Même si de nouvelles régions du Québec sont passées à l’orange ainsi qu’au rouge à la suite des dernières annonces de la Santé publique et des autorités gouvernementales mardi après-midi, Eye of the Tiger Management (EOTTM) n’a pas l’intention d’y aller de l’avant avec son projet de gala aux États-Unis, a confié le promoteur Camille Estephan en entrevue téléphonique à RDS.ca.

Des changes ont été effectués avec le promoteur américain Chris Traietti en vue d’organiser un événement qui aurait été présenté le 14 novembre prochain au New Hampshire, mais il a finalement été décidé lundi qu’EOTTM continuera à tenir ses galas de ce côté-ci de la frontière.

« J’ai regardé ça et j’ai mis un "X" sur le plan hier parce que je veux garder la présentation de nos événements au Québec, a expliqué Estephan quelques heures avant la conférence de presse des autorités gouvernementales. Avec le protocole mis en place pour le gala à Shawinigan, nous avons fait nos preuves auprès de la Santé publique.

« Personne ne peut prédire comment [la situation du coronavirus va évoluer], mais nous avons l’intention de présenter notre prochain événement dans le nord [du Québec] dans une zone jaune, peut-être au Saguenay-Lac-Saint-Jean par exemple. La business est vraiment repartie. »

Alors que le nombre de nouveaux cas positifs à la COVID-19 est à la baisse pour une quatrième journée consécutive dans la province, le premier ministre François Legault a néanmoins annoncé que la Montérégie, le Centre-du-Québec et la Capitale-Nationale passent entièrement au rouge, tandis que le Saguenay-Lac-Saint-Jean sera désormais considéré comme étant en zone orange.

À l’heure actuelle, il n’y a que l’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord et le Nord-du-Québec qui sont en zone jaune. Preuve que la situation peut changer plutôt rapidement, Shawinigan était passée directement du vert au orange, trois jours seulement après l’annonce du gala de samedi.

Dans le plan déposé par EOTTM à la Santé publique, tous les boxeurs et entraîneurs impliqués devaient s’isoler pendant une période de 14 jours avant l’événement et 10 jours après. Ils ont également été confinés à l’hôtel 4 jours avant le gala et ont été soumis à un test de dépistage.

« Notre protocole a été plus que très bon. En vérité, nous avons frôlé la perfection et la Santé publique a aimé ce qu’elle a vu, s’est réjoui Estephan. Nous avons ouvert la voie pour l’avenir. »

Dans un échange de courriels avec RDS.ca, la Régie des alcools des courses et des jeux s’est dite « satisfait[e] du déroulement de la soirée et du respect des mesures imposées par la Santé publique ».

Le promoteur a toutefois avoué qu’il a peut-être prêché par excès de prudence en désinfectant le ring après chaque combat – ce qui provoqué d’énormes temps morts pendant toute la soirée –, mais préférait de loin avoir erré à ce chapitre plutôt que d’avoir manqué au protocole soumis.

« Un énorme sacrifice »

Si le gala semble avoir été un succès sur le plan organisationnel, il est moins évident d’en dire autant au plan sportif, puisque les deux premiers combats ont duré moins de deux minutes et que la finale opposant David Lemieux à Francy Ntetu était à sens unique avant que l’ancien champion des poids moyens de l’IBF ne l’emporte par arrêt de l’arbitre au cinquième round.

Les critiques ont d’ailleurs fusé de toutes parts sur les réseaux sociaux, mais Estephan était davantage à la recherche de solutions pour améliorer les choses plutôt que de se démener pour offrir une lecture alternative à la situation. « Au départ, il y avait six combats au lieu de trois sur la carte et nous pensions qu’il y avait des adversaires qui allaient donner des rounds, a-t-il lancé.

« Cela dit, je préfère regarder les choses d’une autre manière en faisant remarquer que Lexson [Mathieu] a gagné grâce à un coup de poing parfait et qu’Arslanbek [Makhmudov] nous aurait inquiétés plus qu’autre chose s’il avait mis environ cinq ou six rounds pour battre Dillon Carman.

« Et je suis content de ce que j’ai vu de David. Il a été capable d’amener sa puissance chez les poids super-moyens. Francy avait l’air énorme à côté de lui. Avec la gageure, ç’a vraiment rendu les choses excitantes. David avait prédit qu’il l’arrêtait avant la moitié du duel et c’est arrivé! »

Chose certaine, Estephan ne regrette pas un instant de s’être lancé dans cette aventure inédite et ambitionne toujours de représenter la première ronde de son « Carré d’as », un tournoi chez les super-légers regroupant Steve Claggett, Mathieu Germain, David Théroux et Yves Ulysse fils.

« C’est important de rappeler que la carrière d’un boxeur, c’est très court, a conclu Estephan. Nous venons de perdre sept mois et c’est important que les gars remontent dans le ring le plus rapidement possible. Ç’a été un énorme sacrifice pour les gens impliqués. Ç’a été très difficile. »