J’ignore si Dmitry Bivol est le meilleur des quatre champions mondiaux des mi-lourds. Seul l’avenir nous le dira. Mais je peux affirmer sans crainte qu’il est le technicien par excellence du groupe sélect composé d’Oleksandr Gvozdyk, de Sergey Kovalev et d’Artur Beterbiev.

Il n’a pas la puissance de frappe de Beterbiev. Il n’a pas l’expérience de Kovalev, mais il cogne plus fort que Gvozdyk.

Samedi soir, au Turning Stone Resort & Casino, de Verona, dans l’État de New York, il a donné une leçon de boxe à Joe Smith, fils. Il a si bien fait que deux des trois juges n’ont accordé qu’un seul round à Smith au cours de l’affrontement.

Je croyais qu’on aurait droit à un feu d’artifice entre deux puissants cogneurs. On a plutôt on a eu droit à un match scientifique, tel un neurochirurgien en pleine action.

Reconnu comme un puissant cogneur, Smith n’a jamais pu laisser partir la bombe qui aurait pu étourdir son rival, si ce n’est un coup au son de la cloche qui mettait fin au dixième engagement.

Ce Bivol est non seulement un bon technicien de l’attaque, mais il excelle aussi en défense. De plus, son cardio est de beaucoup supérieur à la moyenne.

Son expérience amateur

Dans ce match à sens unique, c’est son expérience amateur (283-13) qui a fait toute la différence. Son jab a tenu Smith à distance pendant les 36 minutes du combat et en aucun temps, il a dérogé de son plan de match.

Smith voulait l’amener dans une bataille de rue. Le champion n’a pas mordu au piège. Au neuvième engagement, il a terrassé Bivol au sol avec un élan digne de Georges St-Pierre, mais l’arbitre Gary Rosado s’est contenté de donner un avertissement à Smith. On pouvait lire sa frustration sur son visage.

À la fin du huitième engagement, assis dans son coin, on a demandé à Bivol comment Smith pouvait être encore debout avec tous ces coups de puissance qu’il encaissait?

Que fera Bivol maintenant qu’il a conservé sa couronne WBA des mi-lourds? Il a l’intention de réduire son poids à 168 livres et défier Saul « Canelo » Alvarez pour son titre des super-moyens. Il a aussi mentionné le nom de Callum Smith comme adversaire potentiel cet été ou à l’automne.

Deux heures pour faire le poids

En demi-finale de la soirée, Maurice Hooker n’a eu aucune difficulté à faire subir à Mikkell LesPierre son premier revers en carrière, lui permettant ainsi de conserver sa couronne WBO des super-légers.

Les experts avaient vu juste en favorisant Hooker par 20-contre-1 pour conserver son titre. Il avait donné une frousse à ses partisans lors de la pesée du vendredi en prenant plus de deux heures pour finalement atteindre le poids des 140 livres. Quand il a monté sur le ring, il pesait 160 livres.

Dès le premier round, son entraîneur lui a demandé si tout allait bien. Il a été hésitant avant de répondre : « Oui... ». On se demandait si sa coupe de poids de la veille pouvait l’incommoder.

Au contraire, Hooker a fait les 12 rounds sans difficulté. Il a envoyé son rival au tapis au 9e engagement et à la fin du match, un des trois juges lui donnait une note parfaite.

Après sa victoire, Hooker a déclaré qu’il aimerait rencontrer Vasiliy Lomachenko si jamais ce dernier décidait d’évoluer chez les super-légers.

Hooker c. Catterall

Attendez-vous plutôt de voir Hooker se mesurer au premier aspirant à sa couronne, Jack Catterall, qu’on avait fait venir de la Grande-Bretagne pour assister au combat.

Enfin, cette soirée bien remplie nous a permis de voir Callum Johnson à l’œuvre contre le vétéran de 37 ans Seanie Monaghan.

Monaghan est rendu au bout du rouleau. Il n’a jamais été en mesure de contrer les attaques de son rival, si bien que l’arbitre Charlie Fitch a mis fin au combat en troisième reprise.

Monaghan subissait ainsi sa troisième défaite au cours de ses quatre derniers matchs et il est plus que temps qu’il songe à mettre un terme à sa carrière de boxeur.

Après sa victoire, Johnson a déclaré qu’il aimerait bien rencontrer Bivol. Je ne donne pas cher pour sa peau, puisqu’il n’a pu résister que pendant quatre rounds devant Artur Beterbiev en octobre dernier. Pour le moment, son grand fait d’armes c’est d’avoir terrassé Beterbiev au deuxième round de leur match.

La chance sourit à Porter

Shawn Porter croit dur comme fer qu’il a vaincu Yordanis Ugas samedi soir, à Carson, en Californie. Mais plusieurs des amateurs de boxe qui ont vu le combat ne sont pas d’accord avec lui.

Ugas méritait plus qu’une défaite par décision partagée. La plupart du temps, Porter se sauvait et refusait d’engagement le combat. Pourtant, il avait promis pendant la semaine précédant le match qu’il montrerait sa nouvelle force de frappe et qu’il gagnerait par knock-out.

Le pire, c’est qu’il croit sincèrement avoir remporté la victoire et il veut maintenant se mesurer à Erroll Spence fils, Keith Thurman et Manny Pacquiao et ainsi unir tous les titres. Porter semble oublier qu’il est le moins bon de ces trois champions et qu’il subirait la défaite contre chacun d’entre eux.

En aucun temps au cours de la rencontre, Ugas a été en difficulté. Bien au contraire, c’est lui qui souvent se portait en attaque. Après le match, Porter montrait une coupure à l’œil droit et l’autre était enflé.

Malgré tout, le champion se dit très content de ne pas avoir dérogé de son plan de match. Pourtant, la foule présente ne l’entendait pas ainsi et a crié sa frustration.

Pas de match revanche

Une chose dont ne veut pas Porter, c’est un match revanche contre Ugas. « Je ne veux pas d’Ugas parce que je veux me battre contre Errol Spence fils, Manny Pacquiao ou encore Keith Thurman », a-t-il admis après son cadeau des juges.

Même s’il n’a que 31 ans, Porter commence à montrer des signes de vieillissement. Il n’a pas la force de frappe ni la taille pour pouvoir tenir son bout contre les meilleurs. Ugas a montré les lacunes de Porter, or imaginez ce qui surviendra si jamais il affronte Spence?

Bonne boxe!