Enfin, le roi Saul « Canelo » Alvarez (56-1-2, 36 K.-O.) a fait son choix. Il a décidé de livrer combat à un roturier du royaume de la Grande-Bretagne, un certain Billy Joe Saunders (29-0, 14 K.-O.), un sujet de la Reine d’Angleterre qui nous avait fait l’honneur de sa visite à Laval en décembre 2017, où il s’était moqué d’un de nos meilleurs chevaliers du noble art nommé David Lemieux.

Le duel aura lieu dans un endroit considéré comme la ville du péché, mieux connu sous le nom de Las Vegas, le 2 mai prochain, célébrant ainsi la fête nationale de la téquila et des Mexicains-Américains.

Mais qui est ce Saunders?

C’est le champion WBO des super-moyens depuis sa victoire par décision unanime contre Shefat Isufi, le 15 mai 2019. Depuis, il a défendu cette couronne contre Marcelo Esteban Coceres en lui passant le knock-out au 11e round, lors de son premier match en sol américain.

Pour environ 30 millions $

Déjà, Saunders est assuré d’une bourse de 8 millions $ et avec les redevances de DAZN, il pourrait empocher environ 30 millions $, soit sa plus forte bourse à vie. C’est énorme si on compare ce montant à celui qu’il avait reçu lors de sa visite à Montréal, où il s’était moqué de Lemieux pendant 12 assauts.

Pourrait-il en faire autant contre « Canelo »?

Certainement... Saunders est reconnu comme un boxeur très intelligent qui excelle contre les plus puissants cogneurs. Son style peut être déplaisant pour l’amateur et il est loin d’être le plus spectaculaire sur un ring, mais sa science de boxe se situe au-dessus de la moyenne.

À Laval contre Lemieux, il avait totalement neutralisé la puissance de frappe du Québécois avec son style « court et sauve ». Il avait si bien réussi que le juge québécois Benoît Roussel ne lui avait accordé aucun round (120-108). Quant aux deux autres, ils avaient remis des cartes de 118-110 et 117-111.

Pourquoi Saunders et non pas Callum Smith?

Smith demandait beaucoup d’argent pour venir affronter Alvarez aux États-Unis. Tout comme Saunders, il est le monarque de la WBA des super-moyens et n’a jamais subi la défaite.

Le problème, c’est qu’il mesure 6'3'', soit 7 pouces de plus que « Canelo ». Or, DAZN n’a pas voulu prendre la chance de perdre sa vache à lait contre un boxeur aussi haut de taille même si « Canelo » s’était débarrassé de Rocky Fielding, un boxeur de 6'1'', en 3 rounds, pour ainsi s’assurer le titre WBA des super-moyens.

Bien qu’il n’ait pas tellement bien paru contre John Ryder qu’il a vaincu par décision unanime en novembre 2019, Smith demeure un bien meilleur boxeur que Fielding.

Il faut supposer qu’il demandait une bourse plus élevée que Saunders. C’est dommage, car je crois que Smith aurait livré un meilleur spectacle que Saunders et advenant un triomphe, Alvarez aurait encore mieux paru.

« Canelo » va peut-être regretter

Alvarez regrettera peut-être d’avoir choisi Saunders, un gaucher avec la réputation de gâcher la performance des meilleurs.

« Canelo » avait mal paru contre son seul tombeur, Floyd Mayweather fils et il avait battu de justesse Erislandy Lara, en 2014. Cette fois, Saunders pourrait lui jouer un vilain tour.

DAZN profitera de cette date du 2 mai pour lancer son offensive en Grande-Bretagne. Il en coûtera donc environ 5 euros mensuellement pour s’abonner au site qui éventuellement pourrait éclipser Sky Sports, le diffuseur préféré des Anglais présentement.

Personnellement, j’aurais mieux aimé voir « Canelo » se mesurer à Dmitry Bivol ou bien Artur Beterbiev, sans compter que Gennadiy Golovkin exige toujours cette trilogie contre lui, mais non... DAZN ne veut pas courir de risque contre aucun de ces champions. On devra donc se contenter de Saunders.

Un noyé dans la mer rouge

Enfin, on connaît la vraie valeur d’Adam Kownacki (20-1, 15 K.-O.). Il a fait une entrée triomphale au Barclay’s Center dans une mer rouge de chandails à son effigie. Sa sortie a été tout autre. Il a quitté le ring en vitesse après sa défaite ne voulant parler à personne, surtout pas aux membres des médias.

Il a donc raté sa chance dans le plus important match de sa carrière qu’il a perdu par arrêt de l’arbitre au 4e round aux mains du Finlandais Robert Helenius (30-3, 19 K.-O.).

Avant la rencontre, Kownacki était favori jusqu’à 20-contre-1 pour sortir victorieux de ce match éliminatoire et éventuellement se mesurer à Anthony Joshua, le monarque de la WBA. Maintenant, c’est Helenius qui aura ce droit.

Pourtant, Kownacki avait bien commencé le combat, obtenant même le meilleur dans les trois premiers rounds. Mais comme le soulignait Helenius : « Il fonçait vers moi sans égard pour sa défensive. J’ai tout pris de lui. Il ne m’a jamais fait mal. Mais j’ai senti quelques coups de puissance. Je savais qu’il ne pouvait pas continuer ainsi. »

Trois et non pas deux chutes

C’est l’arbitre David Fields qui a mis fin aux hostilités après une deuxième chute au tapis de Kownacki. Quelques secondes auparavant, on aurait cru que celui qu’on aimait appeler « Babyface » avait glissé dans un coin du ring, mais en reprise au ralenti, on pouvait constater que c’était bien un coup de poing qui l’avait ébranlé. Quelques deux ou trois coups plus tard, il se retrouvait au tapis.

Kownacki perd donc ses places au WBC (6e), à la WBA (4e), à l’IBF (3e) et à la WBO (4e). Selon BoxRec, il venait au 19e rang des meilleurs poids lourds au monde, tandis que Helenius occupait la 14e place.

Le Polonais d’origine, arrivé à Brooklyn en compagnie de ses parents à l’âge de 7 ans en était à son 10e combat au Barclay’s Center, où il était devenu l’idole de la foule, surtout ceux d’origine polonaise.

Un peu rondelet

Il s’est présenté sur le ring à 265,5 livres. On aurait dit qu’il était le frère d’Andy Ruiz fils, ou encore le fils de Butterbean tellement son physique leur ressemblait.

Naturellement, immédiatement après avoir repris ses sens, il a fait comme à peu près comme tous les boxeurs vaincus en demandant une revanche. Il serait surprenant que Helenius donne suite à sa requête.

La soirée des lourds

C’était soirée des poids lourds au Barclay’s Center samedi soir. Le Cubain Frank Sanchez (15-0, 11 K.-O.) a eu raison du vétéran Joey Dawejko (20-8-4, 11 K.-O.) par décision et son compatriote Robert Alfonso (19-1-1, 9 K.-O.) a assommé le vétéran Carlos Negron (20-3, 17 K.-O.) dès le premier round.

N’est-ce pas que ces deux Cubains feraient des adversaires de classe pour Arslanbek Makhmudov?

Des adversaires pour Makhmudov

Et un autre que j’aimerais voir contre Makhmudov, c’est Efe Afagba, un pugiliste de 6'6'' originaire du Nigeria qui s’est déjà battu en MMA. Sa fiche est de (13-0, 11 K.-O.), mais il est déjà classe au 23e rang des meilleurs chez les lourds par BoxRec. Cette fois, il a réussi à gagner par arrêt de l’arbitre au 9e round sur le vétéran roumain Razvan Cojanu (17-7, 9 K.-O.).

Matière à réflexion

L’histoire ou plutôt l’exploit se passait le 8 mars 1966 au Centre Paul Sauvé, le quartier général du temps du promoteur de boxe Régis Levesque.

Si vous croyez que Régis a été un bon promoteur de boxe, vous avez entièrement raison, mais comme boxeur sur un ring, sa fiche est zéro. Dans une taverne, c’est une tout autre chose.

Toujours est-il que ce soir-là, Régis avait organisé un gala de boxe mettant en vedette Joey Durelle en finale contre Marcel Bizien. En demi-finale, on retrouvait Armand Savoie contre Henry Turner.

Parmi les préliminaires, un certain Paul Leblanc (2-4, 2 K.-O.) devait se battre dans un match de six assauts.

Ne trouvant pas d’adversaire pour Leblanc, notre Régis national a décidé d’enfiler le maillot, les bottines et les gants. Pendant sa marche vers le ring, il ressemblait à Jake Lamotta. À sa sortie... bien... il ressemblait à Régis. Malheureusement pour lui, il a été vaincu par knock-out au 3e engagement. Il pesait alors 175 livres contre 161 pour Leblanc.

Je me rappelle de ce match comme s’il avait eu lieu hier. Je voulais juste vous faire remarquer qu’il fallait du cran pour faire ce qu’a fait Régis ce soir-là. Je n’ai jamais connu un autre promoteur qui a tenté cet exploit.

Je sais que Régis boxe actuellement contre la maladie. Je voulais juste l’encourager. Oui, il a perdu ce soir-là du 8 mars 1966, mais il a gagné l’admiration de son public.

Bonne boxe!