La dernière fois que j’ai vu une performance aussi lamentable que celle que nous a livrée Bermane Stiverne contre Deontay Wilder, samedi soir dernier, c’était le 7 février 1997, à l'Hilton Hotel de Las Vegas, quand Oliver McCall s’était effondré en larmes au cinquième engagement de son combat contre Lennox Lewis.

Alors que Stiverne livrait une performance médiocre au Barclay’s Center de Brooklyn, de l’autre côté de l’East River, au Madison Square Garden, Georges St-Pierre émerveillait tout le monde et ce, après une absence de quatre ans, se voyait à nouveau couronné champion aux dépens de Michael Bisping.

Lamentable n’est pas le mot. Tout d’abord, Stiverne a prouvé qu’il n’avait jamais pris ce combat au sérieux, en se présentant sur le ring à 254 livres. Oh... Il était beau dans son costume de centurion, probablement loué chez le costumier Joseph Ponton, ou dans une voute d’un studio de film de Las Vegas, mais on pouvait voir une certaine tristesse, une certaine appréhension qui se lisait sur son visage. C’est comme s’il ne voulait pas se battre. D’ailleurs, on avait décelé cet état d’âme quelques jours avant son duel contre Wilder.
Wilder est-il si bon ou Stiverne est-il rendu au bout du rouleau, brûlé, fini, kaput?

En somme, ce n’est pas Stiverne qui a l’air le plus fou aujourd’hui, c’est le WBC qui a obligé ce combat que Wilder ne voulait pas. Imaginez pour un instant s’il y avait eu une blessure grave. Qui aurait été pris à partie?

Ça devait être une tuerie. Les deux s’étaient menacés de se tuer. Heureusement, ils n’ont pas tenu parole. Même qu’ils se sont donné l’accolade après la victoire du champion.

Ses chances augmentent-elles?

Ce triomphe va-t-il augmenter les chances de Wilder d’affronter Anthony Joshua à court terme? Je ne le crois pas. Ce n’est certainement pas cet affrontement qui va prouver que Wilder est le meilleur poids lourd au monde. Il a gagné un combat ou le rival n’a pas donné un seul vrai coup tout au long des 2 minutes 59 secondes qu’a duré le carnage.

Le pouvoir de négociation chez les poids lourds appartient à la Grande-Bretagne, où Joshua règne en roi. Et le consiglieri du roi, Eddie Hearn, a donné deux semaines à Wilder pour s’engager à affronter Dillian Whyte, mais de ne pas penser à Joshua pour le moment.

Pour toute réponse, Wilder s’est écrié : « un roi ne croise pas le fer avec un paysan. Un roi fait affaire avec un roi. »

Ce que le champion du WBC voudrait, c’est  d’avoir la certitude écrite qu’après avoir affronté et vaincu Whyte, il serait certain de se battre contre  Joshua. Il semblerait que Hearn ne veuille pas s’engager dans une telle galère. Il n’est pas fou. Il a présentement une vache à lait entre les mains. Il ne veut pas la perdre. Et si jamais Joshua devait affronter Wilder, qui dit que le Britannique ne perdrait pas ses couronnes WBA et IBF? Il y a aussi la question d’argent. Wilder n’est pas en mesure d’exiger la lune pour une confrontation avec Whyte. Il veut un partage de 50-50 des bourses avec Joshsua, ce dont Hearn ne veut pas entendre parler.

Le meilleur au monde

Le pire dans tout cela, c’est que l’Américain a peut-être raison quand il crie haut et fort qu’il est le meilleur au monde. En tout cas, ses supporteurs en terre d’Amérique en sont convaincus.

Sa fiche est maintenant de 38 K.-O. en 39 combats, ce qui le place au 17e rang, des meilleurs cogneurs chez les lourds, à deux K.-O. près de Vitali Klitschko et de Michael Moorer, qui en totalisent 40.

Le retour de Tyson Fury en fin de printemps 2018 est prévu et ensuite, il y a Kubrat Pulev, remis de ses blessures. Viennent aussi les noms d’Alexander Ustinov, Alexander Povetkin et Luis Ortiz, dont la suspension sera terminée avant l’automne prochain.

En somme, pour les Européens, Wilder n’est qu’un boxeur parmi tant d’autres. Alors qu’il peine à attirer 10 000 partisans à ses combats, Joshua est adulé par une foule en délire qui varie entre 78 000 et 90 000 personnes chez lui en Angleterre.

L’argent est en Europe

Souvenez-vous... Alors que Joshua a touché une bourse de 20 millions $ la semaine dernière contre Carlos Takam, Wilder a dû se contenter de 1,4 million $ pour affronter Stiverne. Or, chez les poids lourds présentement, c’est la Grande-Bretagne qui mène le bal.

Si tu veux te battre contre notre Monarque, viens chez nous et accepte nos conditions, sinon reste chez vous. Ce sont là les paroles du promoteur Hearn. Il n’est pas un Dana White, mais tout comme...

Maintenant, qu’est-ce que l’avenir réserve à Stiverne? Il a 39 ans et il ne semble plus vouloir se battre. Mais si jamais il avait l’intention de poursuivre sa carrière, pourquoi ne viendrait-il pas au

Québec, sa terre d’accueil et y affronter Oscar Rivas? S’il devait perdre face au Colombien, ce serait bel et bien le chant du cygne.

Bivol expéditif

Le réseau HBO  a-t-il trouvé une mine d’or en Dmitry Bivol? Chose certaine, le réseau a trouvé un bon filon samedi à Monaco où le Russe n’a fait qu’une bouchée de son adversaire australien Trent Broadhurst dès le premier engagement.

Un seul coup, un direct de la droite à la tête, a couché Broadhurst pour le compte au même moment où la cloche se faisait entendre, mettant ainsi fin au premier engagement.

Or, avec seulement douze combats professionnels à sa fiche, peut-on comparer Bivol à Artur Beterbiev, Adonis Stevenson, Sergey Kovalev, Sullivan Barrera, Badou Jack, Oleksandr Gvozdyk ou bien Eleider Alvarez?

Cette division des mi-lourds regorge de talent.

À la suite de ce triomphe, Bivol est maintenant reconnu comme le champion « régulier » de la WBA. L’autre monarque, celui du WBC est Stevenson et les deux autres titres de l’IBF et de la WBO sont vacants.

La WBA exige que Bivol se mesure au gagnant du match entre Barrera et Felix Valera, qui aura lieu le 25 novembre prochain au Madison Square Garden, de New York.

Attention Barrera

Barrera n’est pas le dernier venu. Cet exilé de Cuba qui vit maintenant en Floride n’a perdu qu’un seul combat en carrière et c’était une décision  contre Andre Ward. Depuis ce revers, il a gagné ses trois derniers affrontements dont deux par K.-O. aux dépens de Vyacheslav Shabranskyy et Paul Parker. Son dernier triomphe contre Joe Smith fils a été acquis par décision, mais il a tout de même fracturé la mâchoire de son rival.

On pourra mieux évaluer les chances de Barrera dans ce combat, car son adversaire a été une victime par décision en douze rounds contre Bivol  en mai dernier à Moscou.

La force de frappe de Bivol se compare-t-elle à celle de Beterbiev? Non, selon ce que croit le président de GYM, Yvon Michel. Mais un jour, qui sait? Peut-être un affrontement entre les deux hommes, dans une unification de leurs titres pourrait avoir lieu au Québec, sinon en 2018 au moins en 2019.

Si vous croyez que la dernière semaine a été captivante, attendez samedi prochain, alors que Beterbiev pourrait être couronné champion de l’IBF en disposant de l’Allemand Enrico Kölling.

Ce match vous sera présenté en direct sur RDS en provenance  de Fresno, en Californie, à compter de 22 h 30.

Bonne boxe!