Ôte-toi de là Eleider Alvarez, c’est maintenant au tour d’Oleksandr Gvozdyk de défier le gagnant du match entre Adonis Stevenson et Badou Jack, prévu pour le centre Bell le 19 mai prochain. Parole de la WBC.

Mais si j’étais à la place de Gvozdyk, je ne fêterais pas tout de suite cette promesse de la WBC.  Pour le moment, qu’il se contente de son titre intérimaire de la WBC des mi-lourds.

On a déjà promis la même chose à Eleider Alvarez et pourtant, il poirote toujours.

C’était la fête au village samedi soir à New York.  À l’exception des verres de whisky que portaient hautement et fièrement  les amateurs de boxe, l’esprit était à la fête et  tout était en vert à l’intérieur du théâtre du Madison Square Garden.

Pour une rare fois, on a vu Bob Arum et Don King, assis côte à côte pour célébrer le 2 000e gala de championnat de l’histoire de la WBC.

Tous deux, maintenant âgé de 86 ans ont été capables de monter sur le ring pour seconder leurs protégés sans l’aide de personne.  Ramirez faisant partie de l’écurie de Top Rank de Bob Arum et Imam, celle de Don King.

King et Arum

Comme d’habitude, le bon vieux King se promenait avec ses drapeaux à la main.  Je pense qu’il y en avait un de la planète Mars ou encore de Jupiter, mais certainement un autre de l’Irlande.

Comme le dit si bien le vieux dicton.  Le jour de la Saint-Patrice, tout le monde est Irlandais.

On avait même fait appel aux services d’un Irlandais pure laine pour clore la soirée. C’est le jeune Michael Conlan qui a eu cet insigne honneur d’entrer sur le ring au son des cornemuses.

Conlan, le médaillé de bronze pour l’Irlande, lors des Jeux olympiques de 2012 n’a fait qu’une bouchée de son rival David Berna, qu’il a envoyé au tapis au premier et deuxième round avant que l’arbitre ne mette un terme  au combat totalement inégal.

Disons qu’on avait bien arrangé les choses.  Il ne fallait pas que l’Irlandais perde le jour de la Saint-Patrice. Or, on avait choisi un Hongrois (15-2-0—14 KO) comme victime potentielle.  Une belle fiche pour le nombre de K.-O. mais dont la mâchoire était très vulnérable.

 Alors qu’Oleksandr Gvozdyk et Jose Ramirez célébraient leurs victoires sur Mehdi Amar et Amir Imam, les gens avaient déjà commencé à fêter le célèbre saint d’Irlande.

Pas facile

Gvozdyk 14-0-0 (a dû piocher énormément fort pour finalement arracher la décision à Amar, tandis que Ramirez a soulevé la foule par ses attaques foudroyantes, mais n’a jamais été en mesure de terrasser son rival.  Un juge lui a même donné la note parfaite de 120/108, ce qui cadrait assez mal avec un autre officiel qui avait vu le match beaucoup plus serré avec un score de 115/113.

Ramirez se retrouve donc avec le titre de champion de la WBC des 140 livres, anciennement détenu par Terence Crawford.

En somme une bonne soirée de boxe et j’ai hâte de voir combien d’amateurs ont vu le gala sur ESPN.

À qui la faute?

C’est avec tristesse que j’ai appris le décès de David Whittom en fin de semaine.  Cela faisait  dix mois qu’il était  dans le coma après avoir été assommé par Gary Kopas. Plusieurs se posent des questions à savoir pourquoi on le laissait monter sur un ring, lui qui montrait tout de même une fiche très peu reluisante.

Tout d’abord, même si son entraîneur  lui recommandait de mettre un terme à sa carrière, il voulait boxer.  Qui sait… Peut-être avait-il besoin d’argent pour faire vivre sa famille ?

Avant de pointer le doigt sur un coupable, il faut se souvenir qu’au Canada, on ne peut pas empêcher un individu de gagner sa vie, sans égard pour le risque qu’il prend pour atteindre son but.

À ce que je sache, Whittom a été obligé de se soumettre à une batterie de tests médicaux, exigés par la Régie du Nouveau-Brunswick, avant d’avoir le feu vert pour monter sur le ring contre Gay Kopas.

Il a passé tous les tests avec satisfaction.

Je me souviens d’avoir demandé au regretté Gilles Villeneuve, comment il se sentait avant une course ?  Sa réponse « Prêt à mourir »

Gaétan Hart  m’avait dit à peu près la même chose.  « Quand je monte sur le ring, je suis prêt à mourir… Plus jeune, mon rêve c’était de mourir sur le ring si je ne parvenais pas à gagner. »

L'arbitre

On pourrait pointer du doigt la régie du Nouveau-Brunswick, le promoteur, son entraîneur, l’arbitre, même son rival, mais cela ne changerait absolument rien.  La boxe est un sport violent, tout comme la F1, les courses NASCAR, le football.  Même la lutte n’est pas exempte de mortalité.  Pourtant ses programmes sont bien organisés et répétés d’avance.

Les pompiers mettent leur vie en danger tous les jours, tout comme les policiers, les pilotes d’essai, les scaphandriers et qui encore ?

Pas moins de 500 boxeurs ont rendu l’âme depuis l’introduction des règles du Marquis de Queensberry en 1884.

Chez nous au Québec, je me souviens de deux cas en particulier.  Celui de Roland Prairie, décédé des suites de son combat contre Al Kid Point, à Québec, le 14 août 1948.

Prairie avait remporté la victoire par décision en dix rounds, mais avait perdu connaissance par la suite.  Il devait rendre l’âme trois jours plus tard.

Cleveland Denny

Qui ne se souvient  pas d’avoir vu Cleveland Denny étendu dans son coin, totalement inconscient alors qu’il ne restait plus que 12 secondes à son combat de dix assauts contre Gaetan Hart ?

Cela se passait le 20 juin 1980 devant plus de 45 000 personnes au Stade olympique, en sous-carte du match entre Roberto Duran et Sugar Ray Leonard.

Denny est décédé 12 jours après ce K.-O..

Parmi les autres boxeurs décédés dont je me souviens, il y a Benny Kid Paret, aux mains de Emile Griffith, Leavander Johnson contre Jesus Chavez, Davey Moore contre Sugar Ramos, Robert Wangila contre David Gonzales, Duk Koo Kim, contre Boum Boum Mancini, Marco Antonio Nazareth aux mains d’Omar Chavez .

 Moins d'un an

La mort de David Whittom survient moins d’un an après le décès de Tim Hague, à Edmonton, le 18 juin 2017.

Hague avait perdu par K.-O./2 aux mains d’Adam Braidwood le 16 juin 2017. Deux jours plus tard, il rendait l’âme des suites d’un traumatisme crânien.    Pourtant, il était reconnu comme un dur de dur, notamment dans l’UFC où il avait connu un certain succès et avait aussi porté les couleurs des Eskimos d’Edmonton, au football.

Parfois, la vie fait des drôles de choses.  Par exemple David Whittom meurt à 39 ans des suites d’un traumatisme crânien. C’est vrai que sa fiche n’était pas tellement reluisante. 12-24-1 (8 K.-O.). Et pourtant à quelques milliers de milles de là, en Angleterre, un certain Rockin Robin Deakin  accrochait ses gants, mettant ainsi un terme à une carrière où il n’a remporté que deux victoires en 53 combats répartis sur douze ans.

Tout cela avec un pied-bot alors que Whittom a été mis hors de combat 12 fois au cours de sa carrière, Deakin en a perdu 14 par K.-O., soit deux de plus.

Repose en paix David

Bonne boxe