MONTRÉAL – Personne ne pourra jamais reprocher à Camille Estephan de manquer d’ambition pour ses boxeurs et tous les projets qu’il entreprend depuis qu’il est impliqué dans le noble art.

 

De gérant de l’ancien champion du monde des poids lourds Bermane Stiverne à promoteur qui présentera son 39e gala en sol québécois ce soir au Cabaret du Casino de Montréal, Estephan souhaite maintenant s’implanter dans la diffusion en continu (streaming) avec Punching Grace.

 

Créée dans un anonymat relatif il y a quatre ans, la plate-forme était visiblement un peu trop avant-gardiste à l’époque, mais elle a été officiellement relancée mercredi soir au cours d’un événement tenu au Centre Bell avec l’objectif de devenir le Netflix de la boxe. Rien de moins.

 

Avec un minimum de 5 galas de renommée mondiale et 50 combats par année en plus de documentaires qui permettront aux abonnées d’avoir un accès exclusif aux pugilistes de l’organisation, Punching Grace veut devenir le chef de file d’un marché qui a littéralement explosé avec l’arrivée médiatisée d’ESPN+ – seulement disponible aux États-Unis – et DAZN.

 

Monnayant 8 dollars américains par mois (11 dollars canadiens), les abonnés pourront voir les combats d’Eye of the Tiger Management qui ne sont pas présentés à la télévision et auront également accès à 20 ans d’archives, puisque tous les duels qui ont marqué l’histoire d’InterBox seront en ligne en vertu de la transaction qui avait provoqué une onde de choc il y a deux ans.

 

« Comme promoteur de boxe, on attend souvent le prochain événement pour faire de l’argent ou essayer de ne pas en perdre. Un réseau comme Punching Grace va ainsi offrir une certaine stabilité, a mentionné Estephan en marge d’une conférence de presse plus tôt cette semaine.

 

« Le promoteur qui n’aura pas un réseau comme celui-là va connaître des jours très difficiles. »

 

Personne ne pourra jamais reprocher à Estephan de manquer d’audace, mais il s’attaque à gros, et même s’il prétend que DAZN est le Netflix du sport et Punching Grace sera celui de la boxe.

 

Grâce à son entente avec Top Rank, ESPN+ présentera 54 galas par année, tandis qu’avec son association avec Matchroom Boxing, DAZN offre un minimum de 32 événements d’envergure.

 

Sans manquer de respect à David Lemieux, Steven Butler, Yves Ulysse fils et compagnie, ils ne se comparent pas à Anthony Joshua, Naoya Inoue et Oleksandr Usyk pour ne nommer que ceux-là. De plus, ESPN+ et DAZN ne s’en tiennent pas qu’à la boxe et offrent globalement beaucoup plus.

 

« Punching Grace est là pour développer des boxeurs qui vont battre leurs champions, et à ce moment-là, la plate-forme deviendra mondiale et ainsi très payante pour nous et nos boxeurs, a répliqué Estephan. C’est un peu pour cette raison que nous avons une vingtaine de boxeurs.

 

« Nous allons offrir toute une programmation en marge [des combats] qui permettra de mieux connaître les boxeurs. Ce seront des choses uniques qu’on ne voit pas ailleurs, car les réseaux n’ont pas les accès auxquels nous avons droit. On peut prendre le temps de faire les choses. »

 

Estephan est finalement convaincu que les revenus provenant de Punching Grace lui donneront la chance de mieux préparer ses boxeurs dans leur ascension vers les plus hautes sphères de la boxe professionnelle et ne l’obligeront pas à accepter des compromis parce qu’il est en situation de faiblesse. Tout est logique sur papier, mais seul l’avenir dira comment tout cela se traduira dans la réalité. Parce qu’une défaite inattendue à un Simon Kean de ce monde est si vite arrivée.