J’aime le sport de la boxe. Et de tous les boxeurs, mon préféré est Manny Pacquiao. J’aime sa fougue, le volume et la puissance de ses coups, sa manière de découper un ring. J’aime son attitude dans le ring et à l’extérieur. J’aime quand il chante. J’aime le politicien. J’aime même sa vulnérabilité. Et j’ai eu le bonheur mardi de discuter pendant une quarantaine de minutes à l’entraîneur de Pacquaio, Freddie Roach.

L’homme de 55 ans, qui entraîne MON boxeur depuis 15 ans n’a que d’éloges pour Pacquiao, à quel point c’est un grand boxeur, et aussi un grand homme. Pendant 40 minutes, il m’a parlé d’un paquet de trucs fascinants. Il m’a raconté un repas à Hawaii avec Bob Arum et Imelda Marcos. Il m’a raconté à quel point le pays de Manny s’était amélioré depuis plus d’une décennie, à quel point il était fan de basket et de Larry Bird, puis de hockey et des Bruins de Bobby Orr dans son Boston natal qu’il a quitté à la fin des années 70. Il m’a questionné sur le Canadien, sur comment l’équipe a pu s’effondrer de la sorte. Je lui ai parlé de confiance et il a compris. C’est en plein ce sur quoi il travaille avec Jean Pascal.

Meilleur que Roy Jones!

Jean Pascal n’a jamais caché toute l’admiration qu’il avait pour Roy Jones. C’est pour venger la défaite de son idole que Pascal a défié Bernard Hopkins en 2010. Quelques années plus tard, Pascal a demandé à Roy Jones de se joindre au personnel d’entraîneur mené par Marc Ramsay. Bien au fait de l’admiration que Pascal porte à Roach, il s’en est servi à l’entraînement.

« Parfois, je lui ai enseigné des trucs en contre-attaque lorsqu'il se retrouve le dos aux câbles. Il aime y être. Jean aime encore être un peu comme Roy Jones. Et je lui ai dit quand tu sortiras d'ici tu seras meilleur que Roy Jones! Il m'a regardé et il a dit : "Tu le crois?" Je lui ai dit, "Quand tu utilises toutes tes forces, tu es un très boxeur". » Imaginez l’effet que ces propos peuvent avoir sur Pascal, venant de la bouche de celui qui sept fois au cours de sa carrière a été nommé entraîneur de l’année! Sans rien enlever à Marc Ramsay, probablement que le changement d’entraîneur sera bénéfique pour Jean Pascal, qui a eu le culot et le courage de défier une seconde fois celui qui lui a fait subir le seul K.-O. de sa carrière.

Roach sait que ce sera difficile pour Pascal

Un boxeur concentré

Le message de Roach à Pascal est clair. Lorsqu’il utilise à bon escient sa vitesse, ses combinaisons et sa main gauche, il peut être l’un des meilleurs boxeur au monde. Ce que Roach semble craindre, c’est que Pascal se laisse emporter par l’émotivité et qu’il veuille entraîner le puissant Kovalev dans une bagarre de rue perdue d’avance. Le travail de Roach sera très important, il devra calmer et dompter la bête dans son coin.

« Le calmer, ce sera le plus grand des défis. Je veux qu’il boxe. Il a l’habitude de livrer des combats qui plaisent aux amateurs. Il aime se battre, il a du cœur et il est prêt à tout donner. Mais je lui ai demandé d’être un peu plus brillant. Tu as de meilleures chances de l’emporter si tu domines sa boxe. Je lui ai déjà dit, "Ne me fais pas honte, sinon lorsque tu reviendras dans ton coin je n’y serai plus." Bien sûr, c’est une blague, je n’abandonnerai jamais un boxeur. Mais le but du message est de le faire boxer. Pascal va gagner le combat avec sa gauche, avec le jab, il va faire reculer Kovalev, qui se fie toujours à sa puissante droite. Il l’a met en place avec son jab pour attirer l’attention, puis il décoche la droite pesante. Je veux que Pascal boxe plus qu’à l’habitude. »

Un immense défi

La boxe est importante pour Roach. Elle représente plus que son pain et son beurre. Elle représente aussi sa survie. J’ai déjà lu une déclaration de sa part disant que l’entraînement lui permet de contrer les effets du Parkinson. C’est pourquoi malgré les millions amassés grâce aux combats de Pacquaio, Roach carbure encore aux défis et qu’on le retrouve aux côtés de Pascal.

« J’aime les surprises. C’est pourquoi je suis ici. Personne ne croit en nos chances de l’emporter. Mais moi je dis à Pascal : "Tu peux le faire." »