Alors que Claressa Sheilds a profité de la dernière conférence de presse faisant la promotion de son combat contre Marie-Ève Dicaire pour s’autoproclamer « la plus grande boxeuse de tous les temps », la Québécoise est plus que jamais convaincue qu’elle a sa place à ses côtés dans le ring.

Après que l’Américaine eut lancé qu’« il y a Muhammad Ali et ensuite Claressa Shields », Dicaire (17-0) a expliqué qu’il ne ressent pas davantage de pression par rapport à ses précédents duels, car elle se sent fin prête à en découdre avec la championne unifiée des poids super-mi-moyens.

« J’ai bâti ma confiance au fil du temps et réalisé que j’avais ma place au sein de l’élite mondiale, a expliqué Dicaire en visioconférence avec les journalistes québécois mercredi après-midi. Avant mon premier combat de championnat du monde [en décembre 2018 à Québec], je savais que je pouvais battre [la détentrice de la ceinture de l’IBF Chris] Namus, mais je doutais quand même.

« Mes défenses contre [Mikaela] Lauren, [Maria] Lindberg et [Ogleidis] Suarez ont prouvé que j’avais ma place [dans l’élite]. Je sais que le combat contre Shields est le test d’une vie, mais je ne ressens pas de pression particulière. Je me sens exactement comme avant un examen pour lequel j’ai très bien étudié et je sais que je suis prête. Je ne suis pas nerveuse, mais très fébrile. »

De l’aveu même de la boxeuse originaire de Saint-Eustache, elle avait précisément besoin de ce genre de défi pour continuer à trouver la motivation de se présenter chaque jour au gymnase.

« J’avais mentionné depuis longtemps à mon entourage que c’était ce dont j’avais besoin afin de me surpasser et amener ma carrière à un tout autre niveau, a avoué Dicaire. Je sentais que mes défenses devenaient de plus en plus du pareil au même. J’avais besoin de ce genre de défi. »

« Quand nous avons un combat important à proposer à un athlète, nous l’invitons toujours avec son équipe au bureau pour voir comment il va réagir, a continué le promoteur Yvon Michel. Si j’offre un combat et que l’athlète regarde par terre, c’est une indication claire qu’il vaut mieux aller dans une autre direction. Avec Marie-Ève, nous ne savions plus du tout comment la retenir!

« Elle a dit immédiatement oui et nous avons été obligés de la calmer. Son entraîneur Stéphane Harnois nous a ensuite confirmé qu’elle était clairement rendue à ce niveau dans sa carrière. »

Si tous reconnaissent que le défi s’annonce de taille vendredi soir – Shields (10-0, 2 K.-O.) étant largement la favorite des preneurs aux livres – l’entourage de Dicaire est résolument optimiste.

« Nous ne pouvons pas reprocher [à Shields] de manquer de confiance quand nous regardons son parcours, a reconnu Michel. Sauf qu’après le combat, elle va être un peu plus humble... »

Trois juges américains

Un peu comme c’est toujours le cas lorsqu’un boxeur québécois se bat à l’étranger, la question des juges est revenue sur le tapis, mercredi, étant donné que ce sont trois Américains qui auront le fardeau de déterminer une gagnante si jamais l’affrontement se rend à la limite de dix rounds.

Marie-Ève Dicaire est prête

Robin Taylor (New York), Perla Rodriguez (Oregon) et Mauro Di Fiore (Illinois) seront en fonction vendredi soir, et fait intéressant à noter, l’arbitre sera le Montréalais Michael Griffin, un habitué des grands rendez-vous internationaux. Il était d’ailleurs l’arbitre du dernier combat de Dicaire.

« Si le combat avait eu lieu en Europe ou en Angleterre, nous nous serions posé la question, sauf qu’aux États-Unis, la réalité n’est pas la même, a répondu Dicaire. Prenez le combat entre Jean Pascal et Badou Jack : c’était trois juges américains et Jean n’a pas du tout été désavantagé.

« À vrai dire, la pression est peut-être davantage sur les épaules de Claressa Shields. D’un autre côté, d’avoir un arbitre comme Michael Griffin, un arbitre que nous savons neutre et dont nous connaissons bien les limites, nous permet de bâtir autour de ça. Nous sommes confortables... »

« Quand Yvon m’a appelé pour m’apprendre la nouvelle, je lui ai répondu que nous n’avions pas besoin des juges, car notre travail est fait, a ajouté Harnois. Peu importe les juges, nous n’avons pas besoin d’eux pour dicter l’allure du combat. Nous allons vraiment là pour gagner ce duel. »

« Il y a des choses que nous ne contrôlons pas et c’en est une, a renchéri Michel. Au moins, il n’y aura pas de juge du Michigan. Cela dit, la façon dont Stéphane approche la chose me convient. »

Un retour aux sources pour Michel

Le choc de vendredi marquera également le retour de Michel dans le coin d’un boxeur pour la première fois en plus d’une décennie. Très actif à l’époque d’InterBox dans les années 1990, il avait complètement délaissé cet aspect après avoir fondé sa propre compagnie de promotion au début des années 2000. Sa dernière expérience remonte à 2010 pour un duel d’Antonin Décarie.

« Je suis très excité d’être dans le coin de Marie-Ève, parce qu’en tant qu’entraîneur, on a toujours l’impression d’avoir un peu plus le contrôle à ce moment-là, a dit Michel. De participer aux réunions avec Stéphane, ça me permet évidemment d’être un peu plus au cœur de l’action.

« Comme promoteur, il y a la pression de vendre les billets, la pression de s’assurer que le gala se déroule rondement, le stress de savoir si l’athlète va performer, étant donné que cela à une incidence sur la suite de sa carrière... Je m’attends à un combat exceptionnel et à une super performance de Marie-Ève. Je crois que cette expérience va être marquante dans ma carrière. »