Se sentant aujourd’hui prêt à replonger dans le milieu de la boxe professionnelle, c’est un Éric Lucas extrêmement motivé qui a accepté l’invitation de Camille Estephan de se joindre à Eye of the Tiger Management (EOTTM) où il agira comme ambassadeur et directeur du développement.

Ex-champion des poids super-moyens du WBC de juillet 2001 à avril 2003, Lucas est convaincu qu’il peut servir de mentor aux athlètes de l’organisation en raison des nombreuses expériences qu’il a vécues – pas toujours positives – pendant ses 25 années en tant que boxeur et promoteur.

« J’aimerais vraiment ça toucher à un peu de tout : la promotion et l’aide aux boxeurs en allant les rencontrer pendant leur entraînement, a expliqué l’ancien pugiliste maintenant âgé de 48 ans pendant un entretien avec RDS.ca mercredi midi. Je pense que ça pourrait être bon pour aider les boxeurs au moment où ils s’apprêtent à gravir les échelons qui sont un peu plus élevés. »

Lucas a accédé à la notoriété en devenant le septième boxeur québécois à s’emparer d’un titre mondial à la suite de sa victoire contre Glenn Catley, mais la route qui l’a mené jusque-là est loin d’avoir été un long fleuve tranquille. Il avait précédemment subi quatre défaites, dont deux en championnat du monde ainsi qu’une autre dans un combat éliminatoire face à ce même Catley.

Et pendant tout ce temps, l’homme de Magog n’a jamais officiellement eu de grand frère pour l’épauler, même s’il reconnaît que ses contacts réguliers avec d’anciennes gloires locales des années 1970 et 1980 ont eu une énorme influence sur sa vie, lui qui a toujours été une éponge.

« J’ai toujours aimé les anciens boxeurs, parce que j’aimais avoir leur opinion et les écouter, a précisé Lucas. Dans la vie, je suis quelqu’un qui écoute beaucoup, et des fois, une remarque me faisait voir les choses d’un œil différent et me sonnait une cloche sur des choses à travailler.

« Toute l’expérience que j’aie, je peux l’apporter aux jeunes et à un certain moment dans leur carrière, ça pourrait servir. Je suis passé par toute la gamme des émotions : les victoires, les défaites, les blessures, les combats annulés... je ne serai jamais là pour m’imposer, mais juste pour conseiller. Après, les athlètes feront bien ce qu’ils voudront avec ce que j’aurai à dire! »

Lucas avait tenté un retour avec InterBox à l’automne 2015 dans un rôle d’ambassadeur, mais il était rapidement retourné dans l’anonymat après la vente de la compagnie à Estephan en juillet 2016. Une décision qui s’était imposée d’elle-même et non pas en raison d’un possible conflit entre l’ex-boxeur et le promoteur. Lucas avoue qu’il n’était simplement pas prêt à cette époque.

« Après 25 ans, je voulais attendre le bon moment avant de pouvoir revenir, a dit Lucas. J’avais plusieurs affaires à régler et d’avoir été dans l’industrie du camionnage m’a aidé à mettre de l’ordre dans mes idées. Aujourd’hui, je me sens bien et avec l’entraînement, je suis en forme! »

L’importance de se tenir prêt

Évidemment, la pandémie de coronavirus empêche Lucas de commencer son nouveau travail aux côtés d’Estephan et d’Antonin Décaire, mais déjà, il a un précieux conseil à offrir à ceux et celles qui pourraient être très tentés de se la couler douce pendant la durée du confinement.

« Demeurer inactif en pensant que tu ne vas recommencer à boxer que dans six mois serait une grave erreur, a prévenu Lucas. La boxe est tellement un sport de détails... la vitesse que tu peux perdre si tu ne t’entraînes pas! C’est pas mal la même chose pour la force et la masse musculaire.

« Il existe des moyens pour continuer à s’entraîner en faisant du jogging, de la corde à sauter et de la musculation. Il s’agit simplement d’être créatif afin d’être prêt à recommencer à travailler en gymnase quand ça sera possible. Il ne faudrait vraiment pas qu’un boxeur ne soit pas prêt. »

Comme le promoteur Yvon Michel l’a mentionné en entrevue à RDS.ca il y a quelques semaines, la boxe sera probablement l’un des premiers sports à envahir le marché lorsque les interdictions liées à la COVID-19 seront levées par les différentes autorités gouvernementales dans le monde.

Lucas a suggéré que plusieurs boxeurs d’Eye of the Tiger pourraient ainsi obtenir l’occasion de se faire valoir et qu’il serait dommage qu’ils ne puissent pas les saisir parce qu’ils n’auraient pas le niveau de forme qui est exigé pour disputer un duel de championnat du monde, notamment.

« Avec la technologie, il existe des moyens pour un entraîneur d’apporter des correctifs. Je suis convaincu que les jeunes boxeurs ne souffriront pas trop du confinement, a analysé Lucas. C’est peut-être plus simple pour les boxeurs d’expérience, mais reste que le shadow boxing demeure l’outil par excellence pour garder ses réflexes aiguisés et ainsi ne pas commencer à s’endormir. »

Personne ne sait évidemment quand les boxeurs pourront retrouver les rings, mais il n’est pas impossible que les promoteurs d’ici se retrouvent avec un bassin d’adversaires limité et doivent ainsi de se tourner uniquement vers des Québécois, des Canadiens ou encore des Américains.

C’est d’ailleurs le cheminement qu’a connu Lucas, qui n’a affronté que des boxeurs de ces trois endroits au début de son parcours professionnel. « Il y a un bassin intéressant de boxeurs ici et ça donnerait droit à de bonnes rivalités, a conclu Lucas. On va voir ce qui va se passer avant... »