titre à son duel précédent en battant Stanislav Kashtanov par décision partagée des juges dans une certaine controverse.

Il est évidemment plutôt hasardeux de comparer Valera à Pascal, mais le Dominicain présente une boxe qui rappelle parfois celle du Québécois des beaux jours, parce qu’il garde parfois les mains basses et qu’il choisit ses moments pour attaquer par séquences. De son côté, Bivol prend le contrôle du centre du ring et lance son jab comme un métronome pour inscrire des points.

Valera se déplace beaucoup pour diminuer le rythme du combat et lorsqu’il se porte à l’attaque, Bivol est cependant facilement en mesure d’esquiver les coups en reculant rapidement. Comme ce sera le cas dans plusieurs duels qui suivront, le travail méthodique de Bivol rapporte plus les rounds se succèdent, car sa main droite touche la cible en perçant la défense de son adversaire.

Bivol passe près d’arrêter Valera en l’envoyant au plancher au sixième round avant de répéter l’exploit au huitième que le champion termine ensuite de peine et misère. L’aspirant ne s’expose pas pour le reste du combat et l’emporte par décision unanime (119-107, 119-107 et 116-111).

2. Bivol c. Robert Berridge, le 23 février 2017 au Forum de Nizhny Tagil en Russie

Après avoir disputé un combat contre Yevgenii Makhteienko où son titre intérimaire n’était pas à l’enjeu, Bivol rencontre Berridge, un vétéran néo-zélandais de 35 duels qui s’est déjà incliné devant Blake Caparello, Vasily Lepikhin, Thomas Oosthuizen et... Eleider Alvarez dans le passé.

En juillet 2016 à Québec, Berridge avait accepté de remplacer Chad Dawson au pied levé pour se mesurer à Alvarez en sous-carte de Stevenson-Williams à une semaine d’avis. Le pugiliste de 5 pieds 8 pouces n’avait jamais su contrer le jab d’Alvarez et avait été battu par décision unanime.

Contre Bivol, Berridge est constamment piégé par le crochet de gauche de son adversaire qui est envoyé par-dessus ses timides droites à la suite d’une esquive. Le Néo-Zélandais tente du mieux qu’il peut de réduire la distance, sauf que la lenteur de ses mains ne lui permet pas de prévaloir.

Le travail de Bivol finit par rapporter au troisième round alors que Berridge se retrouve deux fois au tapis et les choses s’animent encore plus au début de la quatrième reprise quand Bivol laisse aller ses mains et envoie Berridge sur le canevas après une série de coups. L’œil droit maculé de sang, le gaucher se relève, mais l’arbitre met fin aux hostilités sur recommandation du médecin.

3. Bivol c. Trent Broadhurst, le 4 novembre 2017 à la Salle Médecin du Casino de Monte-Carlo

Sonné au son de la cloche

Promu champion « régulier » après que Badou Jack eut renoncé au titre pour croiser le fer avec Adonis Stevenson, Bivol effectue ainsi la première défense de sa ceinture face à Broadhurst, un Australien qui ne s’est jamais battu à l’extérieur de son pays et qui a subi sa seule défaite contre Berridge à sa huitième sortie dans les rangs professionnels un peu plus de six ans auparavant.

Pour sa première finale sur HBO, qui considère que Bivol pourrait devenir le prochain visage de la catégorie, il s’arrange évidemment pour épater la galerie. À la suite d’une première chute au plancher qui n’en était vraisemblablement pas une, le Russe assomme Broadhurst grâce à une puissante droite tout juste avant que la cloche annonçant la fin du premier round ne résonne.

« Je sais que tout le monde voulait voir un knock-out », affirmera Bivol après son triomphe, son douzième en autant de combats depuis ses débuts. Premier round, onzième round, [les gens] veulent voir des knock-out. J’espère que les gens ont aimé le combat et qu’ils ont été excités. »

4. Bivol c. Sullivan Barrera, le 3 mars 2018 au Madison Square Garden de New York

Fort de sa victoire à sa première défense, Bivol se retrouve devant un adversaire imposé par la WBA, qui aurait cependant très bien pu se mesurer au champion de la WBO du moment Sergey Kovalev. Barrera opte toutefois pour le combat contre Bivol, étant donné qu’il juge qu’une offre beaucoup plus lucrative pour une éventuelle unification viendra si jamais il est sacré champion.

Bivol ne se formalise pas trop de la décision de Barrera, expliquant qu’il comprend pleinement les arguments du Cubain. Il se dit même convaincu que Berrera représente son plus important défi en carrière. Même si chaque combat est important, le Russe ajoute qu’il devra absolument démontrer ses plus belles qualités pour espérer l’emporter et demeurer champion du monde.

Berrera a subi sa seule défaite en carrière contre un certain Andre Ward et compte notamment Jeff Lacy, Karo Murat et Joe Smith fils à son tableau de chasse. Le Cubain a aussi été champion du monde junior chez les poids moyens en 2000, battant Chad Dawson 21-11 en demi-finale.

Présenté en demi-finale du duel entre Kovalev et Igor Mikhalkin, Bivol domine les dix premiers rounds du combat même s’il est rapidement coup à un œil à la suite d’un coup de tête. Mais comme il l’avait mentionné après sa dernière sortie, il cherche le knock-out et parvient à arrêter Barrera après l’avoir envoyé au tapis à l’aide d’une solide droite précédée de plusieurs coups.

5. Bivol c. Isaac Chilemba, le 4 août 2018 au Hard Rock Hotel & Casino d’Atlantic City au New Jersey

Bivol boxe encore une fois en demi-finale d’un combat de son compatriote Kovalev, qui croise le fer avec le Montréalais d’origine colombienne Eleider Alvarez pour la deuxième défense de son titre de la WBO. De son côté, le champion de la WBA se mesure à Chilemba, vainqueur de Blake Caparello, mais défait par Oleksandr Gvozdyk, Kovalev et Alvarez à ses trois chocs précédents.

Quelques jours avant le duel, l’équipe de Chilemba laisse entendre que Bivol semble considérer le vétéran boxeur sud-africain comme une vulgaire marche vers les plus hauts sommets et que son expérience dans des combats avec Kovalev, Alvarez et Tony Bellew ainsi que des séances de sparring avec Artur Beterbiev et Pascal risquent de peser dans la balance et faire la différence.

Même si les amateurs n’hésitent pas à manifester leur mécontentement lors de l’affrontement, Bivol s’en donne à cœur joie pendant les douze rounds, qu’il remporte en totalité sur deux des cartes des trois juges. Le seul reproche qui peut lui être fait, c’est de ne pas avoir été en mesure de fermer les livres, alors que son jab et ses combinaisons touchaient frénétiquement la cible.

Les plans d’une unification attendue avec Kovalev sont cependant contrecarrés par Alvarez, qui l’emporte ensuite par knock-out au septième round. Le champion déchu exigeant presque immédiatement une revanche, Bivol devra attendre son tour avant d’ajouter une autre ceinture.