On l’appelle Ivan le Terrible et il est d’origine ukrainienne. Aujourd’hui, il est moins terrible que son émule, le seul et unique Ivan le Terrible, premier tsar de Russie. Mais bien que mal élevé, le vrai Ivan le Terrible n’a jamais mordu personne. Une chose est certaine... lorsque je regarde les peintures du vrai Ivan le Terrible, il ne ressemblait en rien à notre pugiliste de samedi soir. En tout cas, il n’avait pas les cheveux jaune moutarde comme lui.

Par contre, l’histoire ne nous dit pas si lorsqu’il faisait subir des supplices incroyables à ses ennemis, il n’en a pas mordu quelques-uns lui-même?

En 2020, nous avons notre Ivan le Terrible bien à nous. Lui aussi est d’origine ukrainienne.

Voyant qu’il n’avançait à rien dans son affrontement contre Danny Garcia, Ivan Redkach a décidé de le mordre le dessus de l’épaule gauche, au 8e engagement en lançant son cri de guerre : « Mike Tyson! »

Surpris, Garcia n’en revenait tout simplement pas. « Il m’a mordu », a crié Garcia. Heureusement, la morsure n’était pas aussi grave que celle de Mike sur l’oreille d’Evander Holyfield. C’était en 1997.

Ceux qui avaient du mordant

Mais Tyson n’a pas été le seul boxeur à mordre un rival dans le feu de l’action. On se souviendra qu’en 1995, à Atlantic City, le gros Polonais enragé Andrew Golota avait enfoncé sa dentition dans le cou de Samson Po’uha.

L’an dernier, en Grande-Bretagne, dans un affrontement de poids lourds, Kash Ali a mordu mainte fois David Price avant que l’arbitre le disqualifie au deuxième engagement.

Au moment de son geste, Redkach tirait de l’arrière par blanchissage. Personnellement, après sept rounds j’avais une fiche vierge pour Garcia.

Il a donc encaissé sa cinquième défaite en carrière. Mais il ne s’en fait pas avec cela. Il travaille régulièrement pour la voirie de Santa Barbara, où il s’occupe du pavage des rues.

Ce gars-là pourrait faire fortune à Montréal juste à réparer les nids de poules, il n’aurait même pas besoin de boxer.

Mais passons… On verra ce que la Commission athlétique de l’État de New York fera de ce cas. L’arbitre Benjy Esteves, tout comme Eddy Cotton, en 1995, n’a pas vu la morsure de Redkach. Ce n’est que lorsque Garcia a crié de douleur qu’Esteves a compris qu’il y avait eu quelque chose d’anormal.

Je suppose que Redkach, qui en était seulement à son deuxième combat chez les mi-moyens, avait une faim de loup en mordant ainsi le trapèze de Garcia. Ce fut le moment fort de ce match où Garcia a montré une certaine rouille après une absence du ring de sept mois.

Qui sera le prochain?

Avec ce triomphe, Garcia (36-2, 21 K.-O.) ne fait que consolider sa place de premier aspirant à la couronne de Terence Crawford, à la WBO. Mais beaucoup d’autres rivaux intéressants se pointent à l’horizon, dont le vétéran Manny Pacquiao. Il y a aussi Errol Spence fils qui est dans le portrait, tout comme Keith Thurman.

Si vous êtes un parieur, misez un p’tit deux sur Pacquiao. Un affrontement avec Spence est toujours possible, mais son cas est toujours en suspens à cause de son arrestation à la suite de son accident de voiture alors qu’il conduisait avec les facultés affaiblies.

Si jamais Garcia devait se mesurer au Pacman, il faudra qu’il fasse beaucoup mieux que contre Redkach. Contre ce dernier, Garcia ne s’en faisait pas trop pour la force de frappe de son adversaire. Il était prêt à accepter un coup pour remettre le sien, supposément plus puissant. Il ne pourrait pas faire de même contre Pacquiao, beaucoup plus rapide et plus fort que Redkach.

C’est pour cette raison que les membres du clan de l’ex-champion des mi-moyens et des super-légers hésitent un peu avant de se compromettre dans un prochain match. Le nom de Thurman, un tombeur de Garcia en mars 2017, revient souvent dans les conversations.

Un autre match préparatoire

Fort d’un nouvel entraîneur, Kay Koroma, Jarrett Hurd (24-1, 16 K.-O.) s’est refait la main contre Francisco Santana (25-8-1, 12 K.-O.) . Il a bien fait ne perdant qu’un seul round selon deux des juges du match.

Mais sa force de frappe n’était pas là. Oh, il a bien terrassé son rival en dixième reprise, mais c’était beaucoup plus par la fatigue que par un coup de puissance.

À la suite de cette victoire, on peut s’attendre à ce que Koromo exige un match préparatoire de plus, avant de faire face aux meilleurs de la division, dont son tombeur de mai dernier, Julian Williams.

Hurd veut absolument reprendre ses couronnes IBF et WBA des super-mi-moyens, perdues aux mains de Williams, mais Koromo croit qu’il faut corriger certaines lacunes d’ici cet affrontement.

Hurd est déjà aspirant au WBC, à l’IBF et à la WBO, et ce triomphe lui permettra de consolider son rang, mais pas plus.

Un match facile

L’ex-champion était pressenti pour remporter ce triomphe sans trop de difficulté. Après tout, Santana en était à son quatrième revers au cours de ses cinq derniers combats. Par contre, il est resté debout jusqu’à la fin des dix assauts.

Cela fait maintenant dix ans et quelques mois que Santana n’a pas subi le revers par knock-out. Seul, Karim Mayfield était parvenu à réussir cet exploit au cinquième round d’un match disputé en novembre 2009.

Déjà le nom de Jorge Cota (30-4, 27 K.-O.) a été avancé comme prochain adversaire de Hurd le printemps prochain. Il est à peu près de la même force que Santana, sauf qu’il cogne plus fort. Par contre, le menton de Cota est douteux. Déjà il a déjà perdu contre Marco Antonio Rubio (TKO/3), Jermell Charlo (KO3) et Erikson Lubin (TKO/4). Son autre défaite est survenue en avril dernier, alors qu’il avait été défait par décision partagée par Jeison Rosario.

Clayton se bat mardi

Enfin, après une absence de sept mois du ring, Custio Clayton (17-0, 11 K.-O.) se battra mardi prochain au Danforth Music Hall, de Toronto, contre Diego Ramirez (21-3, 6 K.-O.) dans un match pour le titre NABA des mi-moyens.

Même s’il sera un peu rouillé par son absence du ring, Clayton ne devrait pas avoir de difficulté à reprendre le chemin de la victoire et consolider ainsi ses places d’aspirant à la WBA, à l’IBF et à la WBO.

Ramirez vient au 71e rang des meilleurs mi-moyens selon BoxRec et il n’a jamais vaincu personne de haute valeur. Par contre, c’est un boxeur actif qui a livré cinq combats en 2019, subissant un seul revers à sa dernière sortie en novembre dernier. Il avait alors perdu la décision contre un certain Maximiliano Ricardo Veron.

Retour de Steve Rolls

Pour la même soirée, on a sorti Steve Rolls (19-1, 10 K.-O.) des boules à mites. Vous vous souvenez de Rolls? C’est lui qui devait faire si belle figure contre Gennadiy Golovkin, en juin dernier au Madison Square Garden, de New York.

Les choses n’ont pas fonctionné comme il le voulait, car son ascension vers les hauts sommets de la boxe s’est terminée par un knock-out au 4e engagement.

Cette fois, on n’a pas pris de chance avec lui. Son prochain rival, Gilberto Pereira dos Santos (16-10, 12 K.-O.), est un jeune homme... de 42 ans, peu de cheveux, mais toutes ses dents.

On se souviendra que dos Santos était venu nous visiter à Québec, en décembre 2018 et qu’il avait perdu par décision contre Aaron Pryor fils, en 6 rounds.

Son grand fait d’armes, c’est d’avoir perdu cinq combats de suite entre septembre 2017 et mars 2019.

On verra si Rolls sera capable de faire comme les trois autres pugilistes qui sont parvenus à coucher dos Santos. Le dernier à lui passer le knock-out a été un certain Andreas Katzourakis (2-0, 2 K.-O.).

Au Casino

Malheureusement, je n’ai pas assisté au gala de boxe au Casino de Montréal samedi soir, mais selon mes informations, tout a roulé rondement. D’ailleurs, pas moins de six boxeurs locaux ont remporté la victoire en sept combats.

Seul Clovis Drolet a dû s’avouer vaincu par décision en huit rounds contre Mponda Kalunga.

Le jeune homme à surveiller est Thomas Chabot, un ex-amateur, qui faisait ses débuts dans la boxe professionnelle. C’est un super-plume de 20 ans qui a éclipsé son rival Robert Niedzwiedzki dès le premier round.

Chabot en était à son premier combat payant, tandis que son rival se battait dans un troisième match.

Bonne boxe!